Créé par l’actuel maire de Cannes David Lisnard, le parti Nouvelle Énergie pour la France est en train de se structurer dans plusieurs régions. En Corse, Pierre Alessandrini a été nommé "relais" de cette formation libérale. Ce jeudi, il animera la première réunion publique du parti à Bastia.
En 2014, David Lisnard lançait Nouvelle Énergie afin de conquérir la ville de Cannes.
Dix ans plus tard, l'actuel maire de la cité azuréenne s'impose progressivement comme une figure montante de la droite au niveau national, tout en continuant de présider ce parti politique libéral qu’il souhaite structurer à travers le pays.
Également membre des Républicains (LR), celui qui a récemment été réélu à la tête de l’Association des Maires de France (AMF) semble poser ses jalons, à travers l'implantation de son mouvement, en vue de l’élection présidentielle de 2027.
Dans l'île, pour mieux faire connaître les idées défendues par Nouvelle Énergie, David Lisnard s'appuie sur Pierre Alessandrini. Récemment nommé "relais" du parti en Corse, ce soutien originaire d'Antisanti est actuellement chef de projet à la Communauté de communes de l'Oriente.
Auparavant, ce quarantenaire a été conseiller de Jean Zuccarelli lorsqu’il présidait l’ADEC (Agence de Développement Économique de la Corse), puis directeur de cabinet pendant 5 ans de Georges Mela, alors maire de Porto-Vecchio.
"Ce sont des postes qui sont en relation avec la dimension politique, mais également qui font en permanence le lien avec l'aspect technique parce que ce sont des métiers qui évoluent, avec une dimension opérationnelle", précise Pierre Alessandrini, avant d'expliquer la démarche de Nouvelle Énergie qui inaugure, ce jeudi 22 février à Bastia, un cycle de réunions publiques dans l'île.
Pierre Alessandrini : "Relayer un discours différent"
France 3 Corse : Quel est le sens de la démarche de Nouvelle Énergie ?
Pierre Alessandrini : David Lisnard a créé le parti il y a une dizaine d’années pour, à l’époque, devenir maire de Cannes, dont il était premier adjoint. C’était une démarche purement locale. Il a gagné l’élection en 2014, puis a été réélu maire au premier tour en 2020. C’est le résultat d’une méthode et d’un discours. Au cours de ces cinq dernières années, chemin faisant, il y a eu une parole qui a émergé, puis a débordé de Cannes et s'est fait entendre un peu partout. Ce parti, qui avait au départ une ambition locale, s’est donc organisé au niveau national. Aujourd'hui, on a près de 10 000 adhérents et un millier d'élus. Des sénateurs et des députés nous ont rejoints. Il y a également quatre-vingts "relais" départementaux. Je suis donc le "relais" pour la Corse.
Vous avez été nommé "relais" du parti dans l'île. En quoi cela consiste-t-il ?
L'objectif est de relayer un discours qui est quand même différent de ce que l’on peut entendre dans le reste du paysage politique. Depuis des années, nous dénonçons des choses en termes de bureaucratie, de recentralisation des décisions, d’absence d'efficacité des dépenses publiques et d'absence de l'action publique. On apporte aussi des réponses pratiques et opérationnelles qui ont fait leurs preuves là où elles ont été mises en place. Elles sont de nature à réoxygéner la vie politique française qui, aujourd'hui, est en crise, à la fois au niveau national et local. Il y a un désaveu des politiques qui est important. On traverse une crise démocratique profonde. Les alternances s’opèrent dans les urnes mais, en réalité, rien ne change.
Le mouvement que vous représentez se situe à droite. On peut parler d'un parti d'inspiration libérale ?
Oui, clairement ! Et c'est même plus qu’une inspiration. Nous assumons le mot libéral. Aujourd’hui, on a parfois l’impression que c'est un terme qu’il ne faudrait pas prononcer. Nous, nous sommes un mouvement libéral. Nous sommes libéraux.
Parmi vos priorités, il y a notamment la lutte contre la bureaucratie...
Nous la dénonçons depuis des années. Aujourd'hui, c'est d’ailleurs un point sur lequel nous sommes rejoints par presque tout le monde. C’est un maquis réglementaire, normatif, législatif que tout le monde alimente parce qu'on est toujours dans la réaction et le commentaire de l'actualité. Cela produit de la norme, du droit, mais, en fait, cela suscite de l'inertie à peu près partout. Cela empêche les entreprises de se développer, les agriculteurs de travailler, les élus locaux d'agir et, surtout, cela n'apporte pas toujours le résultat escompté, notamment d'un point de vue environnemental. Nous, nous sommes très attachés à la réponse à la transition écologique mais on veut le faire avec de la rationalité, avec une culture du résultat, de l'étude d'impact. Cela est valable dans beaucoup d’autres domaines, notamment dans le logement. Partout où cela est nécessaire, nous voulons faire reculer la bureaucratie.
