La filière ovine laitière de Corse en souffrance

Les difficultés des éleveurs ovins insulaires ne sont pas nouvelles, mais elles sont accentuées par la crise actuelle et la hausse des coûts. En 2022, le cheptel a diminué de 10%.

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Sébastien Rossi est inquiet pour l'avenir de sa filière. Eleveur ovins à Borgo et président du collège de producteurs au sein de l'association interprofessionnelle France Brebis Laitière, il s'alarme de la dégradation de la situation de l'élevage ovin laitier sur le plan national, et particulièrement en Corse : "On est les plus faibles, donc on subit la crise plus que les autres" constate-t-il.

Des revenus en chute libre

Selon les chiffres publiés par l'institut de l'élevage, "le cheptel reproducteur ovin lait (brebis et agnelles saillies) aurait reculé de 5 % d’une année sur l’autre, atteignant 1,48 million de têtes fin 2022 au niveau national."

Des trois gands bassins de production de lait de brebis en France, Nouvelle-Aquitaine, Occitanie et Corse, c'est la Corse qui est la plus touchée avec une diminution de 10% de son cheptel.

"Les revenus des éleveurs ont baissé de 25% en 2022, constate Sébastien Rossi, pour atteindre entre 0,6 et 1 Smic. En Corse on est dans la moyenne basse : 0,6 et moins. On a de plus en plus d'éleveurs qui arrêtent, des anciens qui sont près de la retraite parce qu'ils perdent de l'argent, et des jeunes qui sont découragés."

La hausse des coûts n'est pas compensée

En 2022, les producteurs corses ont négocié une augmentation de 10% du prix du lait de brebis auprès des transformateurs. Mais cette augmantation n'a pas suffit à compenser la hausse globale du coût des intrants, estimée entre 20 et 30%.

"L'effort des transformateurs a été répercuté sur les prix des produits, et avec la crise actuelle, les ventes de fromage de lait de brebis ont chuté de 8 à 10%. En Corse on est plutôt autour de 12%" détaille Sébastien Rossi."On ne voit pas baisser les coûts. En 2023, très peu de gens vont réussir à équilibrer les comptes" s'inquiète-t-il.

Quatre années de sécheresse

A la hausse des coûts de l'alimentation animale, s'ajoute la difficulté d'approvisionnement en fourrage, toujours plus criante alors que se profile une quatrième année consécutive de sécheresse sur l'île.

"Si on veut préserver l'élevage ovin laitier en France, il va falloir faire quelque chose" alerte le représentant des producteurs.

Les éleveurs des trois bassins de productions en appellent à leurs élus pour qu'ils les soutiennent dans une nouvelle demande d'aide exceptionnelle auprès du ministère de l'agriculture. Celle qui avait été déposée en octobre n'avait pas été suivie d'effet.

Sébastien Rossi estime que des améliorations structurelles sont aussi indispensables  sur l'île. Des investissements en matériel sur les exploitations, une plus grande maîtrise du foncier et des espaces pastoraux, et l'avènement du pôle viande de petit ruminant, toujours à l'état de projet.

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