Drogue en Corse : "On fait du stup à l'année"

C'est un fléau chaque année plus présent sur l'île. Mais dont on parle peu. Nous vous proposons toute cette semaine une série d'enquêtes, à la rencontre de ceux qui luttent contre ce phénomène, de ceux qui consomment, mais aussi de ceux qui en vivent. 4ème épisode avec les gendarmes de Porto-Vecchio

Le 9 septembre dernier, une plantation illicite de cannabis était découverte dans le Nebbiu par les gendarmes de Bastia et de Borgo. 30 kilos de produits stupéfiants étaient saisis.

Une dizaine de jours plus tard, c’est dans l’extrême-sud de l’île que les gendarmes de Bonifacio, appuyés par leurs collègues de Porto-Vecchio, portaient un premier coup à un trafic local.

Au cours de cette opération judiciaire menée le 21 septembre, les militaires saisissent 1 kilo de résine de cannabis, 1 kilo d’herbe, 120 grammes de cocaïne, des ecstasys, deux armes de poing et 2.000 euros en espèces. Trois individus sont alors placés en détention provisoire. Dix-sept autres font également l'objet de poursuites judiciaires.

Depuis quelques années, du nord au sud de l’île, les prises régulières effectuées par la gendarmerie de Corse vont au rythme crescendo de la diffusion de la drogue sur le territoire insulaire. En 2021, d'après les chiffres de la coordination pour la sécurité en Corse, 195 kilos de cannabis ont pour l'instant été saisis dans l'île. En 2015, on était à 159,5 kilos pour cette drogue-là. Les saisies de cocaïne (4,5 kg) et d'héroïne (3,5 kg) ont également augmenté en 6 ans.

Dans l'extrême-sud de l'île, consommation et trafic étaient autrefois davantage concentrés sur la période estivale. Désormais, la donne a changé : depuis quelques années, ils se confondent avec les quatre saisons. Surtout dans la région porto-vecchiaise, principal pôle touristique de l’île. "On ne va pas dire que ce secteur est la plaque tournante du trafic de drogue en Corse, tempère Philippe Giroud, chef d’escadron et commandant de la compagnie de Porto-Vecchio. Néanmoins, du fait de cette activité touristique et de tout ce qui en découle, il y a un vrai sujet."

"Une activité diffuse"

En plein cœur de l’été, la Cité du sel voit ses quelque 12.000 habitants multipliés par dix. Ce qui a, selon les gendarmes, une incidence sur l’offre et la demande. "Auparavant, cette saisonnalité était plus marquée : après l’été, les gens repartaient et l’offre était moins importante l’hiver, explique le commandant Giroud. Désormais, du fait de la banalisation et de la démocratisation de certaines drogues, on se retrouve avec une consommation beaucoup plus régulière à l’année chez des gens de la microrégion. La demande est donc constante sur les douze mois."

Entre le 1er janvier et le 1er décembre 2021, la compagnie de Porto-Vecchio a dressé 104 procédures pour usage de stupéfiants. L’an passé, elle en avait constaté 67.

"Certes, il y a eu les confinements l’an dernier, mais les gens ont eu ensuite besoin de lâcher prise, note Jean-Antoine, adjudant en poste dans l’île depuis 9 ans. Et l’officier de police judiciaire à l’accent du sud de confirmer les dires de son patron : "l’hiver, dans la région, on s’aperçoit qu’il y a effectivement beaucoup plus de drogue qui circule que par le passé. Désormais, on fait du "stup" à l’année." 

De Pianottoli à Solenzara en passant par Bonifacio, la compagnie de Porto-Vecchio englobe onze communes. "L’activité liée aux stupéfiants va être diffusée sur des pôles principaux : Bonifacio et Porto-Vecchio au sud de la circonscription et Sainte-Lucie et Solenzara au nord", précise le chef d’escadron Giroud.

"On se retrouve avec une activité diffuse et donc plus difficile à tenir, relève de son côté son collègue adjudant. L’été, il y a encore plus de points. Rien qu’en termes d’établissements (bars, paillotes, parking etc.), c’est énorme."

Ouvert sur la Sardaigne, les continents italien et français, l’extrême-sud de la Corse constitue un point d’entrée majeur pour les produits stupéfiants dans l’île. "À l’inverse du continent où on va être sur des "go fast" en voiture pour transporter la marchandise, sur l’île, les points d’entrée identifiés sont les ports et les aéroports, note le commandant Giroud. Malgré ce phénomène insulaire qui nous identifie un peu différemment, les schémas stups restent les mêmes. Ceux qui récupèrent le produit en Corse ont évidemment des liens avec le continent et l’Italie."

"Il y a toujours eu de la drogue mais il y en avait moins qu’aujourd’hui."