À droite sur l'échiquier politique, quelle est la place de Nouvelle Énergie par rapport à Les Républicains (LR) ? Le mouvement est-il dans le sillage de LR ou en dehors ?
Aujourd'hui, Nouvelle Énergie, c'est Nouvelle Énergie. Il se trouve que l’on a des adhérents qui ont aussi une carte aux Républicains ; ce n’est pas interdit par nos statuts. David Lisnard a d'ailleurs sa carte à LR. Il n’y a pas de difficultés à ce niveau-là. On a notre autonomie pleine et entière pour faire et dire ce que l’on veut. Cette liberté d’action et de ton constitue notre essence. Aujourd’hui, il y a également des gens qui ont voté ou qui ont adhéré à la République en Marche qui nous ont rejoints depuis. Par contre, nous sommes clairement dans l'opposition. Même si David Lisnard ne manque jamais de tacler l'action du gouvernement, quand ça va dans le bon sens, nous le disons aussi. Car quand il s'agit de faire avancer le pays, on ne fera jamais défaut. Nous ne sommes pas dans la culture du contre-pied. Nous avons un projet sur lequel nous avons une vision très claire.
Vous le disiez, David Lisnard est toujours membre des Républicains tout en étant président de Nouvelle Énergie. Est-ce compatible ? Ne craignez-vous pas de créer d'autres divergences au sein de la droite ?
David Lisnard est toujours encarté aux Républicains. En revanche, il a une liberté de ton et de propos qui ne manque pas d'exercer. Aux Européennes, on soutiendra François Xavier Bellamy qui est un excellent candidat avec un bilan solide au Parlement européen.
En revanche, ce qu'il faut comprendre avec la création de Nouvelle Énergie, c’est qu’il y a au sein des Républicains des gens qui ont une certaine vision des choses, et d’autres qui en ont une différente. Nous, nous avons une vision vraiment libérale des réformes qui doivent être impulsées en France ; ce qui n’est pas le cas de tous. Cette liberté de ton nous permet d'exister et de proposer des solutions plutôt que d'essayer au sein d'un parti de quelque part taire les différences. Nous pensons aussi que la concurrence est profitable à tous.
"À l'heure actuelle, on en a une trentaine d'adhérents en Corse. L’objectif est d’arriver à 200 dans les deux ans à venir."
Pierre AlessandriniRelais de Nouvelle Énergie en Corse
En tant que "relais", votre rôle est donc de porter la démarche de Nouvelle Énergie en Corse. Aujourd'hui, qu'en est-il des forces en présence du parti dans l'île ?
Ma mission m'a été donnée en fin d'année dernière. À l'heure actuelle, on a une trentaine d'adhérents. L’objectif est d’arriver à 200 dans les deux ans à venir. Ces 30 personnes qui ont adhéré spontanément sont des gens qui ont entendu parler de David Lisnard et qui ont accroché. Mon rôle est notamment de faire connaître David Lisnard. Aujourd’hui, c'est quelqu'un qui pâtit malgré tout d’un déficit de notoriété. Et quand on dépasse ce déficit-là, on sait que les gens adhèrent. Ceux qui le connaissent accrochent beaucoup plus que l’on pourrait l'observer sur d'autres hommes politiques parce qu’il a un discours différent qui parle aux gens. Ils se retrouvent dans la réalité du propos, que ce soit dans le privé ou dans le public. Raison pour laquelle, en Corse, je pense qu’on a d'autant plus besoin de mettre en œuvre ce qu'on dit à Nouvelle Énergie avec David Lisnard.
Dans quel domaine en particulier ?
On a une région où environ 40% de l'emploi dépend directement ou indirectement de la sphère publique. Donc, quand on parle de la performance publique, c'est le nœud gordien que l’on doit trancher si l'on veut se donner les moyens d’avoir de l'ambition. Il faut forcément que l'on change de rythme à ce niveau-là. On peut avoir une gestion dans une collectivité publique où l'on fait adhérer ses agents, où l'on met en place un management qui est différent, où l'on responsabilise à tous les niveaux. Par exemple, à Cannes, où de mémoire il y a 2500 employés, David Lisnard a choisi de responsabiliser les agents de la Ville.
