Alors que les dernières tendances laissent présager d'un duel entre Michel Castellani et Jean-Michel Marchal, le candidat du RN, récit d'une dépouillement pas comme les autres.
"Je crois que c'est la première fois que je vois aussi peu de monde à un dépouillement", lâche un proche de Gilles Simeoni en balayant du regard la grande salle de la mairie du Marché de Bastia, où se trouve le bureau de vote.
Alors que Pierre Saveilli commence le décompte des bulletins, seule une vingtaine de personnes est présente. Parmi eux, quelques candidats, Sacha Bastelica et Alexis Fernandez, et une poignée de militants de Core in Fronte. Au fil du dépouillement, Jean-Michel Lamberti et Jean-François Paoli passeront une tête, avant de sortir sur la place du marché, téléphone à l'oreille, afin de recueillir les tendances dans les autres bureaux de vote.
Jean-Michel Marchal, le candidat RN, est pour sa part sur le continent, "pour raisons familiales".
Pour certains, aussi peu de monde alors que la participation est en forte hausse (plus de 65 %), ce n'est pas si paradoxal. Un habitué des élections hausse les épaules : "ça veut dire que ces nouvelles voix, elles vont aller au RN. Ce ne sont pas des militants, ces électeurs. Ils ont fait ce qu'ils avaient à faire, et maintenant, ils sont devant Cnews". L'analyse, lapidaire, provoque quelques sourires crispés alentour.
Invité (surprise ?)
Au bureau du Marché, les premières tendances donnent Michel Castellani et Julien Morganti largement en tête. Mais Jean-MIchel Marchal, candidat du Rassemblement National, totalement inconnu sur l'île il y a deux semaines, engrange des voix. Et lorsque les suffrages des 356 votants du jour sont connus, la poussée du RN se confirme.
Si MIchel Castellani a réuni 115 bulletins, et Julien Morganti 88, Marchal monte sur la troisième marche du podium, avec 41 voix.
Le Marché est le plus petit bureau de vote de Bastia, mais les chiffres qui arrivent, des autres bureaux du centre-ville, confirment la tendance, voire l'accentuent, avec Michale Castellani en première position, suivi par Marchal, qui passerait devant Julien Morganti.
Les mines sont de plus en plus fermées, du côté des adversaires du RN, d'autant qu'il manque encore les résultats des quartiers Sud, plutôt enclins à se donner au parti de Marine Le Pen.
Résignation
L'idée d'une triangulaire où se serait invitée l'extrême droite fait son chemin, d'autant que quelques indiscrétions venues des autres circonscriptions insulaires semblent dessiner le même scénario ailleurs.
Alors que les minutes passent, certains commencent déjà à redouter un face-à-face, dont serait écarté Julien Morganti...
A20h30, l'urne est rangé et les curieux sont depuis longtemps rentrés chez eux, mais dans la grande salle de la mairie du Marché, celles et ceux qui se sont attardés restent scotchés à leur téléphone, guettant les résultats définitifs, alors que l'espoir fait peu à peu place à la résignation.