Une semaine après les soignants en réanimation, ce sont les infirmiers-anesthésistes qui se mobilisent ce lundi 17 mai. Suite au Ségur de la santé, des postes d'infirmiers en pratique avancée vont être créés. Un nouveau statut plus général et moins spécialisé qui inquiète les professionnels.
À Bastia comme partout en France, la grève des infirmiers-anesthésistes est particulièrement suivie ce lundi 17 mai. Répondant à l'appel de plusieurs syndicats, CGT-Santé en tête, ces professionnels de santé réclament une reconnaissance de leur spécialité et des hausses de salaires. La réforme en cours, née du Ségur de la santé, vient de créer à leur côté un diplôme d'infirmier en pratique avancée. Selon eux, il pourrait, à terme, menacer leur propre spécialité.
"On a peur d’être invisibilisés"
"Ce qui nous embête c’est qu’ils [les futurs titulaires du nouveau diplôme] viennent empiéter sur notre travail, expose d'emblée Magali Casanotta, infirmière-anesthésiste diplômée d'état (IADE) au centre hospitalier de Bastia et porte-parole du collectif des IADE. "Le nouveau ségur de la santé nivelle par le bas tous les infirmiers spécialisés qui sont mis sur le même plan que les infirmiers généralistes. Toutes nos années de formation supplémentaires sont gommées par ces nouveaux statuts" .
Dans les faits, ces nouveaux professionnels peuvent exercer après une formation de trois ans en école d'infirmier et deux ans d'alternance, contre sept ans jusqu'alors.
Avec cette formation de sept ans (trois ans d'école, deux ans de pratique hospitalière, deux ans de formation spécialisé), l'infirmier-anesthésiste intervient notamment aux urgences, au samur mais aussi en réanimation. Il est aujourd'hui un auxiliaire médical travaillant en binôme avec un médecin.
Un travail en binôme avec les médecins
Parmi les spécialisation des infirmiers-anesthésistes qui pourraient disparaitre, les infimiers de bloc opératoire craignent pour leur survie. "Ensemble on prend en charge le patient de A à Z, pose Mickaël Panloup, infirmier anesthésiste au centre hospitalier de Bastia. On fait une consultation pré-anesthésique pour voir les antécédents et comorbidités des patients. On regarde ensemble quelle stratégie on peut adapter. Quand le patient entre en salle, on fait l’induction, on l'endort pour que son intervention puisse avoir lieu."
L'infirmier l'assure, depuis que ce binôme est créé, le nombre de décès et d’incident pré-anesthésiques diminue de plus en plus. Et ce travail en couple est particulièrement reconnu par les médecins. "Je suis de tout cœur avec mes collègues infirmiers anesthésistes, commente Ourdia Kachenoura, médecin anesthésiste dans le même centre hospitalier. C’est grâce à eux que l’on peut faire 32 patients par jour. Ils ont des compétences dans tous les domaines et on peut leur faire confiance. En cas de catastrophe dans un autre bloc on peut les laisser seuls en salle."
Cette autonomie dirigée est reconnue par la loi mais les spécialistes appréhendent que la réforme ne remette en cause ce statut. Ils continuent de réclamer une meilleure connaissance de leur statut.