Louis Amadori, amateur de photographie et amoureux de la Corse

Depuis qu’il a 16 ans, Louis Amadori prend des photographies. Il en a aujourd’hui 70, l’occasion de raconter son histoire, celle d’un amoureux de la Corse et infatigable travailleur de l’image.

“Je suis la mémoire de la Corse”. Sans détour, Louis Amadori affiche la couleur dès le début de la rencontre. A 70 ans, celui qui a presque toujours vécu à Bastia photographie son île depuis qu’il en a 16. Et un film décisif est à l’origine du lancement de sa passion : Blow Up de Michelangelo Antonioni. “L’histoire d’un photographe qui mène l’enquête et découvre sur un négatif l’arme d’un crime, ça m’a fasciné. Surtout la deuxième fois que je suis allé le voir au ciné, la première fois, j’étais avec une fille, j’avais autre chose à faire !

Quelque temps après, un photographe de l’époque, Philippe Fabiani, arrête sa carrière : “Il m’a vendu son matériel de tirage dont un agrandisseur... puis j’ai acheté mon premier appareil d’occasion, un Canon. Ça a eu un effet boule de neige.” Si l’on cherche bien, la cassette de ce film mythique est toujours coincée dans une étagère de son local. 

Et des étagères, il y en a. Depuis le début de sa carrière, Louis Amadori a réalisé plus de 3 millions de pellicules, un chiffre qu’il aime à répéter à qui l’écoute. Football, cartes postales par milliers, people, photographie de rue. A l’écouter, il aurait tout fait et tout vu : “Les gens rentrent et se disent ‘Qui c’est ce fou ?’ mais bon, quand on est passionné…”.

“J’aurais pu mal finir”

Dans les années 1950, Louis Amadori grandit à Toga, quartier ouvrier, entouré d’une famille de 10 enfants : “Je pêchais des oursins et au harpon. Et puis, je me battais tout le temps. J’aurais pu mal finir”. Comme si la photographie l’avait aidé à s’en sortir, il travaille d’abord comme il peut et résume ainsi ses débuts : “J’étais barman à L’impérial (ndlr place Saint-Nicolas à Bastia), je draguais les filles et je faisais mes premières armes en photo.

S’il ne se souvient pas exactement de sa première photo, il a beaucoup pris ses proches et amis en modèles. Il décrit l’une de ses premières prises : “C’est à la plage. Au premier plan à droite, deux chiens qui se reniflent, à gauche deux femmes de dos, nues qui regardent vers la mer, en arrière plan au milieu, un petit bateau, et un homme de dos et nu. Mon oeil, j’ai mis des années à le travailler mais ça, c’était déjà une bonne composition.

Puis il a écumé la Corse pour des cartes postales, entre autres, et le monde pour des agences telles Sigma.

De la route 66 à son Île de beauté

Pour des reportages ou en voyage, Louis Amadori a parcouru le monde. Route 66 pendant 4 mois, tour de la Méditerranée en voilier, Libye, Egypte, il revient toujours à la maison, en Corse : “C’est ma terre, je la ramasse, je la hume et je sais que c’est chez moi”.

Depuis 50 ans, il parcourt ses plaines, ses montagnes, ses villages pour les documenter. “Quand j’étais petit, jusqu’à mes 5 ans, je ne parlais pas français”, alors c’est la langue corse qui l’aide à traverser des villages perdus : “Il n’y avait pas de route à l’époque, j’y allais tout seul et je discutais beaucoup avec ceux que je rencontrais”. Il met au défi ceux qui viennent le voir : “Donnez-moi le nom d’un village, j’en ai forcément une photo”.

Sa photographie à l’épreuve de 2021

De 9h à 19h, assis derrière son ordinateur, c’est là que la plupart de ceux qui passent la porte de son atelier peuvent trouver Louis Amadori, ses cheveux blancs en chignon et les yeux plissés sur son écran. S’il apprend à utiliser les derniers outils numériques comme la retouche, le septuagénaire reste très amer à propos de certaines technologies. Le portable, par exemple : “Avant, les gens venaient et prenaient en photo mon travail avec leurs smartphones, j’ai dû mettre un papier dessus pour éviter la copie”. Quitte à le rendre un peu paranoïaque à la longue et à enlever de sa substance à ce papier. 

Et pour l’avenir ? Louis Amadori aimerait bien réaliser une exposition à Bastia mais se méfie encore et toujours des smartphones. Sa meilleure photographie ? “La prochaine que je ferai”, une jolie formule quand on a fait tellement de photos qu’on ne sait plus où donner de la tête. 

Si vous vouliez découvrir son travail, rien de plus facile : osez passer la porte de son antre boulevard Auguste Gaudin. Une devanture de vestiges du passé où photographies de matchs et de classe se mêlent à d’anciennes processions du 15 août. SCB, Johnny ou Mick Jager incognito à Bastia, les pêcheurs de Macinaggio, il y en pour tous les goûts et de toutes les couleurs - noir et blanc inclus !

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