Assises de la Haute Corse: Thomas Guidicelli condamné à 22 ans de prison pour le meurtre de son père à Ghisonaccia

Thomas Guidicelli, 24 ans, comparaissait depuis mardi devant les assises de la Haute-Corse pour le meurtre de son père à Ghisonaccia le 9 avril 2017. Ce jeudi, il a été condamné à 22 ans de réclusion criminelle. 

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Ce jeudi, au troisième jour du procès, Thomas Guidicelli a été condamné à 22 ans de récluision criminelle par la cour d'assises de la Haute-Corse. 

Plus tôt dans la journée, c'est en ces termes que l'avocate générale a débuté ses réquisitions : "Ce crime, dans nos sociétés, est très rare. Il est à chaque fois sévèrement puni et la peine encourue, à savoir la réclusion criminelle à perpétuité, est à la hauteur de l'abomination." Si elle a indiqué que rien ne peut contredire la version de Thomas Guidicelli sur les tirs, elle a noté que l'accusé n'a jamais exprimé de regrets, même durant le procès, et que cela devait interroger. 

Pour la représente du ministère public, Thomas Guidicelli avait la volonté de "supprimer" son père." L'accusé "a choisi en pleine conscience de tuer son père", de ce fait, les jurés doivent juger l'accusé comme un acteur en pleine possession de son jugement. 

L'avocate générale a affirmé que le taux d'alcoolémie de Thomas Guidicelli au moment des faits ne "permet pas d'atténuer [sa] responsabilité." L'accusé "a choisi en pleine conscience de tuer son père", de ce fait, les jurés doivent juger l'accusé comme un acteur en pleine possession de son jugement. 

Quant aux violences dont Thomas Guidicelli disait avoir été victime enfant, elle a estimé : "cette éducation sévère, stricte, qu'il a reçue, n'a rien à voir avec des violences sur enfant." "L'altération du discernement ne peut pas, ne doit pas, être retenue", a-t-elle insisté. 

Elle a requis 25 ans de réclusion criminelle à l'encontre de Thomas Guidicelli. 

La défense réclame une "peine juste"

Une réquisition qui a "choqué" maître François Negrel-Filippi, avocat de l'accusé, de par sa "lourdeur". Selon lui, il faut partir du postulat que seuls Thomas, sa sœur, leur mère et le père, Roger Guidicelli, savent ce qu'il se passait réellement dans le secret du foyer. 

Il estime que la personnalité de la victime est plus complexe que celle présentée. Ainsi, Me Negrel-Filippi précise que sur les 11 frères et sœurs de Roger Guidicelli, seuls deux ou trois avaient des rapports réguliers avec lui. Les autres avaient été écartés après des disputes. 

Pour l'avocat, les brimades perpétuelles ont laissé des séquelles psychologiques. "Il a compris ou cru comprendre qu'il ne pourrait jamais devenir un homme. Son père le lui répétait, il a fini par le croire. […] Les experts le disent, c'est un jeune homme qui a été mis dans l'incapacité de quitter son statut d'adolescent."

Avec maître Jean-Louis Seatelli, les avocats de la défense veulent faire comprendre aux jurés que la peine doit être juste. Pour eux, le quantum requis par le ministère public ne l'est pas. "25 ans, c'est ce qu'a pris Jonathann Daval. Ça vaut autant pour celui-là ?", interroge Jean-Louis Seatelli. 

Ils demandent aux jurés de condamner Thomas Guidicelli, mais aussi de lui permettre d'avoir une vie après.

"Un crime impulsif et véritablement déterminé" 

Du côté de la partie civile et de l'accusation, tous les proches ont entendu de la part du ministère public les mots attendus : le meurtre est un crime impitoyable, injustifiable, commis avec détermination et en pleine conscience.

"Les réquisitions qui ont été réclamées sont parfaitement conformes au crime odieux qui a été commis. Un crime extrêmement déterminé de la part de Thomas Guidicelli, commis de sang-froid. Et, à mon sens, un crime qui n'a pas du tout été impulsif mais véritablement déterminé", a déclaré Maître Nathalie Airola, avocate de la fille de la victime.

  • Deuxième jour du procès, psychiatres et psychologue à la barre 

Une psychologue est intervenue au deuxième jour du procès, le 25 novembre. Thomas Guidicelli, décrit-elle, était convaincu, que cela soit vrai ou faux, que son père l'humilitait et le maltraitait par des pressions psychiques.

Une conviction qui a enfermé l'accusé dans un "schéma dont il n'a pas réussi à s'échapper", indique la psychologue. Aux yeux de cette dernière, il faut en tenir compte dans le jugement de cet acte.

À la fin des débats, le président de la cour d'assises s'est adressé à l'accusé, lui demandant s'il voulait ajouter quelque chose. Thomas Guidicelli, d'une voix basse et fatiguée, affirme regretter son geste. "Je regrette d'avoir fait du mal à ma famille et à moi-même". L'accusé ne prononce cependant pas un mot concernant son père.
  • Premier jour du procès consacré au rappel des faits

"Tout part de la dispute avec mon ex-copine...", répète, à plusieurs reprises, Thomas Guidicelli devant la cour d’assises de la Haute-Corse. Après un long silence, il ajoute : "les raisons c’est tout ce qu’il m’a fait subir dans mon enfance."

Le premier jour de procès est consacré au rappel des faits. Le 9 avril 2017, Thomas Guidicelli, boit beaucoup lors d’une soirée. Sa petite-amie lui annonce son projet de le quitter.

Entendue elle aussi, elle raconte cette nuit qui a précédé le meurtre. Elle ne reconnaît plus Thomas Guidicelli, il lui fait peur, elle tente de fuir mais il l’embarque en voiture, la fait chuter et lui cause un traumatisme crânien.

Plus tard, il va jusqu’à la menacer avec un fusil. Puis, vers 4h30, il se présente au domicile de son père, un agrumiculteur de 58 ans qui vit à Ghisonaccia. Quand celui-ci ouvre la porte, il lui tire deux coups dans le thorax.

"Les raisons c’est tout ce qu’il m’a fait subir dans mon enfance."

Thomas Guidicelli est arrêté alors qu’il dort dans le lit de sa compagne.

Dès son arrestation, il déclare regretter son geste, se constitue prisonnier et amène les enquêteurs là où il a abandonné son arme. Il explique en partie le meurtre par le fait que sa dispute avec sa petite-amie lui rappelle le comportement violent de son père envers sa mère.

"À cinq ans je l’ai vu tenter d’étrangler ma mère", "à 7 ans, il a commencé à me faire travailler dans son exploitation. Il m’a même enlevé de l’école une semaine", raconte aujourd’hui Thomas Guidicelli. "Je faisais tout pour qu’il me dise qu’il était fier de moi mais il me répétait que j’étais un bon à rien que je ne savais rien faire de mes mains."

Je faisais tout pour qu’il me dise qu’il était fier de moi mais il me répétait que j’étais un bon à rien que je ne savais rien faire de mes mains

Thomas Guidicelli

Au procès, son ex-petite-ami décrit un père gentil, "juste un peu sévère". Pour elle, Thomas avait changé avant même la nuit du meurtre. Elle évoque des sautes d’humeurs, des violence. "J’étais sa chose", dit-elle. "Je l’ai aimé mais en fait il m’a manipulée, m’a trompée."

Pour la défense, Thomas vivait mal le fait de ne pas être aimé par son père. Pour la partie civile et l’accusation Thomas Guidicelli n’est pas l’enfant maltraité qu’il prétend avoir été.
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