A Bastia, les habitants se mobilisent pour faire des dons aux réfugiés de la guerre en Ukraine

Une collecte de dons a été organisée dans l'urgence. Et la réponse a été au-delà de toutes les attentes. Des médicaments sont déjà partis en direction des camps de réfugiés, en Pologne.

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"Les denrées alimentaires, c'est la porte à côté. Les médicaments, c'est dehors, contre le mur du magasin. Et les vêtements, c'est ici !" Ils sont une poignée de bénévoles, à l'angle de la rue Casale et de la rue Napoléon, à orienter les Bastiaises et les Bastiais qui sont venus faire un don pour les réfugiés ukrainiens. Très vite, dépassés par le succès de leur initiative, ils ont dû faire ouvrir le local voisin. A l'intérieur, les piles de sacs et de cartons montent jusqu'au plafond. 

Ce lundi matin, Barbara traîne derrière elle une valise sur roulettes, et un cabas en tissu de supermarché. Elle a pris place dans la file d'attente qui s'est formée au milieu de la rue, à quelques mètres de la terrasse bien garnie d'un restaurant.

Je me dis qu'ils sont seuls, qu'il fait froid...

Barbara

Dans la matinée, elle a appris par les réseaux sociaux qu'une collecte était organisée à Bastia. Sans plus attendre, elle a ouvert ses penderies, pour participer à l'effort collectif : "je me dis qu'ils sont seuls, qu'il fait froid... Et puis ce sont surtout des femmes, des enfants qui sont partis. Ca doit être un déchirement, alors que les hommes sont restés derrière, au front. Le seul moyen que j'ai trouvé de leur montrer mon soutien, c'est de leur donner des vêtements, pour leur apporter un peu de confort. J'ai mis des petits messages dans les poches, j'ai fait un cœur, et écrit quelques mots en anglais..." 

Pas très loin, Aurélie montre les chaussures à crampons de son fils, qu'elle a glissés dans un sac. "Les enfants, ça joue, même si c'est la guerre". 

Solidarité

Maria Lytvyna Stefani a du mal à dissimuler son émotion. "Je suis sans voix. Je suis tellement reconnaissante de savoir que ce qui nous arrive touche les gens. Je suis dévastée, depuis trois jours... Savoir que les gens comprennent, et se mettent à la place des miens, qui ont tout perdu du jour au lendemain, ça fait chaud au cœur. C'est injuste, ce n'est pas possible de détruire la vie des gens comme ça !" 

C'est comme si la France envahissait la Belgique.

Maria Lytvyna Stefani

Maria réside en Corse depuis trois ans, avec son mari, insulaire, et leurs deux enfants. Mais une grande partie de sa famille vit toujours à Kiev. Sa mère n'a pas voulu quitter son appartement, elle dort depuis trois nuits dans la salle de bain, pour rester loin des fenêtres, alors que les explosions résonnent dans les rues vides, et que les balles sifflent à toute heure du jour et de la nuit. Le matin, elle sort quelques instants pour acheter de l'eau et du pain, et rentre se terrer chez elle. C'est le quotidien de l'immense majorité des Ukrainiennes et des Ukrainiens depuis l'entrée des chars russes dans le pays. "C'est comme si la France envahissait la Belgique ! Ma mère est effrayée, traumatisée. Du jour au lendemain, sa vie s'est effondrée"

Durant les premiers jours, elle a passé son temps à glaner des informations, collée à son téléphone et à son ordinateur. "J'envoyais des messages tout le temps, à tout le monde, mais je me suis rendu compte que je ne pouvais pas les déranger en permanence, il ne fallait pas qu'ils doivent en plus gérer mon hystérie. Alors j'ai réfléchi à ce que je pouvais faire, de mon côté, pour être utile, de quelque manière que ce soit".

Urgence

D'abord, Maria lance un appel aux dons pour soutenir l'armée ukrainienne. Et dimanche matin, elle voit qu'une manifestation est organisée sur la place Saint-Nicolas. Elle y va, bien décidée à tenter de fédérer toutes les bonnes volontés. "J'ai vu Julien Morganti, qui avait lancé l'appel, et je suis tout de suite allée vers lui pour le solliciter. Je sais qu'il y a, en Corse, des moyens qu'on peut mettre en œuvre et qui sont incroyables. On a réfléchi, et il m'a dit "on va créer une association, une page facebook, et on va aller toucher les gens". En quelques heures, c'était fait, et ça a payé", conclut Maria Lytvyna Stefani en montrant d'un geste la file d'attente devant le centre de collecte. 

Le mouvement de solidarité ainsi créé a un nom :  La Corse solidaire du peuple ukrainien . Julien Morganti, élu municipal d'opposition, raconte : "On n'a pas de temps à perdre. C'est maintenant que cela se passe, il y a urgence. On met l'accent sur la collecte. Et des convois partent déjà pour les camps de réfugiés en Pologne. Ce sont des Ukrainiens et des Ukrainiennes, qui partent avec leur voiture, ou un fourgon. Ce soir, ils embarquent, direction Marseille, puis l'Italie. Et demain matin, ils seront en Pologne. Le médical est parti en premier. C'est ce qu'ils nous ont demandé. Mais on est en train de se mettre d'accord avec des transporteurs, pour que tout soit en ordre de marche le plus vite possible et que le gros des dons puisse partir à son tour."

Effet boule de neige

Devant le succès remporté, et les besoins, qui à chaque heure de conflit deviennent plus importants, d'autres collectes vont être organisées dès aujourd'hui, 1er mars, au théâtre de Bastia à partir de 10 heures. Et d'autres points de collecte vont voir le jour, à Pietranera, Prunelli di Fiumorbu, L'Ile Rousse ou Bonifacio. 

Les besoins évoluent également au jour le jour. Alors les organisateurs ont fait la liste des produits recherchés en priorité, que vous pouvez consulter dans le post Facebook ci-dessous : 

En Corse-du-Sud, l'association Solidarité Corse-Ukraine a vu le jour ce lundi 28 février, à l'initiative de Nataliya Khobta Santoni, docteur à l'hôpital d'Ajaccio. 

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