Le personnel de la prison de Borgo (Haute-Corse), théâtre vendredi de l'agression de deux surveillants blessés par un détenu radicalisé, a exprimé mercredi son "incompréhension totale" face à la non-saisie du parquet antiterroriste.
"Le personnel de Borgo se retrouve dans l'incompréhension totale du fait que ce dossier ne soit pas saisi par le parquet antiterroriste de Paris", peut-on lire dans un communiqué sur la page Facebook de l'Ufap CP Borgo.
"Le détenu radicalisé s'est largement exprimé par des cris +allah akbar+, citant des prières, en traitant (les surveillants) de mécréants et pour finir en brandissant le drapeau palestinien (...), ce qui démontre une revendication de l'acte terroriste islamiste", écrivent ces personnels qui soulignent que "plus de 20 coups de couteau" ont été portés sur le premier gardien et "15" sur le second.
"Nous ne pouvons laisser passer sous silence ni minimiser cet acte terroriste dont ont été victimes nos collèges corses", ajoutent-ils, jugeant "que la Corse a connu à travers la pénitentiaire son premier acte terroriste islamiste".
Dimanche, la procureure de la République de Bastia, Caroline Tharot avait confirmé que l'auteur de l'agression "faisait l'objet d'une enquête de radicalisation" mais qu'"à ce stade, aucun élément ne permet(tait) de confirmer la nature terroriste de l'acte".
En garde à vue, le détenu a évoqué un geste "de colère ne parlant pas d'une quelconque menace terroriste", avait-elle précisé.
Le procureur général de la cour d'appel de Bastia, Franck Rastoul, a indiqué mercredi que "le parquet de Bastia n'a pas retenu la qualification terroriste en l'état des éléments de l'enquête qui font apparaître une motivation première d'un autre ordre justifiant la qualification de tentatives d'assassinat" sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
Selon une source proche de l'enquête, le détenu en voulait spécifiquement aux deux gardiens agressés qui avaient procédé à une fouille de sa cellule en ne respectant pas, selon lui, ses affaires.
"Terrorisme, l'Etat vous ment", "Tous concernés" et "surveillants poignardés, méprisés mais déterminés", peut-on lire sur trois banderoles déployées mercredi devant le centre de détention de Borgo où les surveillants ont déposé les clés depuis vendredi, la gestion de l'établissement étant assurée par les gendarmes.