La Casa Musicale de Pigna en Balagne à l'heure des chants traditionnels japonais. Des chanteurs du centre de musique traditionnelle du Japon font partager leurs savoir-faire remontant jusqu'au XIIe siècle. Des chants en voie de disparition.
Les murs du village de Pigna résonnent au son de la musique japonaise. Ces poèmes traditionnels ont été chantés au XIIe siècle par des moines aveugles. Écouter ces chroniques poétiques est un privilège, car elles sont menacées de disparition. « Cette tradition du récit est presque morte. Il n’y a plus qu’un seul chanteur authentique. J’ai donc décidé de construire la prochaine génération qui pourra chanter cette histoire. C’est ce que ces trois musiciens essayent de faire ici », indique Haruko Komoda, professeure de chant traditionnel japonais.
Le support indispensable de ces chants demeure le biwa. Un instrument d’origine perse entré au Japon au VIIe siècle. Une spécificité appréciée par les stagiaires qui sont tous des musiciens professionnels venus du conservatoire de Genève. Certains d’entre eux ont même redécouvert leurs racines.
Ces chants leur évoquent des images familières. « Je vois mon pays, je vois les paysages, je vois la tristesse dans l’histoire quelque chose avec beaucoup de virtuosité, dans la façon de narrer. Ou dans les instruments, c’est quelque chose de très simple, mais ça me touche directement », livre Hiroi Yumiko, musicienne professionnelle.
Batailles entre clans
Pour le directeur du conservatoire de Genève, il y a une certaine similitude entre ces chants traditionnels japonais et certains chants italiens. Car ces proses déclamées en public parlent de batailles entre clans.
Les thèmes principaux sont le courage et le sens du sacrifice. « On a des valeurs positives et négatives qui sont représentées par certains personnages à leur point extrême. Et cela à une fonction essentiellement pédagogique », souligne, Francis Biggi, directeur de musique ancienne au Conservatoire de Genève.
La porte de la Casa Musicale est ouverte aux amoureux du Japon jusqu’à ce soir.