Crise de la filière ovine en Corse : "la plus grande partie de l'argent part en fourrage, et en granulés. Ca coûte extrêmement cher"

La filière ovine laitière se porte mal, en Corse comme au niveau national. Les représentants de la filière ont sollicité de la part de l'Etat une aide exceptionnelle de 30 millions d'euros pour tout le territoire français. France 3 Corse est allé à la rencontre des éleveurs.

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PIerre Nicolas Connault est un jeune éleveur ovin, et producteur de lait. Il est installé depuis quatre ans à peine, et s'inquiète déjà de l'avenir de son exploitation. "Ce qui est dur, c'est le manque d'eau. Il pleut de moins en moins, il faut nourrir les bêtes, et j'ai peur de de plus avoir les moyens financiers de donner à manger à mon troupeau"

Le Balanin le reconnaît, il y a des aides financières, bien sûr. Mais à peine arrivées, qu'elles doivent déjà repartir. "La plus grande partie de l'argent part en fourrage, et en granulés. Ca coûte extrêmement cher".

Pierre Nicolas a dû nourrir ses 250 brebis de septembre à mars dernier. Des conditions difficiles, qui chamboulent tous les plans...

Au cours des quatre dernières années, en comptant le foin, l'alimentaire, le matériel, le coût des production a augmenté de 30 %. 

Pour essayer de faire face à ces difficultés, Pierre Nicolas a décidé d'ouvrir une fromagerie en lait frais, avec l'espoir qu'elle représente un apport de revenus supplémentaires. 

Elevage contre tourisme

Les Mattei, eux, sont éleveurs de brebis de père en fils depuis quatre générations. Ils ont tout connu, et fait face à tous les problèmes de la filière, depuis des décennies. Mais aujourd'hui, la fatigue se fait sentir. "On dit toujours que c'est un métier de passion, et heureusement. Si ce n'était pas le cas, on aurait jeté l'éponge il y a un bon moment déjà", confie Françoise Mattei. "On doit se lever tous les matins à 5 heures, on ne compte pas nos heures... On a 50 ans passés, et à la fin du mois, par rapport au temps qu'on passe, on est loin d'avoir la paie qu'on mériterait"

L'un de leurs deux fils va reprendre l'exploitation. "Il a toujours voulu faire le berger, et on espère qu'il y arrivera, pour que l'exploitation familiale perdure". Mais Françoise le sait, la situation n'est pas idéale. "Plus ça va, moins il y a de gens qui veulent s'installer. Et pour cause. La filière ne se porte pas bien, et en plus de ça, ils ont des dossiers à remplir, mais en face, il n'y a personne pour les guider".  

Et puis il y a un autre problème, plus difficile encore à surmonter. Le changement d'époque, et de modes de fonctionnement, qui empêchent de nombreux éleveurs de pouvoir travailler sur les surfaces nécessaires à leur travail. "Ici, en Balagne, c'est touristique. Les terrains se vendent à des prix très importants, et les propriétaires préfèrent les garder que de signer un bail avec les éleveurs. Si jamais leurs terrains passaient constructibles, ils pourraient se faire de l'argent dessus"

Réfléchir au long terme

Mais c'est l'ensemble de l'hexagone qui est confronté à un déclin de l’élevage ovin.
A ce titre, les représentant de la filière laitière ont sollicité une aide de 30 millions d’euros, qui pourraient venir soutenir les bergers de France. 

"La Corse est une terre de bergers. Quand on aura perdu nos bergers, on aura perdu l'âme de la Corse". C'est Sébastien Rossi, le président de France Brebis Laitière, qui le dit, alors que 15.000 brebis ont disparu, sur l'île, en une dizaine d'années. 

Selon lui, en Corse, la situation est pire qu'ailleurs. "Concernant cette négociation avec l'Etat, on va avoir besoin du soutien des élus corses, et du président de l'exécutif. Mais quoi qu'il en soit, cela ne suffira pas. Il faut également que l'on se décide à mener une réflexion plus poussée sur l'alimentation, et l'autonomie alimentaire"

Alors que l'opinion publique s'est emparée de ces questions, auparavant réservées à quelques initiés, la profession des éleveurs a plus que besoin d'entamer sa révolution, si elle veut continuer d'exister dans de bonnes conditions. 

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