Accompagnateur en montagne et photographe de mariage, Alexandre Gelin réunit ses deux passions en réalisant des shootings en pleine nature, dans des lieux accessibles seulement en randonnée. Mais pour obtenir ces photos vertigineuses, les jeunes mariés doivent avoir le cœur bien accroché.
"Pour arriver au milieu du lac sans se mouiller, la mariée avait mis les bottes de pêche de son papa". Heureusement, les larges volants de tulle ont couvert les cuissardes en plastique, pour ne laisser apparaître que la grâce d’une robe immaculée au milieu des montagnes.
Spécialisé dans les photos de mariage en milieu naturel, Alexandre Gelin utilise souvent ce type de techniques pour permettre à ses clients de réaliser des photos hors du commun sans abîmer leurs tenues de fête.
"Souvent, je leur propose de mettre la robe de mariée dans le sac de randonnée. Une fois, des clients l’ont carrément mise dans un porte-bébé pour monter en haut d’un sommet", se souvient le photographe.
Jusqu’à "trois heures de marche"
Depuis cinq ans, ce quadragénaire, également accompagnateur en montagne, s’est spécialisé dans les shootings de mariage en extérieur. Après avoir capturé le jour J, il redonne rendez-vous aux mariés quelques semaines plus tard dans des lieux à couper le souffle pour une seconde séance.
"Je remarque qu’il y a souvent un effet 'mariage blues', explique-t-il. Les gens organisent leur mariage deux ans à l’avance, ça dure à peine une journée, ils n’ont pas le temps de profiter que c’est déjà fini. En organisant cette séance quelques semaines après, la mariée peut remettre sa robe, revit quelque chose de plus serein, termine l’aventure en douceur".
Pour chaque shooting, le professionnel essaye de proposer des lieux différents entre l'Isère et la Savoie.
Au fond d’une grotte dans le Vercors, au bord de falaises vertigineuses, dans la neige glacée, ses clients le suivent partout, prêts à tout pour obtenir le souvenir le plus original. Même si le site idéal se trouve à plus de trois heures de marche.
"Une fois, j’ai même demandé à une mariée d’enlever sa veste au sommet du Charmant Som. Il faisait -16 degrés et elle a accepté de rester bras nus pour la photo. Puis elle est redescendue à ski en robe de mariée jusqu’au Col de porte !" raconte Alexandre Gelin.
Son shooting le plus mémorable ? Un couple qui avait décidé de s’encorder et de se faire photographier suspendu dans le vide. "J’avais repéré un surplomb à Saint-Pancrasse, sur les hauteurs de Crolles en Isère, avec 7 mètres d’avancée pour obtenir un effet fil d’araignée. Il m’a fallu plus de 50 photos pour faire la photographie finale parce que c’est un assemblage panoramique de plusieurs prises de vues", ajoute-t-il.
Et s’il fallait retenir la séance la plus dangereuse, le photographe mentionne tout de suite un shooting sur les redoutables arêtes du Néron, où plusieurs chutes mortelles sont recensées chaque année.
"J’ai emmené un couple tout là-haut, c’était super technique. On a fait la séance au coucher du soleil puis on a bivouaqué à trois dans ma tente. Si je bougeais de quelques centimètres dans mon sac de couchage, je risquais de chuter 300 mètres plus bas. Et le lendemain matin, on a refait des photos au lever du soleil. C’est pour ce genre de moment que je fais ce métier" conclut-il.