Philippe Giroud, commandant de gendarmerie

Accrochés à la montagne toute proche, les villages ne sont pas non plus épargnés par le fléau. "Il y a toujours eu de la drogue mais il y en avait moins qu’aujourd’hui", confirme le commandant. "C’était moins démocratisé par le passé, prolonge son collègue Jean-Antoine. Avant, les gens se cachaient davantage pour fumer "un pétard". On en revient toujours à ce niveau de banalisation."

En octobre 2020, un coup de filet avait d’ailleurs eu lieu dans l’Alta Rocca. Dans le cadre d’une enquête sur un trafic de stupéfiants diligentée par la Juridiction interrégionale spécialisée de Marseille (Jirs), onze personnes avaient été interpellées à Levie et Zonza par les gendarmes de la compagnie de Sartène et ceux de la Section de recherches d’Ajaccio. "Il s’agit d’un gros dossier entre le continent et la Corse, qui est toujours en cours d’instruction", confie une source proche de l'enquête.

Violences-drogue, le couple infernal

Pour les 90 gendarmes de la caserne Graziani, placés sous l’autorité du commandant Giroud, la lutte contre les stupéfiants est une "priorité nationale". "Elle est également celle de notre chef, le général (Tony Mouchet, ndlr) qui commande la Corse, rappelle Philippe Giroud, en poste depuis trois ans à Porto-Vecchio. C’est la priorité du  groupement de la Corse-du-Sud et de la compagnie, avec celle contre les violences intrafamiliales."

D’ailleurs, dans l’extrême-sud, il arrive fréquemment que celles-ci se conjuguent avec la consommation de stupéfiants. "Sans forcer le trait, ces deux thèmes sont souvent liés, admet le commandant Giroud. Pour les violences intrafamiliales, notre compagnie concentre plus de 50% des faits de la Corse-du-Sud sur son secteur. Un peu comme avec l’alcool, retrouver des produits stupéfiants lors de ces interventions dans la sphère familiale n’est plus une exception."

"Effectivement, confirme l'adjudant, ça arrive de partir sur un appel pour des violences intrafamiliales et de se retrouver à traiter une thématique de stups. On arrive dans le salon et on tombe sur la boulette de shit ou le joint sur la table."

"Ici, on est vraiment sur le côté festif de la consommation."

Dans le quotidien des enquêteurs de la brigade de recherches, ce type d’intervention constitue l’un des points d’entrée pour lutter contre la diffusion, la vente et la consommation de stupéfiants.

Un autre de ces points – et non des moindres – est celui qui a trait à la vie nocturne. "Ici, dans la microrégion, on est vraiment sur le côté festif de la consommation, ce qui a malheureusement tendance à la banaliser et à démocratiser certaines drogues", regrette le commandant de la compagnie.

Jusqu à 110 euros le gramme

De Bonifacio à Porto-Vecchio, la résine de cannabis, l’herbe et la cocaïne sont les produits les plus recherchés par les 20-40 ans. Comme dans chaque "business" qui se respecte, la loi de l’offre et la demande régule ce marché illicite. "On est là sur une population qui vit ici, qui sort beaucoup et qui est en capacité de pouvoir payer un produit, fait remarquer Philippe Giroud. Elle peut financer son gramme de cocaïne avec une richesse qui peut également être liée ici à cette grosse activité touristique. On est sur la logique économique d’un produit, sans parler de sa rareté, que l’on paie plus cher que sur le continent."

Dans l’extrême-sud, le gramme de coke se négocie entre 90 et 110 euros selon la saison. De l’autre côté de la Méditerranée, son prix oscille entre 60 et 75 euros. "L’insularité rend l’acheminement plus difficile et aussi plus risqué. Tout ça se paie", complète Jean-Antoine, l’officier de police judiciaire spécialisé dans les "stups". 

Cette forte présence de la cocaïne a quelque peu surpris son collègue Quentin, un lieutenant ayant récemment rejoint la Corse et la caserne Graziani. "Depuis que je suis arrivé en août, j’ai remarqué qu’ici, sur un dossier stups, il y a quasiment systématiquement de la cocaïne. Ce qui n’était pas nécessairement le cas il y a quelques années. J’ai travaillé dans des secteurs où il y avait beaucoup de cannabis. J’ai aussi fait la Normandie où on n’a pas du tout la même population et pas les mêmes moyens. Quand on perquisitionnait, on retrouvait très souvent de la méthadone, du Subutex, des palliatifs, autant de produits que je n’ai pas l’impression de retrouver ici."

"En dehors de l’herbe, du cannabis et de la cocaïne, ajoute Jean-Antoine, on peut trouver un peu de MDMA dans notre secteur, mais c’est rare. L’héroïne et les ecstasys, ici, il n’y en a quasiment pas."