Dans l’île, sur quelles problématiques allez-vous axer votre démarche ?
Dieu sait que nous avons un contexte local où l’on a souvent des discussions qui sont tout à fait particulières. Par exemple, aujourd'hui, on va discuter de l'autonomie. C’est un sujet sur lequel David Lisnard se prononcera plus tard. Je pense que ses discours, qui fondent quelque part le projet qu'on a nous pour la France en 2027, sont des choses qui vont nous être particulièrement profitables en Corse. On ne peut pas s'exonérer des grandes réformes dont la France a besoin. En Corse, parfois, on reproduit à l'échelle locale toutes les tares que l’on observe au niveau national.
Concernant le processus d’autonomie en cours, la droite insulaire est divisée sur la question d'un éventuel pouvoir législatif donné à l'Assemblée de Corse. Qu’en est-il de la position de Nouvelle Énergie ?
David Lisnard aura l'occasion de se prononcer plus tard sur le sujet. Il est président de l'Association des Maires de France et une réforme institutionnelle, même si elle est propre à la Corse, a vocation quelque part à engager aussi le bloc communal. Ce qui est bien normal. Il se prononcera donc de manière précise une fois que l’on aura quelque chose sur la table de très concret et qui ressemblera à un projet de réforme institutionnelle ; ce qui n'est pas le cas aujourd’hui.
D'un côté, on a le projet voté par les listes nationalistes en juillet dernier, de l'autre, on a des discussions, notamment alimentées par le gouvernement avec les propos du président de la République en septembre dernier. On ne va donc pas commenter les commentaires. Ce n'est pas le genre de David Lisnard. En revanche, il se prononcera quand on aura quelque chose sur la table de très solide. Néanmoins, pas de faux-fuyant de notre part ! À Nouvelle Énergie, nous avons une vision assez claire des choses que l’on précisera le moment venu.
Un exemple ?
Ce qui nous tient particulièrement à cœur, c'est le principe de subsidiarité. Il est au centre de notre réflexion. Aujourd’hui, nous sommes convaincus que l'État doit se recentrer sur le régalien. Par contre, sur le reste, il faut donner plus de liberté. Dans les discussions que nous avons entre nous, nous sommes plutôt favorables à ce que le domaine réglementaire soit transféré aux régions. Après, il faudra voir la façon dont cela est rédigé. Là, pour le coup, nous sommes des gens ouverts, à condition que l’on soit sur des principes de responsabilité et d'efficacité.
Actuellement, Nouvelle Énergie est en train de s’implanter et de se structurer dans les régions du pays, notamment grâce à l’action des "relais" dont vous faites partie. N'est-ce pas là une manière pour David Lisnard de tâter le terrain en vue de l’élection présidentielle de 2027 ?
Ce n’est pas tant pour tâter le terrain. Nous avons la conviction que la France - et donc la Corse - a besoin de nos idées. Il faut donc aller voir des gens pour leur délivrer un discours qui est différent. Aujourd'hui, nous sommes convaincus que nous sommes d'abord sur une trajectoire de déclassement qu’il faut renverser, d’autant que nous nous trouvons à une époque de bascule technologique. On le voit par exemple avec l'intelligence artificielle ; ce sont des enjeux dont on mésestime encore l'importance pour l'avenir. On ne peut pas rester en marge de toutes ces évolutions, sauf à les subir.
Selon nous, ce sont des choses qu’il faut verser au débat et sur lesquelles il faut être offensif. Nous sommes donc convaincus, aussi bien au niveau national que local, que l’on peut réaliser de grandes choses à condition qu'on se redonne des marges de manœuvre et qu’on remette à un moment donné de la responsabilité, de la liberté et de l’ordre partout où cela est nécessaire.
Ce jeudi à Bastia, à 18 heures à l'Hôtel Port Toga, vous tiendrez votre première réunion publique en Corse. David Lisnard sera-t-il présent ?
David Lisnard a annoncé qu’il se rendrait en Corse dans l’année. Je pense d'ailleurs qu'il viendra dédicacer un livre qu'il a coécrit sur Georges Pompidou, et qui devrait paraître en avril.
Nous, sur l'île, on va aller à la rencontre de nos adhérents, de nos sympathisants et vers ceux chez qui notre démarche va susciter un intérêt. On va le faire aux quatre coins de la Corse. On va aller à la rencontre de tout le monde et on va le faire régulièrement parce qu’on sait aussi qu’il y a quelque chose qui est attendu. Nous en sommes convaincus.