Ce 4 août, pour la deuxième soirée du Festival Porto Latino, qui se tient cette année à Bastia pour sa 23e édition, près de 2500 personnes sont venues écouter le slameur et poète Grand Corps Malade. L'occasion pour lui de revenir sur ce que lui évoque son art.
Il est un incontournable de la scène slam en France. Grand Corps Malade (GCM), de son vrai nom Fabien Marsaud, est venu exprimer son art ce dimanche 4 août à Porto Latino, premier festival de musique de cette ampleur au cœur de Bastia (Haute-Corse).
"On écrit pour transmettre des émotions, ça passe par notre histoire, par des sentiments personnels, puis on se rend compte très rapidement que ce sont en fait des sentiments universels", explique l'artiste au micro de notre journaliste Sybille Broomerg, quelques heures avant le début de son concert dimanche, à 23h. "Très souvent, les gens dans la rue m'arrêtent pour me dire « Merci pour telle phrase ou tel texte, j'ai l'impression que vous l'avez écrit pour moi. » C'est pour ça que mon album s'appelle Reflet, parce qu'on se ressemble et que les gens se reflètent dans mes chansons."
GCM, dont le nom de scène est inspiré de sa taille (1m94) et de son histoire personnelle puisqu'il a failli devenir tétraplégique suite à un grave accident durant sa jeunesse qui lui a abîmé plusieurs vertèbres cervicales, se revendique ouvertement comme un artiste engagé à travers ses textes. Il y évoque notamment la cause des femmes, et est parrain de l'association Sourire à la vie, qui accompagne des enfants atteints de cancer. "Cela fait partie de moi, je pense que, même si je n'étais pas artiste, j'aurais un engagement pour des causes qui me tiennent à cœur. Il se trouve que je suis artiste et que j'ai une certaine notoriété, ce qui me donne encore plus de responsabilités. Il faut s'engager, aider et rendre aux gens tout ce qu'on reçoit."
Un lieu qui lui tient à cœur
Se produire sur l'île de beauté, lieu qu'il a choisi pour le dernier concert de sa tournée estivale, n'est pas anodin pour lui. "Je suis un vrai amoureux de la Corse, je viens tous les ans ici depuis 1998. J'ai beaucoup d'amis ici dans les terres, à Morosaglia."
Et son public le lui rend bien, puisqu'ils sont nombreux pour l'applaudir ce dimanche. Malgré la chaleur, beaucoup sont venus très tôt pour choisir leurs places, dès 19h, éventail à la main. "On a quand même eu peur de rester debout jusqu'à 23 heures, mais finalement on s'est bien installé", confie une spectatrice à même le sol, impatiente de voir l'artiste, quand d'autres ont le droit à un transat. La plupart des personnes présentes, jeunes et moins jeunes, admettent d'ailleurs ce soir-là être venus principalement pour lui. "Ce sont des musiques qui me portent, il y a une écriture et une sensibilité extraordinaire, ça raconte nos histoires de femme, de parent, ... C'est vraiment une belle personne", s'émerveille une autre.
En quelques heures, à la tombée de la nuit, la pelouse s’est remplie et le festival bat son plein. "Je pense qu'on peut parler de réussite, car il y a du monde dès les deux premiers jours, avec une belle proposition artistique et le public qui répond présent", estime Mattea Lacave, adjointe chargée de la culture à la Mairie de Bastia.
J'aime bien varier les humeurs, avec des morceaux plutôt doux, d'autres plus graves et sérieux, et finir sur du joyeux et du festif pour mettre une grosse ambiance où tout le monde danse ensemble.
Grand Corps Malade
À 23h, l'idole apparaît enfin aux yeux des 2 500 personnes qui l'attendaient. Accompagné de six musiciens et de nombreux effets spéciaux, c’est un spectacle festif que GCM a offert à son public, et, dès les premières notes, il sait créer le lien avec celui-ci. "J'aime être ici, j'aime ce pays et j'aime cette terre, je suis vraiment très fier d'être là et de jouer pour vous", déclare-t-il d'emblée devant ses fans. "Ce n'est pas un artiste que j'ai l'habitude d'écouter, mais c'est fou l'ambiance qu'il met. On t'aime Grand Corps Malade !", exclame un jeune, les yeux pétillants.