Alexandre Rebours comparaît devant la cour d'assises de Haute-Corse pour tentative d'assassinat. Le 17 septembre 2020, il agressait l'amant de sa compagne, armé d'une hachette. L'avocat général a requis 9 ans de réclusion criminelle. Demain, la défense du quinquagénaire aura la parole.
« La réalité de ce dossier, c’est que Dominique Desvignes est dans cet état parce qu’il y a eu un déchaînement de violence destructeur ».
Dans sa plaidoirie, longuement, Maître Marc Ceccaldi, l’avocat de la partie civile, a pris le temps de retracer le portrait de la victime, un homme chaleureux, débonnaire et généreux, aimé de tous, et qui n’avait jamais fait aucune histoire.
Il s'est également attardé sur le long combat qu’il mène désormais, pour tenter de vivre avec les séquelles, avec l’amnésie partielle, avec les dégâts neurologiques lourdement handicapants qu’a causés l’agression du 17 septembre 2020.
Souffrance
L’avocat de la partie civile, l’attitude mesurée, la voix posée, a fait le choix de ne pas adopter le ton du justicier. Il semble vouloir faire entendre avant tout aux jurés le désarroi, la tristesse et la souffrance de la famille Desvignes.
Avec la hache, il n’a pas frappé dans le genou, dans l’estomac, dans l’épaule. Il a frappé à la tête. Et de dos.
Maître Marc Ceccaldi
Mais quand il revient sur les circonstances de l’agression au camping Bella Vista, ses propos n’en sont pas moins éloquents : « Avec la hache, il n’a pas frappé dans le genou, dans l’estomac, dans l’épaule. Il a frappé à la tête. Et de dos », rappelle Me Ceccaldi.
L’avocat évoque ensuite les coups de poing, les coups de pied, portés alors que la victime est au sol, « un acharnement révélateur de l’intention ».
« Est-ce que cela peut être le fruit d’une bagarre, d’une altercation, d’une violence qu’on a voulu retenir parce que l’on voulait demander des comptes, punir, humilier, mais ne pas tuer ? », interroge l’avocat. « De toute évidence, non. Et dire le contraire, c’est une offense faite à Dominique Desvignes et à sa famille ».
Alexandre Rebours, assis dans le box des accusés, les yeux fermés, les mains jointes devant son visage, écoute, immobile.
Préméditation
L’avocat général, qui prend la parole en fin d’après-midi, va tirer, patiemment, le fil des événements qui ont conduit à l’agression, afin de déterminer si elle était préméditée, et si Alexandre Rebours avait l'intention de tuer Dominique Desvignes.
Le corbeau est l'élément déclencheur, sur un terrain déjà propice
François Thévenot
D’abord, il va revenir sur la vie de couple d’Alexandre Rebours et de sa compagne, au sein duquel il estime que les torts sont partagés, contrairement à ce que la tonalité « patriarcale » des débats durant les trois derniers jours pourrait laisser penser.
Micro à la main, debout, appuyé sur le dossier de son siège, François Thévenot bat en brèche ce qu'il estime être la volonté de "victimisation" de l'accusé.
Ensuite, il aborde, rapidement, la question de la dénonciation des infidélités de la compagne d'Alexandre Rebours. Pour lui, le « fameux corbeau est l’élément déclencheur sur un terrain qui était déjà propice », mais il n'est pas responsable du "pétage de plombs", selon l'expression qui est revenue à plusieurs reprises durant les trois jours de débats.
Il en vient enfin au cœur du propos, le déroulement de la journée du 17 septembre 2020. La visite d'une armurerie le matin, l'achat de la hachette en début d'après-midi, les propos tenus à l'arrivée au camping, et ceux échangés avec des proches après, ne laissent guère de doutes, selon lui, sur le caractère prémédité de l’agression, et sur la volonté de tuer.
L'avocat général requiert neuf ans de réclusion criminelle. Alexandre Rebours a déjà effectué trois ans et deux mois de détention provisoire à la prison de Borgo.
Demain matin, à neuf heures, ce sont Maître Simoni et Maître De Casalta, les deux avocats de la défense, qui prendront la parole.
Les jurés devraient rendre leur décision dans l'après-midi.