Subtil dosage de maîtrise et d'accident, les photographies de Joséphine Vallé Franceschi naissent de la superposition de ses prises de vue. Des images impressionnistes et voyageuses, bercées de ce Cap Corse qui l'accompagne depuis l'enfance.

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Deux images se chevauchent et s’entremêlent pour en former une troisième, où le regard s'évade en rêves. Le travail photographique de Joséphine Vallé Franceschi, c'est une fabrique des songes.

Techniquement, elle utilise un boitier argentique. Elle cadre, déclenche, la pellicule impressionne une première image. Elle rembobine, déclenche à nouveau dans un autre cadre, et la seconde image vient se superposer à la première. Le résultat, c'est à la table lumineuse qu'elle le découvre. Sur négatif elle sélectionne, parmi ses essais, les plus jolis rêves réalisés, que jamais elle ne retouche.

 "Immortelle Acqua évoque le petit chemin que je prends depuis que je suis toute petite pour aller à la crique où j'ai appris à nager. Le chemin des immortelles, c'est celui qui permet d'y arriver plus vite que les parents !"

La Corse, source inépuisable

Elle a grandit à Paris, mais les souvenirs qui la nourrissent sont nés à Pino, ce petit village du Cap Corse d'où vient sa famille d'"américains". "Ce sont des Corses qui sont partis au Vénézuela. Ils étaient, et sont toujours dans le cacao. Et pour montrer qu'ils avaient réussi ils ont fait construire cette maison d'américains, comme on dit ici."

L'odeur du maquis, l'anis des canistrelli, la fleur d'oranger de la panette du matin ...

Joséphine Vallé Franceschi

C'est dans cette maison, dans cette lumière, qu'elle a passé tous ses étés d'enfants. Elle y revient inlassablement. "C'est le moment que j'attendais le plus. Je me sens beaucoup plus cap-corsine que parisienne. Mes souvenirs d'enfants là-bas sont tellement forts, les odeurs, les sensations, les lumières, les paysages ..." Habitée par ces éléments, elle y vit aujourd'hui dès qu'elle le peut : "Je tends vers vivre six mois dans le cap, six mois à Paris."

Être témoin d'une émotion

Cet été à Pino, elle a travaillé sur trois thèmes pour une exposition à venir galerie Madé à Paris : les baigneuses, les lieux perdus, et le spleen de la fin des vacances. "Je les ai données à développer mardi donc je ne sais pas encore ce que ça donne..."

Chacun peut faire appel à sa galerie de souvenirs à lui, à son musée intérieur

Joséphine Vallé Franceschi

A travers ses photographies Joséphine explore ses émotions, sa nostalgie, et invite à faire de même : "Quand je regarde mes photos ce sont celles du cap qui m'émeuvent le plus. Mais il y a autant d'interprétations que de regards possibles. Mes photos évoquent l'évasion, le rêve, le souvenir. Chacun peut faire appel à sa galerie de souvenirs à lui, à son musée intérieur."

Un regard décalé

Muriel Peretti, pour l'heure cheffe du projet Bastia-Corsica 2028, a rencontré Joséphine à Rome, alors qu'elle y était attachée de presse à l'ambassade de France. Joséphine elle, coordonnait les rencontres cinématographiques de la Villa Médicis et du Palais Farnese. Les deux femmes, qui ignoraient alors leurs racines corses respectives, semblent y avoir noué un lien fait de grand respect réciproque. "C'est une belle personne, elle fait de belles photos."dit Muriel Peretti de Joséphine.

Et elle évoque son univers avec beaucoup de chaleur et d'émotion : "Elle a une espèce de regard un peu décalé, et elle montre quelque chose qui m'émeut. Je trouve que son travail est très poétique, et qu'il permet aux gens de porter leur propre poésie. Et puis elle a des titres rigolos, des références cinématographiques que j'aime bien, de l'humour aussi."

En superposant deux images et deux instants, Joséphine crée l'espace pour une histoire : "Je superpose deux moments et j'en crée un nouveau. Entre les deux moments s'insère la possibilité d'un récit. Alors l'écriture s'invite".

Parce qu'elle vient de là, qu'elle y revient, qu'elle va puiser dans les lumières et ses réminiscences insulaires une inspiration pour ses photographies, c'est tout naturellement que Joséphine a accepté que son travail participe à illustrer le foisonnement culturel qui nourrit le projet Bastia-Corsica 2028. "La Corse capitale européenne de la culture, ce serait beau ! On a toujours envie qu'il y ait plus de culture, c'est un lieu tellement inspirant. Et les gens ici sont gourmands de culture ! "

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