Dans la réserve de Scandola, des scientifiques observent un effondrement de la biodiversité avec une diminution importante du peuplement de poissons, ainsi qu'une baisse de la nidification du balbuzard pêcheur, probablement liés à la pollution sonore.
Chaque année, la population de poissons diminue à l'intérieur de la zone de réserve intégrale de Scandola. Pourtant, la pêche y est strictement interdite. Les scientifiques cherchent à quantifier ce phénomène, en comptant le nombre d'individus.
« On va dérouler des rubans gradués et le long de ces rubans, sur une longueur de 25 mètres et une largeur de 4 mètres, nous allons recenser tous les poissons que nous allons observer. Identifier les espèces, évaluer les tailles, pour essayer d’appréhender la qualité du peuplement de poissons », explique Patrick Artruc, ingénieur en recherche appliquée, GIS Posidonie.
Parmi les espèces référentes en matière de biodiversité, on trouve les mérous et les corbs.
Première remarque des scientifiques : ces poissons quittent la zone intégrale de la réserve. Au total, la diminution des peuplements est de 60 %.
« On a vu beaucoup plus de poissons à l’extérieur de la réserve, là où moins de gens naviguent ou fréquentent. Les poissons se déplacent vers des zones plus calmes, ou plus en profondeur, où les atteintes du bruit se font moins sentir », précise Elodie Rouanet, ingénieure en recherche appliquée, GIS Posidonie.
La pollution sonore dérange les poissons
Le bruit, généré par la sur-fréquentation du site est une des pistes privilégiées par les chercheurs pour expliquer ce phénomène.L'été dernier, en une seule journée, 512 bateaux se sont déplacés sur la réserve.
Ces va-et-vient incessants ont aussi un impact négatif sur la population des balbuzards pêcheurs, une espèce d’oiseau protégée. Les naissances sont passées de 18 par an à une seule.
« Depuis 2011-2012, avec ce nouveau mode de fréquentation, nous avons eu un effondrement d’un coup. Avec un poussin par an. En 2017, un poussin à l’envol, sauvé de la noyade par les agents parce qu’il s’était envolé du nid par rapport aux haut-parleurs très forts des bateaux qui vont sur les nids présenter les balbuzards à leurs clients », déplore Jean-Marie Dominici, conservateur de la Réserve naturelle de Scandola.
Le bilan final des scientifiques sera établi fin 2019. Si la biodiversité continue de s'effondrer, la réserve de Scandola pourrait être retirée de la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.