Le petit village de Saint-Bonnet-le-Froid en Haute-Loire aurait pu connaître le destin tragique de nombreuses communes rurales. C’était sans compter sur le dynamisme impulsé par le restaurant gastronomique de Régis et de son fils aîné Jacques Marcon. Cette famille de renom marque de son empreinte le petit village. Paul Marcon, le fils le plus jeune, vient de remporter le Bocuse d'Or 2025.
Perché à 1 150 m d’altitude, en Haute-Loire, le petit village de Saint-Bonnet-le-Froid bénéficie d’une renommée internationale. Elle est liée à la présence du restaurant gastronomique de Régis Marcon et de son fils Jacques, un établissement triplement étoilé au guide Michelin. Tout a commencé en 1948, lorsque les parents de Régis Marcon s’installent dans la commune pour reprendre le “Café du centre”. En 1979, Régis et sa femme Michelle prennent la relève et transforment l’auberge familiale en un haut lieu de la gastronomie. Mais au-delà de ses réussites personnelles, c’est bel et bien l’ambition collective de la famille Marcon qui a façonné Saint-Bonnet-le-Froid.
Une famille qui fait figure de locomotive
Jean-Pierre Santy, maire (SE) du village, explique : “C’est une famille très importante pour le village. Elle a réalisé beaucoup de choses. Elle possède les restaurants, le spa, la boulangerie, deux hôtels. C'est une locomotive. Le village se développe. Pour une commune de 240 habitants, on a 30 activités commerciales ou artisanales, ce qui n’est pas commun. On a une école avec 37 enfants, dont la cantine est assurée par le restaurant Marcon. Il y a une vraie dynamique”. Le maire a vu sa commune se transformer : “Cela fait 40 ans que j’habite au village. Au fil des années, je l’ai vu évoluer. Récemment, il y a aussi un torréfacteur de Lyon qui s’est installé. C'est lié à la dynamique globale du village, initiée par les Marcon”. L’élu est convaincu que la victoire de Paul Marcon, un des fils de Régis, au Bocuse d’Or, va encore mettre sa commune sous les projecteurs : “La réussite de Paul au Bocuse d’Or va apporter de la visibilité au village. Les médias s’en emparent, y compris au niveau national. Cela fait parler du village : c’est bien”. Le restaurant étoilé n’est qu’une des nombreuses entreprises gérées par la famille.
"Sans eux, le village aurait dépéri"
Michel Philibert est gérant de Adjao maison, une maison d’édition de mobilier et luminaires depuis 2009. Il avoue : “On s’est installé ici car il y a un dynamisme”. Mais quand le restaurant étoilé est en sommeil, c’est toute la commune qui en pâtit : “Au mois de janvier, les maisons Marcon sont fermées. La plupart des commerces aussi. Le village est mort hors saison. Dès que les maisons Marcon rouvrent, il y a un dynamisme à nouveau”. Le commerçant salue l’attractivité du village : “Il n’y a pas que Régis qui joue un rôle. Toute la famille fait en sorte de rendre la commune attractive. Ils aiment que les gens s’installent dans le village et ils ne sont pas jaloux. Ils aiment leur village. Sans eux, le village aurait dépéri”. Henri Grange, chauffeur de taxi, souligne lui aussi le rôle moteur des Marcon : “Le village a une belle activité. Les Marcon y sont pour beaucoup. Tous les autres commerçants jouent le jeu et tous s’entendent bien. La famille Marcon a insufflé un certain dynamisme”.
Une crèche née grâce aux Marcon
Emmanuelle Mounier ne dira pas le contraire. Elle est la directrice d’une crèche implantée à Saint-Bonnet-le-Froid depuis un an. Elle est au passage la belle-fille de Régis Marcon : “Avant, j’étais la responsable du spa et je m’apercevais qu’il y avait un besoin dans le village car il n’y a pas d’assistante maternelle. Il y a 5 ans, j’en ai parlé à mon beau-père, Régis Marcon. On a lancé l’idée de la crèche. On accueille des enfants du village et des alentours, et on fait aussi halte-garderie pour les clients des maisons Marcon”. Elle met en avant le destin incroyable de Régis Marcon : “L’histoire est belle. Régis est parti de pas grand-chose. Il est revenu pour aider sa mère, qui était veuve, avec 7 enfants. Régis et Michelle ont repris l’affaire familiale”.
Là où tant de petits villages ont vu leurs commerces fermer, Saint-Bonnet-le-Froid s’est développé. Le développement du village a aussi été lié au travail d’André Marcon, ancien maire et frère de Régis. Mireille Mounier, coiffeuse dans le village depuis 10 ans, insiste : “La notoriété de la famille a un impact sur le dynamisme du village. Les commerces qui leur appartiennent apportent un élan. Cela permet à tout le monde d’en profiter”. Avec le trophée du Bocuse d’Or remporté lundi 27 janvier par Paul Marcon, l’enfant du pays, le petit village de Saint-Bonnet-le-Froid devrait à nouveau gagner en notoriété.