Jeudi 24 février, Vladimir Poutine a lancé une "opération militaire" pour envahir l'Ukraine. Depuis, les troupes russes sont arrivées à Kiev, capitale ukrainienne, et les combats et bombardements sont quotidiens forçant certains Ukrainiens à fuir leur pays. Les élus corses réagissent.
Depuis le début de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, débuté le 24 février dernier, le gouvernement ukrainien fait état de 198 civils tués, dont trois enfants, la mort d'une dizaine de militaires et plus d'un millier de blessés. Les réfugiés ukrainiens affluent également dans les pays frontaliers, notamment en Pologne qui annonce en accueillir déjà 115.000.
Cette invasion a suscité un véritable tollé international et les rassemblements de soutien au peuple ukrainien sont organisés dans le monde entier. L'un d'entre eux, organisé par le candidat aux élections législatives de Haute-Corse, Julien Morganti, s'est tenu à Bastia ce dimanche 27 février. "C'est important d'être solidaire de ce qu'il se passe aujourd'hui en Europe et comme toutes les grandes villes au niveau national et européen, on a aussi voulu qu'à Bastia, en Corse, il y ait un rassemblement pour montrer notre solidarité avec le peuple ukrainien et dire non à la guerre en Europe. Rien ne doit justifier une guerre, rien ne doit justifier le massacre d'un peuple. Il faut qu'il y ait des discussions et des pourparlers rapidement", explique-t-il.
?? Environ 80 personnes réunies place Saint Nicolas à Bastia en soutien à l’Ukraine@FTViaStella pic.twitter.com/3M61d0ENgE
— Paul Salort (@PaulSalort_) February 27, 2022
En plus de cette mobilisation citoyenne, des représentants politiques insulaires ont également affiché leur soutien à l'Ukraine. Les conseillers territoriaux ont notamment observé une minute d'applaudissements dans l'hémicycle de l'Assemblée de Corse.
Avant les débats, l’Assemblée de Corse a manifesté son soutien au peuple ukrainien par une minute d’applaudissements. pic.twitter.com/a5okOxVREv
— France 3 Corse (@FTViaStella) February 24, 2022
Le député Les Républicains de la 1re circonscription de Corse-du-Sud, Jean-Jacques Ferrara, se dit quant à lui "inquiet". "Vladimir Poutine est dans une logique où il ne peut pas reculer et on a bien constaté l'impuissance de l'Union européenne et de l'Otan à pouvoir endiguer cette volonté hégémonique de la Russie sur l'Ukraine. Vu la détermination et l'histoire du peuple ukrainien et cette nécessité pour Vladimir Poutine de garder la tête haute, je ne crois pas que nous allions vers l'apaisement", estime-t-il.
"Si la Russie le fait, pourquoi pas nous ?"
Ce dimanche, les Occidentaux ont adopté un nouveau train de sanctions, visant notamment à exclure de nombreuses banques russes de la plateforme interbancaire Swift, rouage essentiel de la finance mondiale, a annoncé le gouvernement allemand, qui préside le forum du G7. Les partenaires occidentaux ont également décidé de restreindre l'accès de la banque centrale russe aux marchés des capitaux et de paralyser les actifs de cette dernière afin d'empêcher Moscou d'y recourir pour financer le conflit en Ukraine, a affirmé quant à elle la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.
D'autres sanctions visent aussi les oligarques russes et leurs familles pour les empêcher d'obtenir la nationalité des pays occidentaux. Elles ont été prises par les États-Unis, la France, l'Allemagne, la Grande-Bretagne, le Canada, l'Italie et la Commission européenne. Insuffisant pour Jean-Jacques Ferrera. "Ces sanctions doivent monter en puissance et doivent être renforcées. Le nerf de la guerre, c'est l'argent. Et puis j'ai espoir, qui est le réveil du peuple russe qui n'est pas enchanté par cette guerre contre le frère ukrainien. Les soldats russes ne sont pas enchantés. Ça n'a rien à voir avec ce qu'on a vu par le passé. L'Ukraine, c'est le frère historique de la Russie", estime-t-il.
