Le premier salon de coiffure solidaire de Corse a ouvert ses portes à Bastia, quartier Lupinu. Tout le monde peut s’y faire coiffer, mais les personnes dans le besoin bénéficient des tarifs réduits. L’établissement est le résultat du long parcours mené par Roselyne Riu.
C'est le grand jour pour Roselyne. Celui de l'ouverture. La nouvelle enseigne n'est pas encore en place. Le nom de son salon de coiffure, Bellezza Sulidarita, est juste scotché à la vitrine.
Mais Roselyne n'en pouvait plus d'attendre. Et apparemment, elle n’est pas la seule. Les premiers clients sont au rendez-vous, curieux de découvrir ce salon un peu particulier.
Un premier jour, c'est toujours un peu stressant. Mais Roselyne est sereine. « Lorsque je suis allée démarcher les associations, j’ai vu l’engouement que présentait le projet. Donc je ne peux être que confiante. Il n’y a pas de souci avec ça, tout le monde joue le jeu et puis il le faut. Les gens ont vraiment besoin d’être coiffés et dans un salon solidaire. C’est le premier dans toute la Corse, c’est énorme. Je suis très fière de mon bébé », sourit la coiffeuse.
Camion itinérant
L'idée de cette initiative est née dans un camion. C’est dans ce véhicule que Roselyne exerce son métier de coiffeuse depuis de longues années. Elle y sillonne les routes de la Haute-Corse et visite des dizaines de villages.
Ses clients habituels ne sont pas du tout étonnés de l'ouverture du salon solidaire. « Elle est super. Parce qu’il y en a qui ont beaucoup de sous et qui ne font rien du tout. Et ceux qui triment, qui se lèvent pour gagner un peu d’argent, ils font du bien », estime une des clientes de Roselyne.
Et faire du bien, ça demande du temps, et de l'organisation. Trois jours par semaine dans le camion, trois jours dans son nouveau salon. Un salon ouvert à tous : aux gens dans le besoin et aux autres.
15 000 euros d’investissement
Avec les clients qui paient le tarif normal, Roselyne peut financer les heures consacrées aux gens dans le besoin. C'était l'unique solution pour parvenir à ses fins. « Ca a vraiment été le parcours du combattant. On y est arrivé, on est content. Ça a été semé d’embûches, il ne faut pas se le cacher, pas beaucoup de financements. Donc il a vraiment fallu qu’on en veuille pour en arriver ici aujourd’hui », continue la coiffeuse.
En tout, plus de 15 000 euros d'investissement ont été nécessaires à la jeune femme pour réaliser son projet. Pour tout soutien, elle a obtenu 1 000 euros de la mairie de Biguglia, et un prêt à taux zéro de Corse Initiative réseau. Pour faire le bien, Roselyne y va de sa poche.
Mais cela lui tient tellement à cœur qu'elle espère bientôt pouvoir faire pareil dans d'autres villes de Haute-Corse.