74 infractions depuis le 1er janvier

Pour traquer des revendeurs et des consommateurs plus nombreux - mais peut-être aussi moins discrets, du moins pour les derniers précités, banalisation oblige -, les contrôles de flux en bord de route permettent aux gendarmes de mailler le territoire et de connaître la population. "Ils sont effectués sous appui du magistrat qui diligente l’enquête, ce qui nous permet de faire des fouilles de coffre et de pouvoir dépister des gens, précise le chef d’escadron Giroud. Un consommateur qui conduit sous l'emprise de stupéfiant, c’est un délit."

Là aussi, les chiffres sont en hausse : dans le cadre uniquement de ces contrôles de flux, les hommes du commandant Giroud ont relevé 74 infractions liées aux stupéfiants depuis le 1er janvier contre 24 l’année dernière.

Depuis fin 2020, les forces de l’ordre disposent d’une première "arme" pénale rapide : l’amende forfaitaire délictuelle (AFD). "Elle permet à l’enquêteur de pouvoir donner une réponse immédiate sur un usage de stupéfiant. Elle est fixée à 200 euros."

Parfois, ces contrôles débouchent sur de belles prises. "Récemment, la brigade de Porto-Vecchio a dépisté un automobiliste qui avait également des produits sur lui. Dans la foulée, la perquisition de son domicile a permis de retrouver 200 grammes d’herbe." Soit une valeur marchande à la revente de 2000 euros.

L’an passé, dans une situation similaire, les gendarmes retrouvent cette fois 15.000 euros en espèces dans le véhicule de la personne contrôlée. "Sur ce dossier-là, ça a permis d’initier à l’échelle de la brigade de recherches une enquête, souligne l’adjudant. C’est un point d’entrée, on va mettre des moyens différents et donc d’autres techniques pour pouvoir travailler sur le trafic de stupéfiants."

Dans le cadre d’une procédure pour stupéfiants, une garde à vue peut durer jusqu’à 96 heures.

Du téléphone à internet

Avec le Code de procédure pénale comme livre de poche, les officiers de police judiciaire sont en lien avec le parquet. "Généralement, les relations sont bonnes avec les magistrats, confie l’adjudant qui dit "ne pas ressentir de pression particulière" sur les enquêtes. On les informe de l’avancée de nos investigations, et eux peuvent avoir des choses à mettre en place et nous donnent des directives sur ce plan-là."

Dans les dossiers stups, le Graal des enquêteurs demeure la saisie. Il y a la drogue, les armes mais aussi les euros. "Lors d’un contrôle, si l’on découvre une forte somme d’argent, on ne la lie pas immédiatement à du stup mais a du blanchiment, explique Jean-Antoine.  Après, en faisant le lien entre des consommateurs, et si l’on trouve un peu de produits, on peut pousser des investigations et travailler, idéalement, sur des réseaux. C’est là que commence vraiment l’enquête."

"Quand j’ai commencé ma carrière, on n’avait pas affaire aux mêmes téléphones qu’aujourd’hui"

Les officiers de police judiciaire vont alors investiguer de façon plus approfondie : observations, filatures, renseignements, écoutes. "En règle générale, quand il y a des saisies de produits et de sommes d’argent importantes, on va, en lien avec le parquet, saisir des unités dédiées, indique le commandant Giroud. On met plus de moyens et des personnels formés qui ont une certaine expérience sur ce genre d’enquêtes."

"Il faut s’adapter, reprend Jean-Antoine. Dans le cadre d’une perquisition, l’un des premiers biens saisis est le téléphone portable. Quand j’ai commencé ma carrière, on n’avait pas affaire aux mêmes téléphones qu’aujourd’hui, comme les smartphones par exemple. Ça nous demande donc un effort d’adaptation supplémentaire. On va s’y intéresser peut-être un peu plus qu’une personne qui a toujours baigné dedans et qui l’utilise sans trop savoir comment ça fonctionne. On essaie de comprendre le mécanisme. Ensuite, dans la gendarmerie, on a des personnes spécialisées dans l’analyse de la téléphonie."

Pour tout ce qui concerne l’informatique et le numérique, les officiers de police judiciaire peuvent s’appuyer sur les "Ntech". Basés à Ajaccio, ces enquêteurs sont spécialisés dans les nouvelles technologies. Car aujourd’hui, le trafic de drogue se fait aussi sur le web, les dealers fixant les points de rendez-vous via Snapchat ou encore Signal. "Maintenant, ils sont sur les réseaux, confirme l’adjudant. C’est le principal moyen de communication de la jeunesse. Ces messageries instantanées passent davantage sous les radars. Certains trafiquants ont des pseudos et sont identifiés comme ça. C’est comme le drive, les gens commandent, puis passent chercher leur sachet d’herbe ou de coke dans le hall d’un immeuble, sur un parking ou sur la place du village. Pour nous, ce sont des vecteurs de communication sur lesquels on a une limite de ce qu’on va pouvoir extraire comme données en temps réel. Avant, on branchait un téléphone et on avait des écoutes. Aujourd’hui, c’est un peu différent. Non pas qu’on n’a plus ce type de renseignements, mais on l’a beaucoup moins."

