Le principal syndicat de greffiers a appelé à une journée "Justice morte" ce jeudi 21 septembre. Avec une revendication : le passage de l'ensemble de la profession en catégorie A de la fonction publique. En Corse, le mouvement est suivi.
"On ne compte plus nos heures supplémentaires, on ne compte plus le nombre d'heures que nous passons au sein de ces murs."
Devant le Palais de Justice de Bastia, Carine Grimaldi, porte-parole des greffiers, ne cache pas son exaspération. Pour elle, les conditions de travail de sa profession sont devenues indignes.
"Il faut voir quand même que derrière les murs du Palais de Justice, il y a beaucoup de personnes, des petites mains que personne ne voit, qui travaillent corps et âme avec une conscience professionnelle qui est indescriptible", explique-t-elle.
"Encore à Bastia, je dirais que nous ne sommes pas les pires, mais vous partez à Bobigny, Paris, Marseille..."
Carine Grimaldi, porte-parole des greffiers de Bastia
Pour la greffière, si la situation s'est dégradée en Corse, elle est critique sur le continent. "À Bastia, je dirais que nous ne sommes pas les pires, mais vous partez à Bobigny, Paris, Marseille... je pense à toutes ces juridictions-là, où c'est carrément le chaos, où nous avons des collègues qui sont de plus en plus épuisés, usés, au bord du suicide parce que nous avons aussi des suicides qui ne sont pas médiatisés, mais il y en a", assure-t-elle.
La porte-parole des greffiers de Bastia demande donc "la reconnaissance de notre travail, qui passe par une augmentation des salaires". En attendant, au tribunal de Bastia, la quasi-totalité des audiences est renvoyée, sauf les urgences, en raison de la grève.
À Ajaccio, 83% des greffiers grévistes
Du côté d'Ajaccio, "83 % des greffiers se sont déclarés grévistes", selon Patricia Santoni, conseillère syndicale Unsa Services Judiciaires pour le ressort de la Cour d'appel de Bastia. En conséquence, là encore, la plupart des audiences ont fait l'objet de renvois.
"En soutien à la mobilisation des greffiers, les conseillers prud'homaux ainsi que les avocats ont fait renvoyer les dossiers fixés à l'audience des conseils de prud'hommes sise au Palais du Finosello. Les avocats du Barreau d'Ajaccio nous ont fait part de leur soutien tout au long de cette journée", ajoute-t-elle.
Journée "Justice morte"
Ce mouvement de protestation n'est pas propre à la Corse. Au niveau national, l'Unsa Services judiciaires - syndicat majoritaire de la profession - a appelé à une journée "Justice morte" ce jeudi 21 septembre.
La principale revendication vise à obtenir le passage de l'ensemble des greffiers en catégorie A de la fonction publique. 10 000 à 11 000 personnes seraient concernées par cette mesure.
"Les personnels ne sont pas reconnus dans leurs missions et travaillent dans des conditions de travail qui ne sont pas dignes d'un pays comme la France", a expliqué mardi 19 septembre à l'AFP Hervé Bonglet, secrétaire général de l'Unsa Services judiciaires.
La CGT Chancellerie et Services judiciaires ont également déposé un préavis de grève, valable jusqu'à fin octobre.
Négociations
Des négociations sont en cours entre les organisations syndicales représentatives et le ministère de la Justice, mais "elles n'avancent pas aussi vite qu'il le faut", a estimé l'Unsa.
Le principe du passage en catégorie A - et donc d'une meilleure rémunération - serait acté, mais pour l'heure, les greffiers ignorent combien d'entre eux seront véritablement concernés.
Le projet de budget de la justice devrait, quant à lui, être finalisé la semaine du 25 septembre.