La fréquentation du GR20 augmente et menace la préservation des espaces naturels que le chemin de randonnée traverse. Le Parc régional naturel de Corse réfléchit à y instaurer des quotas d'accès à la saison 2023, même si d'autres solutions sont à l'étude.
Un sentier de légende menacé par son succès. 180 kilomètres, 16 jours de marche et 11.000 mètres de dénivelé positif : le GR20 est connu pour être l’un des chemins de randonnée les plus difficiles d’Europe. Il est aussi l’un des plus beaux : chaque année de plus en plus de sportifs partent à son assaut avec l’espoir de parvenir à traverser l'île et ses paysages à couper le souffle.
En 2021, les refuges ont enregistré un niveau record de passage avec 130.000 nuitées réservées. Si le bilan de la saison 2022 n’est pas encore connu, cette dernière s’annonce au moins aussi chargée que la précédente selon François Geronimi, directeur du Parc régional naturel de Corse. Une fréquentation en constante augmentation, qui finit par menacer la préservation du chemin de grande randonnée. Face aux risques de dégradation des espaces naturels traversés par le GR20, qui fête ses 50 ans cette année le directeur envisage de mettre en place des quotas d'accès au chemin. Il répond à trois questions à ce sujet :
Pourquoi réfléchissez-vous à instaurer des quotas de fréquentation sur le GR20 ?
Sur la question des quotas on est au tout début de la réflexion. On veut se donner le temps d’y réfléchir. On intègre cette réflexion-là par rapport à ce qui s’est passé dans les Calanques de Marseille en juin 2022 par exemple. On veut se donner le temps de faire le bilan de la saison 2022, parce que pour le moment on a des tendances mais on n’a pas de chiffres définitifs. Sur la base de ce constat là on a l’hiver pour mettre en place un projet. On devra être réactif car la saison commence mi-mai sur le GR20, donc on devra avoir une ligne directrice à la fin de l’année et on imaginerait mettre de nouvelles mesures en place en 2023. On se laisse le droit de conserver la configuration actuelle, mais on pourrait aussi aller vers d’avantage de régulation. On ne sait pas encore si ça passera par de la restriction ou de la sensibilisation. On doit discuter avec les services de l’Etat, les mairies ou le préfet, on ne peut pas parler pour eux. Mais on peut déjà dire qu’on y réfléchit.
Des alternatives aux quotas sont-elles à l’étude ?
On a vu que le début de saison était très intense. Il y a peut-être un effet saisonnier, puisqu’au mois d’août c’est plus calme. C’est assez traditionnel, le mois d‘août n’est pas un mois que les randonneurs aiment particulièrement, à cause notamment des risques d’orage. A partir de ce constat, mettre en place une politique de quotas peut être intéressant, mais on aimerait explorer d’autres pistes. Partant du principe que grâce à la centrale de réservation, lorsqu'ils réservent leurs nuitées en refuge, les randonneurs savent très bien quelles sont les étapes en tension sur le chemin, l’idéal serait qu'ils programment leur GR sur une période moins tendue. Il y aura toujours des périodes où les gens se précipitent et où on pourrait avoir à limiter. Mais on préférerait privilégier une forme d’autorégulation du randonneur sans avoir à intervenir, en incitant à prendre le départ en mai ou en septembre par exemple.
Incitez-vous les marcheurs à emprunter d’autres chemins ?
En Corse on a des itinéraires peu fréquentés comme le Mare Monti et le Mare Mare. Ces chemins transversaux sont tout aussi intéressants sur le plan sportif. Ils passent par des villages, où on peut rencontrer les villageois, échanger... On veut vraiment inciter les randonneurs à emprunter ces voies transversales pour soulager le GR20 et éviter à avoir à instaurer des quotas. La grande randonnée en Corse ça n’est pas que le GR20, ce sont aussi ces alternatives. Ce sont les mêmes montagnes mais avec moins de monde, dans des conditions beaucoup plus confortables d’hébergement et de restauration.