Une temporalité plus réduite

L’autre évolution concerne la durée des enquêtes. Plus courtes, elles permettraient de "mieux cibler" selon les gendarmes. "Que ce soit sur le flagrant délit (crime ou délit constaté par un officier de police judiciaire), la préliminaire (enquête de police judiciaire pilotée par le procureur) ou l'information judiciaire (enquête menée par un juge d'instruction qui peut saisir les services de police ou de gendarmerie par commission rogatoire), l’idée est de cerner et d’avoir une temporalité plus réduite, expose le commandant Giroud. Sur de très courtes enquêtes, on va aller très rapidement faire une perquisition et trouver un volume conséquent. À l’inverse, sur des investigations plus longues et plus volumineuses, on peut parfois avoir des résultats plus mesurés. On peut alors ressentir un peu de frustration car ce n’est pas forcément ce à quoi on s’attendait. On s’aperçoit que, parfois, un dossier rapide et offensif donne de meilleurs résultats."

Néanmoins, ces investigations-là permettraient d’arrêter davantage les revendeurs que les véritables têtes des réseaux.

"On est toujours frustré après une opération de stups."

Jean-Antoine, officier de police judiciaire

"Il y a beaucoup de hasard dans l’enquête de stups, note l’adjudant Jean-Antoine, depuis 25 ans dans la Gendarmerie. Le jour où on "tape", on ne sait pas sur quoi on va tomber exactement. La personne peut mettre ses produits et son argent ailleurs. À l’époque où j’étais à Grenoble, un magistrat du parquet m’avait dit une phrase juste : "on est toujours frustré après une opération de stups"."

Assis sur la chaise en face, le commandant Giroud rebondit sur cette arrestation survenue le 1er janvier 2021. "Ce jour-là, à l'aréoport de Figari, on a interpellé un individu qui passait sans cesse à travers les mailles du filet. Il arrivait à prendre l’avion et le bateau avec différents procédés pour ne pas être contrôlé ou parfois pas avec le bon nom. Comme nous sommes persévérants, l’étau s’est resserré. Puis la proximité, le contact, le lien et le renseignement que l’on a pu avoir ont été essentiels. On a retrouvé dans son sac 600 grammes de résine de cannabis. Là, nous n’avons pas été frustrés du tout."

Si certaines quantités saisies dans l'île peuvent parfois paraître en-dessous de celles du continent, il faut néanmoins les replacer dans le contexte insulaire : une population d'environ 350.000 habitants et des "contraintes d'acheminement supplémentaires pour les trafiquants" liées à l'insularité. Car en Corse, excepté quelques rares plantations locales de cannabis, la drogue est généralement importée dans l'île.

"Concernant la grande criminalité en Corse, ce sont des importateurs, précisait le général Tony Mouchet, patron de la Gendarmerie dans l'île, sur le plateau de l'Emissione Speziale du 15 décembre. Nous n'avons pas en Corse des clans qui trafiqueraient par exemple du Maroc vers la région parisienneCe sont des gens qui organisent l'importation de matières stupéfiantes via des réseaux et qui ensuite assurent la distribution dans l'île. "

Pour les trois gendarmes de Porto-Vecchio, les différentes opérations évoquées précédemment ont "forcément des conséquences sur les autres réseaux". Néanmoins, ils rappellent que "la nature a horreur du vide".

"À très court terme, reprend Jean-Antoine, on sait qu’on a coupé le réseau du trafic. Mais à court terme, quelqu’un a déjà repris la place." Manière de rappeler que leur lutte contre la drogue est quotidienne.

"On en revient à nos priorités : il faut traiter ce sujet tout en étant offensif et proactif ", analyse le commandant Giroud avant de se remémorer ses premiers échanges avec les élus de la région porto-vecchiaise lors de son arrivée il y a trois ans : "d’entrée, ils m’ont dit : "attention, notre jeunesse est confrontée à la drogue." Depuis quelques années, nous sommes plus actifs sur la lutte. Nous valorisons aussi nos résultats, ce qui rassure la population locale. Je n’ai pas la naïveté de croire qu’on a touché à tout le spectre du stupéfiant sur notre territoire, mais on est en suivi permanent."

Actuellement, la compagnie de Porto-Vecchio enquête sur cinq dossiers de trafic de drogue.

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