Agriculture en Corse : quel avenir pour le domaine de Casabianca ?

C'était le plus grand domaine viticole européen d'un seul tenant. Cinq ans après sa mise en liquidation judiciaire, le domaine de Casabianca a été découpé en 23 lots afin d'installer de jeunes agriculteurs. Après plusieurs péripéties, l'Odarc annonce que l'aménagement des terrains sera effectif au printemps 2024. En attendant, les agriculteurs doivent prendre leur mal en patience.

Le domaine de Casabianca c’est 469 hectares, toujours en friche

Pourtant, 23 lots ont été attribués à de jeunes agriculteurs depuis mars 2020

Sur place, on peut constater que certains terrains ont été délimités, mais les cultures et les élevages sont toujours absents. Cette situation de blocage dure depuis des mois et les jeunes agriculteurs dont l'avenir dépend de ce domaine n'osent pas témoigner sur leur désarroi.

Ceux qui disposent déjà d'une situation solide, comme Thomas Colombani, jeune éleveur de Valle d'Orezza, évoquent volontiers leurs projets : “C’est important pour se diversifier, on n'a jamais eu de terrain en plaine. Et on va essayer de planter sûrement un peu de vigne et des oliviers, dans la continuité de ce qu'on fait déjà, pour avoir un peu plus.”

Lassitude

Pour mieux développer la polyculture en plaine orientale, la famille Colombani a formé un GAEC, un groupement agricole d'exploitation en commun. Cela fait maintenant 5 ans qu'ils ont investi dans le domaine de Casabianca.

Autour d’eux, la lassitude gagne du terrain. "Je pense que certains peuvent laisser tomber. Nous, pour l’instant, ce n'est pas le cas. Mais, on ne peut pas penser à investir ailleurs quand puisqu'on va investir là et donc tout est bloqué, c'est compliqué”, livre Paul Colombani, éleveur et castanéiculteur.

Compliqué, c'est le moins qu'on puisse dire.

Le domaine de Casabianca est mis en liquidation judiciaire en 2017. Après 4 ans et demi de procédure, la Safer l'achète pour 1 630 000 euros grâce à la création d'un fonds foncier agricole.

"On aurait dû anticiper"

Ainsi, les terres échappent aux spéculateurs. Une première en Corse pour un projet de cette ampleur à la portée symbolique. Mais il reste une dernière étape, le nettoyage et l'installation d'un réseau d'irrigation.

“On est sur le travail, l'installation en Corse d'un office foncier que l'on réclame depuis une bonne trentaine d'années, souligne le président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse, Joseph Colombani. Et c'est vrai qu'on aurait pu, on aurait dû, anticiper sur les mises en valeur. Donc aujourd'hui, l'appel à projets est lancé. On demande quand même - ça a été l’objet de la dernière réunion de la Safer - une explication : comment va s'appliquer cet appel à projets ? Comment va être financée cette mise en valeur ? Qui va la faire concrètement ? Et que ça puisse se faire avec une sécurité maximum au niveau juridique.”

Appel à projets

De son côté, l'Odarc s'engage à financer ce vaste chantier seulement après la réalisation des investissements.

“Au printemps prochain, les terrains seront mis en valeur, explique le président Dominique Livrelli. L'Odarc sort un appel à projet où l'on est à hauteur de 80%. Les agriculteurs pour la mise en valeur ainsi que la Safer qui pourra porter ce projet d'aménagement pour l'ensemble des agriculteurs attributaires.”

En effet, pour ceux qui ne peuvent pas avancer l'argent, la Safer devrait lancer un appel d'offres pour une mise en valeur collective.

Le reportage de Solange Graziani et Typhaine Urtizverea :

durée de la vidéo : 00h02mn44s
Intervenants : Thomas Colombani, Eleveur de cochons ; Paul Colombani, éleveur et castanéiculteur ; Joseph Colombani, président de la chambre d'agriculture de Haute-Corse ; Dominique Livrelli, président de l'ODARC ©S. GRAZIANI - T. URTIZVEREA / FTV

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