Ce jeudi 14 novembre, des personnels grévistes ont bloqué la direction départementale des finances publiques de Bastia. Ils réclament l’arrêt des suppressions d’emplois et le maintien de tous les services de proximité.
Des poubelles enchaînées les unes aux autres, des drapeaux et des banderoles. Depuis 7 heures, ce jeudi 14 novembre, des personnes grévistes bloquent l’accès à la direction départementale des finances publiques à Bastia. Une mobilisation en soutien avec l'appel d'une grève nationale des syndicats FO, CGT , Solidaires et CFDT-CFTC.
Toutes les trésoreries du département de Haute-Corse sont fermées depuis ce matin. Il s'agit de la 23e action de la sorte organisée dans le département par les personnels du service des finances publiques depuis le début de l'année.
Grève aux Finances Publiques, la direction à Bastia bloquée depuis ce matin. Un rassemblement est prévu à 10h sur place par l'intersyndicale CGT, FO et Solidaires. pic.twitter.com/jtI3D9IvZ5
— France 3 Corse (@FTViaStella) November 14, 2019
Cible de la colère des grévistes, le plan Darmanin. Le ministre de l’Action et de Comptes publics a ainsi annoncé son intention de réorganiser la carte des trésoreries.
Une réforme qui, selon l’intersyndicale CGT-FO-Solidaire, pourrait conduire à la fermeture de plusieurs perceptions : en Haute-Corse, au total, 8 des 11 trésoreries seraient menacées, de même que 2 des 3 centres d'impôts du département.
Des fermetures qui conduiraient ensuite à des suppressions d'emploi, redoutent les syndicats, qui pointent la baisse importante des effectif des finances du département au cours des dernières années : ces derniers auraient chuté de 16% en 7 ans, avec 255 postes aujourd'hui contre 304 en 2012.
Fermetures et emplois menacés
Au centre des finances publiques de Folelli, on a suivi le mouvement de grève, ce jeudi. La trésorerie, ouverte en 2014, fait partie de celles qui risqueraient d'être prochainement fermées.
À l'origine, celle-ci avait pourtant été mise en place pour fusionner les centres des communes de Piedicroce, La Porta et Vescovato. Mais en 2019, le centre perd la charge du traitement de l'impôt, transférée à Bastia. Une tâche qui concerne 12 500 contribuables. Les emplois pour accompagner ce changement de centre, eux, n'ont pas suivi.
Pour autant, selon Vincent Bérioux, contrôleur des finances publiques à Folelli, le centre communal aurait encore aujourd'hui toute son importance pour les habitants."L'impôt a été transferé à Bastia, mais nous avons encore des personnes qui viennent pour des questions fiscales" assure-t-il. Depuis 2014, la masse salariale est passée de 7 à 3 personnels au sein de la trésorerie.
L'impôt a été transferé à Bastia, mais nous avons encore des personnes qui viennent pour des questions fiscales
Pour les particuliers, la fermeture du centre impliquerait un déplacement de plusieurs dizaines de kilomètres. Trop compliqué pour certaines personnes "qui ne peuvent pas forcément se déplacer, argue Vincent Bérioux. Ici, même si nous n'avons plus la mission fiscale, nous pouvons répondre à leurs questions. On y répond encore tous les jours."
Pour lui, si la réforme n'a pas été encore officiellement annoncée, ce ne serait plus qu'une question de temps. "On nous supprime des missions, on nous supprime du personnel, et après, on nous dit qu'on est pas assez nombreux afin de fermer [le centre]. C'est ce qui s'est passé avec la loi montagne, je ne vois pas pourquoi ça n'arriverait pas ici aussi."
"Il faut ouvrir d’autres services publics en Corse"
La direction, jointe par téléphone, affirme qu’aucune réforme n’est prévue en Corse. Pour les syndicats, il s’agit de mensonges.
"C’est complètement faux. La carte a été faite, comme dans les autres régions. Mais grâce à notre mobilisation et aux mobilisations des élus et l’intervention de la préfète, Bercy a bloqué cette carte pour le moment alors qu’au plan national, elles sont divulguées depuis le mois de juin. Mais elle peut ressortir à tout moment. Nous voulons qu’elle soit enterrée définitivement et qu’on ouvre un dialogue dès le mois de janvier 2020 avec l’exécutif de la collectivité de Corse avec les préfets et la direction des finances publiques pour voir de quels services publics la Corse a besoin. Elle n’a pas besoin de fermer des services, mais il faut en ouvrir d’autres", affirme Jean-Pierre Battestini, CGT Finances publiques.
Sur les 260 agents des trésoreries et centres d'impôts de Haute-Corse, 40 sont en arrêt maladie, ajoute le représentant syndical, qui parle de "syndrôme France Télécom".
Une délégation de grévistes a été reçue dans la matinée en préfecture.
Demain, vendredi 15 novembre, le travail reprendra normalement, assurent les grévistes. Mais la mobilisation contre la réforme, elle, va perdurer.
L'ESI d'Ajaccio menacé
La réorganisation devrait également affecter les services de Corse-du-Sud.
Dans un courier adressé au ministre des comptes publics, les députés de Corse Jean-Felix Acquaviva, Michel Castellani, et Paul-André Colombani, membres de la coalition de partis Pè a Corsica, s'opposent à la fermeture programmée de l'établissement des services informatiques d'Ajaccio, rattaché à la direction générale des finances publiques de Corse.
Avec mes collègues @Pe_A_Corsica @JF_Acquaviva et @Castellani_ nous avons porté à l’attention du Ministre @GDarmanin nos inquiétudes concernant la situation préoccupante de l’ESI d’Ajaccio dont les emplois sont menacés. @corsenetinfos @FTViaStella @Corse_Matin @FranceBleuRCFM pic.twitter.com/eXq8yQk6uD
— Paul-André Colombani (@pacolombani) November 14, 2019
"Cette structure avait été créée dans les années 1980 afin de gérer l'informatique du Trésor public et doter la Corse d'emplois qualifiés. Ce sont une vingtaine de ces emplois qui se retrouvent menacés par sa fermeture" peut-on ainsi lire. "Ce service semble placé dans une position d'inactivité programmée visant à justifier rétroactivement sa suppression."
Les députés refusent d'accepter cette disparition "alors que le gouvernement a souhaité recemment réaffirmer la nécessité de maintenir la présence de service publique dans les territoires". Ils sollicitent un entretien en vue de discuter de "cette problématique urgente".