43 ans après que reste-t-il d'Aleria ? L'occupation d'une cave par des militants autonomistes les 21 et 22 août 1975 est présentée comme l'acte fondateur du nationalisme Corse. Pas de cérémonies depuis plusieurs années pour ces événements qui firent deux morts et un blessé.
Aleria 21 août 1975. La cave Depeille est prise d'assaut par des militants de l'ARC, l'action régionaliste corse. Au cœur des tensions, la problématique agricole et l'attribution de terrains aux rapatriés d'Algérie. 43 ans après Jean-Pierre Susini membre du commando, justifie l'action : « Nous à l’époque quand on voulait s’installer, il fallait chercher les terrains, se souvient-il. Mais concernant ces rapatriés, c’est l’Etat qui leur a tout proposé en pondant des décrets. C’est l’Etat qui leur a donné l’argent via le Crédit agricole ».
Jean-Pierre Susini n'a rien oublié de ces deux jours d'affrontement. Il se souvient du moindre détail, de l'atmosphère, du bruit, du temps. Lorsqu'il est parti pour Aleria, lui était prêt à en découdre.
Armé, en treillis
« Pour moi et pour les autres, c’est l’occasion rêvée de franchir le pas. A l’époque j’ai des chèvres, je les confie à un autre éleveur et je lui dis « si je rentre je les reprends, si je rentre pas je t’en fais cadeau ». Donc je me prépare, j’y vais en treillis, armé », se rappelle Jean-Pierre Susini.Souvent présenté comme l'acte fondateur du nationalisme corse, Aleria marque une prise de conscience chez les nationalistes. S'en suit la création du FLNC, un an après. Dans l'esprit des jeunes générations, ces deux jours sonnent comme un point de départ, la première pierre d'un édifice.
Aujourd'hui à Aleria, il est difficile de se remémorer cet évènement. Plus de cave. Reste une stèle de verre cible de dégradations. Pas même une cérémonie, ni de rassemblement n'ont lieu.