Au tribunal correctionnel de Bastia une affaire de diffamation pour un droit de réponse publié par Corse Matin après la publication d'un article judiciaire a été étudiée ce mardi. Mais le dossier révèle surtout une querelle entre deux avocats : Jean-Sébastien de Casalta et Paul Sollacaro.
Ce mardi, Jean-Sébastien de Casalta était entouré de nombreux confrères au tribunal correctionnel de Bastia. La salle d’audience est investie par les robes noires. La profession a affiché son soutien à ce que les avocats comme une attaque injustifiée à la dignité de leur ancien bâtonnier de la part d’un justiciable.
Pour des propos qu’il juge diffamatoires, Jean-Sébastien de Casalta et son avocat ont décidé de poursuivre Corse Matin. En cause : une série d’articles parus dans le quotidien. Dans l’un d’eux, intitulé « Droit de réponse », Jean-Sébastien de Casalta se voit reprocher des méthodes « dignes de la voyoucratie ».
À l’audience, Jean-Sébastien de Casalta évoque « des calomnies ». Il accuse le directeur de la publication du quotidien de « complicité servile avec l’auteur des propos ».
Roger Antech, avec son avocate, assure avoir joué son rôle d’organe de presse. « Il est inédit d’avoir une poursuite à l’encontre d’un directeur de publication qui serait accusé de diffamation simplement pour avoir publié un droit de réponse. C’est inédit, il n’y a pas de décision de justice là-dessus. […] De toute manière, les termes qui ont été utilisés ne sont pas diffamatoires au sens, là encore, des exigences de la jurisprudence », indique maître Béatrice Dupuy, avocate de Corse-Matin.
« Obligation de prudence et de surveillance »
La querelle avec le journal en cacherait en fait une autre. Pour Jean-Sébastien de Casalta c’est un de ses confrères, Paul Sollacaro, avec qui il est en conflit, qui serait derrière toute l’affaire. Le nom de Paul Sollacaro n’a pas été cité ce mardi. Il n’était pas à l’audience. Mais pour Jean-Sébastien de Casalta c’est bien lui qui aurait dicté les accusations parues dans Corse Matin.
Le conseil de Jean-Sébastien de Casalta a pourtant uniquement plaidé la responsabilité du journal. « Le droit de réponse doit être publié. Mais le directeur de publication a une obligation de prudence et de surveillance. Il doit analyser les propos et il ne faut pas que les propos tenus, tels qu’il les publie, soient contraires à la loi et soient susceptibles de porter atteinte à l’honneur et à la considération d'une personne.
Tout l’objet du procès d’aujourd’hui [mardi] c’était de mettre en évidence que le directeur de publication a commis cette faute », précise maître Dominique Mattei, avocat de Jean-Sébastien de Casalta.
Les responsables de Corse Matin n’ont pas souhaité s’exprimer. Et dans ce procès complexe, le parquet n’a pas pris de réquisition. Le délibéré est fixé au 27 février.