Le jeune photographe bastiais Raphaël Poletti expose pour la première fois ses clichés au centre culturel "Una Volta" à Bastia.
Une trentaine de photos capturées pendant les incendies de l'été 2017, dans le Cap Corse.
Comment un désastre peut-il au final être si esthétique ?
Le sentiment qui nous envahit quand on rentre dans la salle du centre culturel Una Volta est presque paradoxal...
De part et d'autre, des photos, disposées de manière à plonger le visiteur au coeur des incendies.
Les cendres, les flammes, la fumée, la noirceur
Toutes les pièces sont issues du travail Photopresse de Raphaël Poletti, alors qu'il couvrait les violents feux qui avaient sévi en Corse durant l'été 2017.
La série date d’août 2017, lors de l’incendie de Pietracorbara.
C'est le genre de situation où l'on se rend compte que l’humain est vraiment tout petit, face à des cataclysmes.
Le photographe finit d'accrocher deux cadres. Un macabre dyptique qui évoque les illustrations de certains contes terrifiants.
Ou pire:
On distingue à peine les silhouettes qui se dessinent. Il y a un petit côté zombie qui ressort...
Le jeune bastiais semble penser à voix haute, comme absorbé par la force de ces photos qu'il connait pourtant par coeur.
Des références cinématographiques
Au fur et à mesure des photos que l'on observe, la fiction rattrape souvent la réalité captée par l'objectif.
Les teintes du feu, l'intensité des photos et la composition du cadre de l'une d'elles rappelleront sans nul doute Apocalypse Now aux plus âgés.
Au détour d'une salle, une autre évoquera la série Stranger Things aux plus jeunes.
Et malgré le côté graphique qui se dégage de ses photos, Raphaël Poletti prend le temps de rappeler que son travail n'est pas une "ode" aux incendies.
J’espère que c’est un bon témoignage, que ça fera percevoir les incendies d’une façon différente, peut-être moins explicite.
On est pas forcément obligé d’avoir un Canadair, un pompier ou une flamme sur chaque image.
On est sur de l’immense, sur des petites silhouettes qui semblent lutter contre quelque chose qui les dépasse complètement.
Première exposition
Pour l'artiste, même si Raphaël Poletti rechigne à parler d'art, il s'agit en tout cas de sa première véritable exposition, constituée de 26 pièces, des "chutes", en quelque sorte, de ses photo-reportages.
C’est toujours fabuleux de voir ses photos affichées.
C’est peut-être un peu cliché, sans jeu de mots, de dire ça, mais avec le numérique on se retrouve souvent à stocker des photos qu’on ne regarde finalement plus…
Et là c’est imprimé, retouché par des professionnels et finalement c’est ce qui correspond le plus à ma vision de départ.
L'exposition, qui débute aujourd'hui, se poursuivra jusqu'au 12 juillet prochain, au centre culturel Una Volta à Bastia.