Depuis le 1er mars, les premiers réfugiés ukrainiens sont arrivés en Corse. Il s'agit de six femmes et de leurs cinq enfants. D'autres arrivées sont attendues dans les jours à venir.
Elles ont fui la guerre et leur pays. Depuis le 1er mars, six Ukrainiennes, âgées de 35 à 60 ans, ont trouvé refuge en Corse avec leurs cinq enfants. "L'une d'entre elles est à Folelli, une à Calvi, une à Lucciana, deux autres sont arrivées dimanche [6 mars ndlr.] à Porto-Vecchio et une autre est dans les alentours d'Ajaccio, mais je ne sais pas où exactement, je n'ai pas de contacts", explique Nataliya Khobta-Santoni, fondatrice de l'association Solidarité Corse-Ukraine.
Si elle a pu échanger avec l'ensemble de ces femmes, aucune ne donne de détails sur son périple. "Elles sont encore traumatisées, et il est encore trop tôt pour poser des questions. Elles viennent de faire une semaine de voyage. Elles me disent simplement : 'C'était dur, mais on est là, l'avenir est devant nous", confie Nataliya Khobta-Santoni.
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Une phrase que cette Ukrainienne aux origines russes a déjà entendue dans son enfance. "Mon grand-père a fait la Seconde Guerre mondiale et ma grand-mère était Résistante dans la forêt biélorusse. Quand je leur posais des questions, ils me répondaient exactement la même chose", livre-t-elle, émue.
Soutien psychologique et scolarisation
Afin de pouvoir les suivre au mieux, Nataliya Khobta-Santoni tient un tableau où elle renseigne l'identité de chaque réfugiée et leur localisation. Un tableau qu'elle transmettra ensuite à l'agence régionale de santé et aux mairies d'Ajaccio et de Bastia. "Cela pourrait permettre de faciliter leur prise en charge notamment en terme de vaccination. Et puis aussi pour la mise en place d'un soutien psychologique."
Dans le même temps, la fondatrice de l'association Solidarité Corse-Ukraine essaye de se rapprocher de l'Académie de Corse afin de faciliter la scolarisation des cinq enfants. "Ils ne parlent presque pas un mot de Français et il ne nous reste plus que six mois pour qu'ils puissent avancer. Là, nous parlons de cinq enfants, mais vu à la vitesse à laquelle les choses se passent, on ne sait pas combien arriveront dans les semaines ou dans les mois à venir."
Selon elle, d'autres arrivées sont prévues dans les jours à venir. "Une Ukrainienne qui est en Corse depuis 15 ans est partie chercher sa belle-fille et ses deux petits-enfants partis de Kiev pour Lviv et dont elle n'a plus de nouvelles. Et ma cousine germaine vient de passer la frontière roumaine dimanche soir."
Et si aucun homme n'est encore accueilli en Corse, pour Nataliya Khobta-Santoni, la raison est simple. "On parle beaucoup de notre président Volodymyr Zelensky, on en fait un héros. Mais tous les hommes ukrainiens sont des héros, il faut aussi leur rendre hommage. Ils partent se battre, conduisent leur famille aux frontières pour les mettre à l'abri, et repartent se battre."
Cagnotte en ligne
Parallèlement, l'association a ouvert une cagnotte en ligne afin de venir en aide aux civils ukrainiens. Lancée le 4 mars, elle a permis de récolter, pour l'heure, plus de 11.000 euros. Une aide financière complétée par des actions dans les supermarchés de la région ajaccienne qui proposent à leurs clients d'arrondir leur facture en faveur de l'association. "Je suis extrêmement touchée par cet élan de générosité, et je remercie tout le monde. Les gérants de ces supermarchés ont mis en place ces opérations spontanément, je ne savais même pas qu'on pouvait faire ça", explique Nataliya Khobta-Santoni.
Depuis le 24 février dernier, le président russe, Vladimir Poutine, a engagé une invasion de l'Ukraine. La Russie a annoncé mercredi dernier que 498 de ses militaires avaient été tués en Ukraine, selon le premier bilan annoncé de ses pertes dans cette guerre, qui n'a pas été actualisé depuis. L'Ukraine et des observateurs occidentaux assurent de leur côté que le bilan est très nettement supérieur. Kiev affirme que plus de 11.000 soldats russes ont péri. L'ONU a déclaré vendredi avoir comptabilisé 364 civils tués en Ukraine, dont 25 enfants, un bilan potentiellement largement sous-évalué.
Quelque 1,7 millions de personnes ont déjà fui l'Ukraine depuis le début de l'invasion de ce pays le 24 février, dont plus de la moitié ont été accueillies en Pologne, selon le dernier comptage du Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés.
