Le tribunal correctionnel de Bastia a condamné, lundi 6 mai, l’agresseur d’une infirmière de l’hôpital de Calvi à 18 mois de prison, dont 9 sous bracelet électronique. Les faits se sont déroulés dans la nuit du 30 avril au 1er mai.
Une audience en comparution immédiate. Lundi 6 mai, le tribunal correctionnel de Bastia a condamné à 18 mois d’emprisonnement, dont 9 ferme sous bracelet électronique et 9 mois en sursis probatoire, un homme de 52 ans ayant agressé une infirmière du centre hospitalier de Calvi.
L’homme a également écopé d’une mise à l’épreuve de deux ans avec obligation de travailler, de soin et d’indemnisation de la victime.
Fracture de la main
Le 1er mai dernier, vers 3 heures du matin, le prévenu, alcoolisé au moment des faits, était pris en charge au sein de l’établissement de santé. Dans la nuit, il urine sur le sol, des membres du personnel soignant lui demande de nettoyer. “Il commence par les insulter et puis il frappe”, explique Me Jean-Paul Eon, avocat de la partie civile.
La victime, âgée de 28 ans, est giflée, chavire et se fracture la main sur un chariot. Une blessure pour laquelle elle s’est vu signifier 30 jours d’incapacité totale de travail. “Des faits comme ceux-là peuvent remettre en question des vocations”, déclare Me Jean-Paul Eon qui pointe du doigt une structure hospitalière souffrant “d’un problème de sécurité”.
“Des situations extrêmes, mais de plus en plus fréquentes”
Pour Françoise Cinarca, secrétaire nationale du STC Saluta, “il ne faut surtout pas banaliser ce type d’actes, y compris les agressions verbales”. Selon elle, ces “situations” sont “extrêmes” mais “de plus en plus fréquentes”.
“Les structures hospitalières tentent de prendre des mesures, avec des médiateurs, des plannings renforcés. Mais cela n’est pas suffisant pour contrer le phénomène. Le problème semble plus profond qu’un simple manque de sécurité. Et on ne sent plus en sécurité quand on travaille dans un hôpital. Il y a un risque à travailler dans ces conditions”, estime-t-elle.
La représentante CFDT Santé, Marie-Antoinette Bruni, évoque “un phénomène qui a pris de l’ampleur” au fil des années. Si elle ne déplore pas d’agressions physiques, les agressions verbales, elles, sont récurrentes. “Souvent, les patients, ou leur accompagnant, sont stressés parce qu’ils peuvent rester des heures sans informations.”
“Une solution, la communication”
Elle plaide pour une solution : la communication. “Il n’y a que ça pour éviter de faire monter l’agressivité”, explique-t-elle. Ainsi, à l’hôpital de la Miséricorde à Ajaccio, un personnel est spécialement dédié au renseignement des familles. “Il travaille en collaboration avec les infirmières d’accueil et répond aux questions lorsque les proches d’un patient appellent”, explique Marie-Antoinette Bruni.
D’après les deux syndicalistes interrogées, ces violences peuvent entraîner une crise des vocations. “Les gens ne sont plus en mesure de se projeter dans une carrière, parce qu’ils ont cette crainte, cette angoisse”, commente François Cinarca. Si cette crise s’est déclarée depuis le Covi pour Marie-Antoinette Bruni, “ce phénomène ajoute quelque chose à la situation, c’est évident”. “Il faut savoir que les conditions de travail des infirmières sont difficiles, il y a un gros manque à l’hôpital d’Ajaccio. Donc la charge de travail est plus importante pour les personnels.”
Afin d’éviter ces situations de violence, certains personnels sont formés par l’association nationale pour la formation permanente du personnel hospitalier en gestion de conflit et en gestion de l’agressivité et de la violence.