Delphine, originaire de Luri, vient de réaliser un exploit : parcourir le sentier du GR20 l'hiver. Équipée de crampons et de skis, elle a terminé le célèbre sentier en 11 jours. Elle nous raconte son aventure.
A Pecurina Nera (la brebis noire), c'est le surnom de Delphine, 34 ans. La jeune Corse s'est élancée le jeudi 2 février depuis Calenzana pour Conca avec pour seul objectif : traverser le GR20 enneigé, de A à Z, peu importe le temps. Elle a atteint l'arrivée ce lundi 13 février.
"Je ne pensais pas que j'allais arriver au bout, je ne suis pas encore redescendue de ma bulle", confie Delphine, avec émotions.
Avec ses 180 kilomètres et ses 10.000 mètres de dénivelé positif, le GR20 est une des randonnées les plus difficiles d'Europe. Un chemin escarpé aux rochers vertigineux très connu en période estivale. Mais rare sont ceux qui l'empruntent l'hiver.
J'ai réalisé que le GR, on ne le faisait pas l'hiver. A ce moment précis, j'étais convaincue que cette aventure était la mienne.
Pecurina Nera
Si certains se sont aventurés sur l'Altra Strada, le circuit du GR20 l'hiver en 8 étapes, Delphine a préféré emprunter le même parcours que l'été.... Un exploit aussi bien chez les femmes que chez les hommes.
Le GR20 hivernal
Il y a un an, cette envie vertigineuse lui traverse l'esprit. A Marseille, où elle réside, Delphine consacre ses week-ends aux randonnées, au trail et à l'alpinisme. Elle s'entraîne beaucoup dans les Alpes. "J'arrivais à un seuil où je m'ennuyais, j'ai eu envie de partir plusieurs jours pour m'évader, comme une quête intérieure".
L'année dernière, elle gravit le Mont-Blanc depuis les Houches. 3.800 mètres de dénivelé positif, 3.800 mètres de dénivelé négatif en 14 heures. Aujourd'hui, elle s'amuse à comparer les deux sentiers :"Le Mont-Blanc à côté du GR l'hiver, c'est la rando du dimanche".
C'était beaucoup d'énergie, c'était plus difficile que ce que j'avais imaginé.
Pecurina Nera
Un sentier ultra technique
De Calenzana à Conca, pas une étape sans difficulté, "à chaque jour son épreuve". Delphine alterne entre les skis, les crampons, les peaux de phoque, toujours accompagnée de son piolet... "La qualité de la neige n'était pas stable, il ne fallait pas glisser. Quelqu'un qui n'est pas montagnard peut se faire très mal".
Le deuxième jour, l'envie d'arrêter l'envahit. "Dans le Nord, les couloirs sont très pentus, j'ai beaucoup douté. J'étais stressée par l'itinéraire et le parcours".
Mais Delphine n'est pas du genre à abandonner. La jeune Capcorsine connaît la montagne depuis son enfance. A 2 ans, elle portait déjà son petit sac à dos et marchait dans les pas de sa grande sœur dans les Alpes. Son père, Jean-Pierre, se souvient "Delphine a commencé ses premières ascensions à 3.000m d'altitude à l'âge de 6 ans et ses premiers sommets d'alpinisme à l'âge de 9 ans, elle a toujours aimé ça", confie-t-il, ému, après l'exploit de sa fille.
Jusqu'au Col de Verde, Delphine est accompagnée par des guides ou des alpinistes aguerris. "Faire le GR Nord, l'hiver et seul, c'est du suicide. Mon premier binôme, aspirant guide, m'a dit qu'il avait rarement fait quelque chose d'aussi difficile".
J'ai vécu des choses inexplicables. Je rêvais de voir la montagne corse comme cela. Les levers du soleil avec la neige partout et la mer au loin, rien que pour moi, c'était tellement intense.
Pecurina Nera
Le soir, Delphine, dort dans les refuges et se ravitaille grâce à des caisses de nourriture déposées, avec l'aide du parc régional, au début de l'automne.
Désormais, place au repos, mais sans oublier quelques sorties en montagne... moins vertigineuses. Pour suivre ces aventures, Pecurina Nera tient une page Instagram, avec plus de 32.000 abonnés.