Il y a cinq ans, Pierre Ridolfi décidait d'ouvrir un espace de co-working, ou co-travail, en plein cœur de son village de Balagne. Mi-associative mi-communale, la structure vient d'embaucher son premier salarié et l'espace se remplit.
Speloncato, sa place centrale, sa fontaine, son église, ses ruelles... et son co-working. C'est une exception parmi les villages balanins, et plus généralement, une rareté parmi tous les villages à échelle régionale comme nationale : depuis 2018, la commune de 300 habitants accueille l'un de ces espaces de travail, popularisés au début des années 2000.
À l'initiative de ce projet, l'entrepreneur Pierre Ridolfi. Son idée : ouvrir un co-working communal, à près de 600 mètres d'altitude, pour inciter les populations alentour - et les autres de passage - à se rendre au village, plutôt que de faire descendre les habitants. "Le but était de changer, de se dire que les gens du littoral vont monter à Speloncato pour travailler, et donc dynamiser, déclencher, peut-être, une autre vie économique autour de cela".
"Je sortais d'ici et je pouvais aller me promener, aller à la plage, au restaurant..."
"Un pari complètement fou", admet Pierre Ridolfi, mais qui, cinq ans après son ouverture, semble plus que remporté : aujourd'hui, sept salariés permanents de son entreprise se partagent l'espace avec des co-travailleurs plus ou moins occasionnels.
Certains sont de la microrégion, d'autres viennent de plus loin. C'est le cas de Christine Vaillant, cheffe de projet à Paris mais propriétaire d'une maison de vacances au village, et venue travailler dans les locaux, ce jeudi 4 janvier.
Pour cette dernière, le co-working est une petite révolution. "J'ai testé pour la première fois cet été et j'ai trouvé ça génial, parce que j'arrivais à mélanger le travail avec les vacances et les loisirs, indique-t-elle. Je sortais d'ici et je pouvais aller me promener, aller à la plage, au restaurant..."
D'autres co-travailleurs plébiscitent l'aménagement du lieu, la flexibilité des horaires... et le calme qu'il offre, aussi. "À la maison, j'ai deux petites tornades de 1 et 4 ans, sourit Maxime Battestini, ingénieur et co-worker occasionnel. Des fois, c'est un peu dur de se concentrer toute la journée. C'est beaucoup plus pratique et efficace de travailler ici."
Succès permettant, le co-working de Speloncato a récemment pu embaucher son premier salarié. En Corse, on recense, à ce jour, et selon les données du site Communiti,14 espaces de co-working, répartis sur tout le territoire.
Le reportage de Sybille Broomberg, Typhaine Urtizverea et Melissa Maitrel :