Essai clinique à la chloroquine : « Il est urgent d’agir » pour le président du Conseil des médecins de Haute-Corse

La chloroquine, qui sert à lutter contre le paludisme, a prouvé son efficacité sur 24 malades du Covid-19 selon le professeur Raoult et ses équipes. La Corse propose son aide pour les essais cliniques. Un souhait partagé par les deux conseils des médecins de l’île. Entretien. 

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Le traitement à la chloroquine pourrait lutter efficacement contre le Coronavirus. C’est du moins ce que les premiers tests réalisés par le professeur Raoult et ses équipes prouvent.
 
Un essai clinique a été lancé afin de tenter de conforter ces résultats. Dimanche, Gilles Simeoni a indiqué avoir demandé au gouvernement que la Corse soit intégrer au programme. 

 



Ce lundi, les deux conseils départementaux des médecins de Corse se sont déclarés « solidaires de toutes les démarches visant à élargir le dépistage au plus grand nombre et surtout inclure la Corse dans le cadre d’un essai clinique élargi permettant l’utilisation sans délai de l’hydroxychloroquine associée à l’azithromycine ». 

 

Entretien avec Bruno Manzi, président du conseil départemental des médecins de Haute-Corse.
 
  • Pourquoi cet appel ? Pour vous il est urgent maintenant d'agir ? 

Il est d’autant plus urgent que la Corse a une spécificité évidente, c’est une île. Ca constitue un avantage par des barrières naturelles, avec l’apparition du virus sur l’île, au contraire, avec la phase 3 ça devient un handicap. On peut considérer la Corse comme un bateau à une grande échelle. Du coup, les capacités d’accueil vont être rapidement submergées. Encore plus qu’ailleurs. 

Il faut toujours insister que le meilleur traitement reste le confinement total de la population. La courbe exponentielle continue à monter. Il faut absolument qu’elle s’aplatisse dans le temps pour que les gens ne soient pas tous malades en même temps. Il faut le dire, le redire, tous les jours à tout le monde et tout le temps. 

Dans cette période, on ne va pas faire de polémique sur le plan politique. Mais il y a eu beaucoup d’erreurs sur la prise en charge de la pandémie, on a loupé la phase 1, au niveau des instances nationales, la phase 2 aussi. Et dans la phase 3 ne fut-ce qu’en se référant au premier tour des élections municipales, on a vu des manifestations tout à fait ahurissantes, alors que la phase 3 était déjà déclenchée. 

 


Dans ce cadre-là, est apparu un premier essai thérapeutique qui semble donner des résultats. Normalement, avant qu’un produit arrive sur le marché, il y a tout une phase pour contrôler. Mais là, d’une part il y a l’urgence de la situation qui demande d’aller très vite et d’autre part, l’utilisation de médicaments que l’on connaît depuis longtemps. On sait que ces médicaments ont quelques effets secondaires, ils demandent des précautions d’emploi notamment sur le plan cardiaque. 

Nous, ce que l’on voudrait, c’est que puisqu’il y a un essai ouvert que la Corse puisse participer de façon élargie, puisqu’on est la région avec la plus forte proportion de patients atteints, et donc pouvoir réaliser des tests de façon plus large qu’actuellement. 

  
  • Si l’autorisation temporaire ne vous est pas donnée, êtes-vous prêts de faire comme le professeur Raoult et de dire aux médecins libéraux de Corse, allez-y on se passe de l’autorisation temporaire, il faut prescrire ce médicament ? 

Ce n’est pas à l’ordre de dire, il faut prescrire. Ce que l’on veut, c’est que l’autorité sanitaire de santé puisse dégager cette autorisation temporaire d’utilisation. Mais il faudra que ça soit avec des règles, notamment une prescription initiale avec un bilan préalable. 

On veut justement éviter, c’est que ça soit fait par tout le monde, dans son coin dans tous les cabinets. Ca sûrement pas. Nous, l’ordre des médecins, sommes garants de la déontologie médicale. Le principe de base de la déontologie, chaque médecin qui passe sa thèse prononce un serment, le serment d’Hippocrate, dans lequel on jure de donner aux patients tout ce qui est possible pour le soigner du mieux possible. 

 

Partant de là, et en s’appuyant sur le serment d’Hippocrate, on pense qu’il faut pouvoir donner les meilleures chances aux patients. C’est un avis général, je représente la profession et je m’exprime en son nom. Mais on se dit aussi, ‘À titre personnel qu’est-ce que je ferai ? En écoutant tout ce qui se dit, même les avis contraires, et bien, j’essaierai de trouver un traitement et de me traiter et de traiter mes proches en cas d’infection.

Si je le décide pour moi. Je pense qu’il faut qu’il soit accessible à tous et à toutes. 
 
  • Vous n’irez pas, vous en tant qu’ordre des médecins, au-delà de l’absence d’autorisation. Mais vous dites les médecins sont libres par rapport au serment d’Hippocrate, s’ils sont persuadés qu’il faut qu’ils donnent à leurs patients ce traitement, qu’ils le fassent ? 

Il faut qu’ils le fassent dans le cadre d’un essai thérapeutique, sous l’égide d’une autorité. Il ne faut surtout pas qu’ils le fassent dans leur coin, dans leur cabinet. 

C’est pour qu’ils ne le fassent pas dans leur cabinet, même si ces produits ne sont plus disponibles dans les pharmacies et de gros stocks ont été pratiqués. On veut pouvoir participer à un essai ouvert. On ne veut pas que les praticiens le fassent dans leur coin et que les gens viennent réclamer ça ou aillent à la pharmacie en réclamer. Ca on ne le veut pas. 


 
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