Les apiculteurs tirent la sonnette d’alarme. Depuis quelques années, la production de miel est en chute libre en Corse. Cette année, la filière apicole enregistre une baisse de production historique.
Des dizaines de milliers d’abeilles mais plus de miel. Chaque jour, c’est le constat que fait Bastien Bizon Maroselli en ouvrant ses ruches. Armé de sa combinaison de protection, il soulève un à un les couvercles qui abritent les essaims. Dans un bruit parasite, les abeilles tournoient dans les airs autour de lui. Il montre l’intérieur de la ruche, les alvéoles sont vides, il n’y a plus de miel. “En fait, au lieu d’amener du miel, d’en produire, elle le consomme.” explique l’apiculteur.
Pour maintenir son cheptel en vie, Bastien doit désormais investir. 15 000 euros pour nourrir ses abeilles et éviter une hécatombe. Un investissement aux conséquences lourdes. Comme l’année dernière, Bastien ne pourra pas se verser de salaire. “J’ai un peu d’économies donc je peux investir pour maintenir mon cheptel. Il me reste un peu de stock de miel, mais j’ai du mal à le vendre à cause de la situation sanitaire, du coronavirus. En fait, d’un côté il n’y a plus de production, de l’autre il n’y a plus de revenus.”
Cette situation est loin d’être un cas isolé. En Corse, la production de miel est en chute libre. Dans les années 1980, une ruche produisait 40 kilos de miel. En 2010, la même ruche produisait 30 kilos. Dix ans plus tard, cette année, c'est seulement 15 kilos. En quarante ans, la production de miel corse est quasiment divisé par trois. Pour Denis Casalta, le président de l’AOP miel de Corse, il y a urgence : “Si il n’y a plus d’apiculteurs, qui s’occupera des abeilles ? Il va y avoir des changements, il n’y aura plus de pollinisateurs si les abeilles disparaissent. Ce qu’on dit c’est : attention, nous perdons nos abeilles!”
Pourtant, aucune étude ne permet actuellement d’expliquer cette baisse de production. La filière apicole reste dans le flou.