Hier, l'élu de l'opposition à bastia a lancé un pavé dans la mare. Julien Morganti a publié un communiqué de presse valant candidature aux élections municipales. Chez François Tatti et Jean Zuccarelli, potentiels alliés à gauche, "on ne commente pas", mais on grince des dents.
Dans son communiqué, intitulé Un Futur pour Bastia, Julien Morganti pose une question aux Bastiaises et aux Bastiais, et annonce la couleur.
Quel profil voulez-vous pour votre futur maire ?
Le conseiller municipal d'opposition bastiais, lui, a une petite idée sur la question.
Communiqué de presse "Un futur pour Bastia", de Julien Morganti
Depuis quelques mois, ça ne faisait guère de doutes.
Julien Morganti se verrait bien maire de Bastia.
Et il a décidé qu'il était temps de ne plus faire mystère de ses ambitions.
Ca valide une candidature, mais je ne commente pas le reste...
Le communiqué de presse vaut feuille de route pour les prochaines municipales.
"Bastia a besoin de retrouver sa place, sa fierté et son ouverture d'esprit. Notre projet sera résolument économique, social et écologique, car pour distribuer de la richesse, il faut d'abord en produire. Et c'est uniquement à partir de ce projet que nous pourrons rassembler".J-200 de l’élection municipale de Bastia.
— Julien Morganti (@Morgantij) August 29, 2019
Un Futur Pour Bastia
Cette élection est une chance pour notre ville !
✅ Déclaration d’engageant
✅ Un projet partagé, dynamique et positif
✅ + d’info au 0617173534 & unfuturpourbastia@gmail.com pic.twitter.com/8vOmegsjbI
Projet détaillé, personnalisation de la communication, utilisation de la première personne du singulier tout au long du texte, message à l'adresse des Bastiaises et des Bastiais en vidéo.
Pour quiconque, hier, a lu le communiqué de presse sur les réseaux sociaux, aucun doute, la campagne pour les municipales de 2020 est lancée.
Et une candidature claire vient d'être annoncée.
Julien Morganti, joint par nos soins ce matin, s'amuse de nos conclusions. "Je reste sur le projet, c'est ce qui est le plus important. Je vous réponds brièvement, j'ai donné l'info à la presse, mais je ne ferai pas d'interviews, je ne fais rien".
Bref, on a compris le message officiel.
Bastia d'abord. Peu importe qui portera le projet.
Mais dans la foulée, Julien Morganti ne peut s'empêcher d'apporter quelques précisions : "effectivement, j'annonce que je porterai ce projet. Ca valide une candidature. Mais je ne commente pas le reste..."
Le reste, c'était notre question initiale :
Julien Morganti défendra-t-il les couleurs de la gauche bastiaise qui a passé une bonne partie de la mandature dans l'opposition, comme ce fut un moment envisagé ?
Plus clairement, François Tatti et Jean Zuccarelli se rangeront-ils derrière lui ?
A cela, on n'obtiendra pas de réponse claire.
Ce n'est pas un événement qui mérite une réaction, à ce stade.
Alors autant essayer de s'adresser aux principaux intéressés.
François Tatti, l'homme avec qui Julien Morganti a mené toutes les batailles électorales jusqu'ici, semble un peu agacé...
"Je n'ai pas l'intention de réagir pour l'instant, il faut être très clair. Ce n'est pas un événement qui mérite une réaction, à ce stade.
De mon côté je suis en train de travailler et je m'attache à construire une démarche de rassemblement".
Autant dire que, si du côté de Julien Morganti, on "valide une candidature", ce n'est pas vraiment le cas chez les alliés potentiels...
Jean Zuccarelli, le troisième pilier d'une union de gauche bastiaise vacillante, semble lui aussi un peu embarrassé par nos questions, mais se montre plus disert...
"On prend acte des déclarations de Julien Morganti, qui confirment un engagement, une éventuelle candidature. Ce que cette démarche signifie réellement, il n'y a que le principal intéressé qui peut nous en dire plus. Pour ma part je ne spéculerai pas sur les sous-entendus."
Mais quand on confie à Jean Zuccarelli que Julien Morganti nous a confirmé sa candidature, il ne semble guère étonné. "C'est vrai qu'il n'a pas participé aux récentes discussions des groupes d'opposition, auxquelles il prenait part jusque-là avec François Tatti au nom du Mouvement Corse Démocrate. Il s'est fait remplacer lors de la dernière réunion en date..."
Bref, Julien Morganti a apparemment décidé de mettre les alliés d'un temps devant le fait accompli.
Adoubement ou pas, celui qui a fondé le MCD avec François Tatti a décidé de prendre ses distances avec son mentor.
Et de faire cavalier seul.
La prudence reste de mise, histoire de ne pas mettre en péril de possibles alliances au soir du premier tour
Faire face, en première ligne, au vote des électeurs, c'est quelque chose qui démangeait Julien Morganti depuis longtemps.Lors des législatives de 2017, il s'y était essayé sur la première circonscription. Il était parti seul, face à François Orlandi, qui avait pourtant obtenu l'investiture LREM que Julien Morganti convoitait.
Il avait recueilli 8,4 % des suffrages.
Nul doute qu'il avait déjà, à l'époque, scruté avec une attention particulière son résultat à Bastia.
12,21 %...
A moins d'un ralliement soudain, et même si François Tatti et Jean Zuccarelli disent continuer de croire à "une démarche d'union", la gauche risque fort de ne pas parler d'une même voix lors de la campagne qui va débuter dans les prochaines semaines.
Mais la prudence des différents protagonistes, qui se souviennent de 2014, démontre une chose.
Les lendemains de premier tour peuvent appeler bien des réconciliations, et des alliances inattendues, et les ennemis d'hier peuvent (re)devenir les meilleurs amis du monde.