De plus, le député craint que la violation des traités internationaux en Europe de l'Est puisse "ouvrir la porte à tous les excès. Puisqu'on a des puissances régionales en Méditerranée avec des conflits territoriaux anciens qui, peut-être, peuvent se sentir désinhibés et je ne vois pas pourquoi la Turquie, l'Algérie, ne diraient pas : 'Si la Russie le fait pourquoi pas nous ?'", analyse Jean-Jacques Ferrara.
Vers un accueil de réfugiés en Corse ?
Le regard des élus et représentants insulaires est, comme partout ailleurs, tourné vers le chef de l'État. Pour Michel Stefani, secrétaire régional du Parti communiste français (PCF), la France doit aujourd'hui "faire entendre une voix originale". "Qu'elle convoque une conférence internationale pour ramener la paix en Europe et garantir la sécurité collective. Nous en avons grand besoin et nous sommes aujourd'hui gravement exposés par ce qu'il se passe en Ukraine", soutient-il. La fédération de Corse-du-Sud du PCF appelle à un rassemblement devant la Préfecture d'Ajaccio, lundi 28 Février à 17h30.
Si un débat sur l'invasion russe de l'Ukraine aura lieu mardi 1er mars à l'Assemblée nationale, le député de la 2e circonscription de Corse-du-Sud envisage d'ores et déjà des conséquences sur le fonctionnement des institutions françaises. "Si la situation s'aggrave, est-ce qu'en France, on sera en capacité de garder les élections présidentielles comme elles sont prévues. Emmanuel Macron est aussi pris à son propre piège. L'arme qu'il utilisait contre ses adversaires s'est retourné un petit peu contre lui", livre-t-il.
Dans la continuité de l'Histoire insulaire, le député de la 2e circonscription de Haute-Corse, Jean-Félix Acquaviva, appelle quant à lui "le conseil exécutif de Corse, la collectivité et les communes à réfléchir à l'organisation d'un soutien pour le peuple ukrainien, en termes humanitaire ou d'accueil. Cette tradition d'accueil fait partie de la culture du peuple corse."
Outre la classe politique, des associations corses apportent leur soutien au peuple ukrainien. Per a Pace, Pour la paix, "condamne avec la plus grande fermeté cette intervention militaire de la Russie. Elle se prononce résolument pour la Paix et appelle aux dialogues et à la raison afin qu’une issue négociée dans le respect de chacun aboutisse. Elle apporte son soutien inconditionnel aux populations civiles qui aujourd’hui sont devenues les otages de confrontations politiques et géostratégiques." La section corse de la Ligue de droits de l'Homme "voit dans cette agression la confirmation de la tendance lourde qu’ont les régimes totalitaires à faire prévaloir la force en tout temps, au mépris du droit international, de la souveraineté des Etats et des droits fondamentaux des peuples. Elle souligne que l’absence de réactions effectives face aux atteintes portées aux libertés, aux droits de l’Homme et à leurs défenseurs nourrit une culture de la violence, de la guerre et du conflit. Les compromissions au nom d’intérêts économiques ont toujours légitimé et renforcé ces régimes. Aujourd’hui, notre soutien doit aussi s’exprimer en direction des citoyennes et des citoyens russes qui s’opposent publiquement à cette guerre d’invasion. Face à ce lourd défi menaçant toutes les démocraties, elle appelle la communauté internationale et la France à intervenir d’urgence pour obtenir une désescalade immédiate et la protection des populations civiles déjà durement touchées."
Samedi, l'armée russe a reçu l'ordre d'élargir son offensive en Ukraine "dans toutes les directions". Néanmoins, cette dernière se heurte à la résistance de l'armée ukrainienne et n'a pour l'instant pris le contrôle total d'aucune ville ukrainienne. Moscou a annoncé, dimanche, mettre en alerte la "force de dissuasion" de l'armée russe, qui peut comprendre une composante nucléaire.