Augustine, un siècle de Bretagne, " la vie d’une femme et celle de plein de gens, des Augustines, il y en a plein"

C’est l’histoire d’Augustine, une petite fille née dans les Côtes d'Armor, en Bretagne en 1920 et qui a traversé le siècle. A son décès en 2018, son petit-fils a retrouvé les carnets à qui elle avait raconté toute son existence. Touché par ses mots et son histoire, Régis Delanoë en a fait un livre qui retrace la vie d’Augustine, l’histoire de la Bretagne, celle de l’agriculture, celle des femmes. Un récit à la fois très personnel et totalement universel.

"Le dimanche, à part la messe et les vêpres, on ne sortait pas. Nous n’avions ni radio, ni télévision. Le dimanche soir, nous avions souvent la visite de notre voisin Jean. C’était un célibataire, il n’avait jamais trouvé de femme. Ce n’était pourtant pas manque d’en avoir cherché." Ainsi parlait Augustine.

Presque un siècle d'existence

Tous les midis, à table, elle avait l’habitude de raconter des anecdotes de sa vie. Des bribes de son existence de petite fille puis de femme dans la ferme d’Hillion dans les Côtes d’Armor.  

Au moment de son 80ème anniversaire, ses proches lui ont conseillé de coucher ses souvenirs sur le papier. "Pendant des mois, elle a écrit, écrit, écrit avec sa petite écriture d’écolière, sourit Régis Delanoë, son petit-fils. Une écriture au BIC, jusque dans les marges."  Elle a couché tous ses souvenirs et noirci trois cahiers.

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reportage de Fabrice Leroy, Claire Villalon et Hélène Notat • ©FTR

Toute une vie dans trois cahiers 

Elle avait choisi de raconter toute sa vie et même les conditions de sa naissance puisqu’elle évoque le traumatisme de la Première Guerre Mondiale à laquelle son père a participé. Elle parle du quotidien, des fêtes, de la religion. 

"Les fêtes religieuses n’avaient rien à voir avec maintenant, confie-t-elle à son carnet. Noël, par exemple, on ne le fêtait pas. On mettait nos sabots devant la cheminée et on avait une orange ou un Jésus en bonbon. D’autres avaient plus ou rien du tout. On ne parlait pas du Père Noël, on croyait dur comme fer que c’était Jésus qui faisait des cadeaux."

Un monde qui a beaucoup changé

Elle témoigne aussi de son existence de femme, d’agricultrice. Avec son mari, ils ont été les premiers à avoir des porcheries à Hillion. "Elle a vu le monde agricole évoluer, les choses s’accélérer ", décrit son petit-fils.

Elle a commencé sa vie dans une ferme qui n’avait ni électricité, ni eau courante et a vu arriver le téléphone, les frigidaires, les machines à laver, etc. 

Un petit trésor

Au moment du décès d’Augustine, en 2018, son petit-fils a redécouvert "ce petit trésor". "J’ai été surpris par son analyse sur son existence. Elle avait un regard critique sur la manière dont les choses ont évolué. Elle a vécu la Seconde Guerre Mondiale, les Trente Glorieuses, tout le 20ème siècle. Son récit est à la fois intime et universel."

Il est donc reparti sur les traces de sa grand-mère pour écrire un livre, Augustine, un siècle de Bretagne, publié aux Editions du Coin de la Rue. "À partir de la vie d’une anonyme, on se rend compte que c’est la vie de plein de gens. Des Augustines, il y en a plein !" conclut-il en souriant. 

(Avec Fabrice Leroy)