Julius Leber était un démocrate à une époque sombre où les tentations du nationalisme et du fascisme étaient grandes. Né en Alsace en 1891, il choisit l'Allemagne, devient député et surtout un farouche anti nazi. Arrêté en 1944, il est exécuté le 5 janvier 1945. Une exposition lui rend hommage à l'Art Rhéna de Vogelgrun.
Son destin est méconnu, oublié. Alors 80 ans après son exécution par les nazis le 5 janvier 1945, une exposition à l'Art Rhéna de Vogelgrun rend hommage à Julius Leber, Alsacien Allemand né à Biesheim dans le Haut-Rhin en 1891.
24 panneaux sont ainsi portés à la connaissance des visiteurs du centre d'art franco-allemand et retracent la vie de ce démocrate convaincu. Né de parents cultivateurs, Julius Leber fera des études supérieures à l'université de Fribourg-en-Brisgau notamment et deviendra docteur en sciences politiques.
Alsacien, il fait le choix très tôt de l'Allemagne, décidant par choix de porter l'uniforme de l'armée impériale durant la première guerre mondiale. Engagé, homme de conviction, Julius Leber devient député SPD de Lübeck (parti de gauche, NDLR) au Reichstag en 1924 et jusqu'en 1933, date d'accession au pouvoir d'Hitler. Il est aussi à l'époque, rédacteur en chef du Lübecker Volksboten, l’organe de presse du SPD dans cette ville du Schleswig-Holstein.
Il fait alors évidemment partie des opposants politiques gênants, il est logiquement arrêté en 1933 et interné au camp de concentration de Sachsenhausen dans lequel il restera cinq ans. À sa libération, il s'installe à Berlin et renoue avec les sociodémocrates. Il est approché en 1944 par les conjurés qui cherchent à éliminer Hitler.
"Attention, il n'y a que la démocratie qui vaille"
Gérard Hug, maire de Biesheim
Il est même pressenti pour devenir chancelier en cas de réussite du plan de renversement du leader du IIIe Reich. Mais la tentative de coup d'État échoue et Julius Leber est arrêté en 1944. Jugé par un tribunal d'exception, il est condamné et exécuté le 5 janvier 1945 à Berlin.
Une exposition itinérante
Alors, aujourd'hui, de nombreux acteurs de part et d'autre du Rhin tentent de faire connaître sa mémoire, avec entre autres la mise en place de cette exposition. "Sa volonté politique de renverser le régime nazi a toujours été là, explique Marvin Gamisch, le commissaire de l'exposition. Et je pense que cela vient de ses fortes convictions de social-démocrate et aussi d'Alsacien, je dirais qu'il a grandi dans une région qui a beaucoup souffert du nazisme."
Et pour Gérard Hug, maire de Biesheim, sa ville natale, "il était un précurseur, alors le fait de le commémorer c'est important pour notre jeunesse, pour savoir d'où on vient, pour ne pas repartir dans les mêmes errements, parce qu'attention il n'y a que la démocratie qui vaille", tient à rappeler pour conclure le premier édile.
L'exposition itinérante circulera dans le Haut-Rhin et le Bade-Wurtenberg et notamment dans les établissements scolaires. Une stèle a également été inaugurée ce matin sur les bords du Rhin.