Le mois de septembre rime avec la rentrée littéraire : beaucoup de bruit et son lot de chamailleries entre maisons d’édition en vue des prix d’automne. Loin de tout ce capharnaüm, Bastia accueille pour la troisième année consécutive Libri Mondi, un festival singulier.
Perché sur les hauteurs de la Citadelle, au milieu de la végétation luxuriante des jardins suspendus, le festival Libri Mondi fait la part belle une poignée d’auteurs triés sur le volet.
L’occasion de les rencontrer, de discuter, de prendre le temps. À contre-courant de la culture de masse, les rencontres littéraires de Bastia sélectionnent six auteurs qui viennent présenter un livre et échanger avec le public pendant 1 h 30.
L’événement est gratuit et ouvert à tous. Cette édition affiche « une tonalité résolument sociale », expliquent les organisateurs, « la programmation offrait une photographie stupéfiante de notre époque. »
Millésime
Cette année, le domaine Marengo a lancé son millésime 2018 le jour de la venue Laurent Chalumeau à Libri Mondi. Depuis 2014, Benoît et Marina Bronzini de Caraffa, couple de vignerons, associent leur cuvée Appolonia, vin AOP Patrimonio, à la littérature.
Ainsi, comme une quatrième de couverture, un texte, extrait d’un livre, est imprimé sur les étiquettes du millésime. Texte qui n’a aucun rapport avec le vin. Cette saison, le couple a choisi « VNR » de Laurent Chalumeau.
► Trois questions à Benoît Bronzini de Caraffa
• Pourquoi associer vin et littérature ?
Le premier millésime avec des extraits de texte est sorti en 2014. C’était l’année où nous avons eu des vins en AOP Patrimonio et il fallait faire une nouvelle étiquette. On aimait bien l’idée de reprendre une couverture de livre, mais finalement le plus simple a été de choisir un texte.
L’idée, c’est aussi de choisir un livre qui marque son époque. C’est comme un vin qui a subi le climat de l’année, l’extrait choisi reflète la société, et dans 10 ans, on pourra voir si le texte a vieilli ou non.
Parfois, les gens qui achètent une bouteille peuvent être interpellés par le texte. Ça ne laisse pas indifférent, certains nous appellent pour avoir des explications.
• Parlez-nous de la cuvée 2018 et du choix du texte.
Le livre « VNR » m’a beaucoup plu. On a contacté Laurent Chalumeau et il était très enthousiaste à ce qu’on puisse utiliser son livre, il trouvait que c’était une excellente idée. Je suis très content de l’extrait de cette année, car c’est la première fois qu’on utilise un livre ancré dans son époque.
• C’est difficile de convaincre les auteurs ?
Jusqu’à présent, aucun auteur n’a refusé, ils sont plutôt enthousiastes. On contacte les auteurs pour avoir leur autorisation, ça demande un certain travail et un peu de chance aussi. Puis, idéalement, on rencontre l’écrivain ou sinon on discute par téléphone ou par mail.
On ne contacte pas les maisons d’édition parce qu’on n’a jamais de réponse. Mais les auteurs disent qu’ils n’ont besoin de l’autorisation de personne. D’ailleurs, Jérôme Garcin, le premier à avoir collaboré, avait dit : « C’est mon livre, j’en fais ce que je veux ». Les extraits sont très courts et ça n’abîme ni l’image de l’œuvre ni de la maison d’édition.