Reza : "le déferlement d'images digitales peut être une bénédiction pour les nouvelles générations"

Le grand photoreporter franco-iranien, connu dans le monde entier, donne une conférence ce vendredi à 18h30 à la médiathèque Barberine Duriani, à Lupinu. Toute la semaine, il a enseigné les bases de son art aux écoliers bastiais. Nous l'avons rencontré.

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"C'est en étudiant les miniatures, les tapis persans, à Tabriz, où je suis né en 1952, que j'ai exercé mon œil", se rappelle Reza Deghati. A 14 ans, le jeune garçon iranien prend sa première photo. La naissance d'une vocation qui l'amènera quelques années plus tard à croiser Ben Laden, le commandant Massoud, et à sillonner les champs de guerre du monde entier. 

Mais pour l'heure, Reza est bien loin de tout cela. A 18 ans, il entreprend des études d'architecte, à Téhéran. Pout autant, il continue de saisir les réalités de son pays à travers l'objectif de son appareil photo. Et très vite, il va apprendre que cette liberté à est précieuse. Et fragile. Après avoir accroché, sans autorisation, ses tirages sur les grilles de l'université, il est arrêté et emprisonné durant trois ans...

Une expérience amère, et douloureuse, qui n'aura pas suffi à le détourner de son amour pour la photo. 

Prison, et exil

En 1979, alors que la Révolution iranienne éclate, Reza renonce à ses études pour couvrir les événements. Plongé au cœur du tumulte, il collabore à Newsweek, qui publie ses clichés. Là encore, il le paiera au prix fort. Il est exilé par République islamique nouvellement installée. 

Je passais mes journées au Louvre, a tenter de m'inspirer de la manière des grands maîtres.

Reza

En 1981, à moins de trente ans, il s'installe en France, à Paris. Et là, il va continuer à affiner son art, en retournant à la source. "Je passais mes journées au Louvre, a tenter de m'inspirer de la manière des grands maîtres"

Au fil des ans, Reza va sillonner le monde pour les plus grands médias, Du Kurdistan à l’Afghanistan, du Liban à la Turquie, du Pakistan à la Chine, de Sarajevo au Caire, du Rwanda à l’Arabie Saoudite en passant par l’Afrique du Sud.  

Aujourd'hui, Reza est l'un des photojournalistes les plus réputés du monde. Il ne compte plus les prix  prestigieux pour ses clichés et ses documentaires. Il a exposé au Louvre, aux Nations Unies ou dans la vallée du Panjshir, et a créé l'ONG internationale Ainaworld. 

Bénédiction

L'une des casquettes qui lui tient le plus à cœur, c'est celle de passeur. Depuis 1983, il est s'engagé, à titre bénévole, dans la formation des nouvelles générations à la photo, et plus largement au langage de l'image. C'est pour cela qu'il était, cette semaine, à Bastia, au côté des élèves d'une classe de primaire de l'école Charles Andrei. 

Benoîtement, on imagine que, lui qui a examiné des heures durant les œuvres de Gericault ou du Greco, regarde avec circonspection ces nouvelles générations, abreuvées continuellement à un robinet d'images grâce aux nouvelles technologies. 

Cela permet au enfants de faire des analyses de photos digne d'un étudiant des Beaux-Arts il y a vingt ans.

Reza le reconnaît sans peine, "Il y a une étude qui a été réalisée en France récemment et qui dit tout. Un Parisien, au 17e siècle, absorbait en 50 ans autant d'images et d'informations qu'un parisien d'aujourd'hui emmagasine en 24 heures"

Le septuagénaire voit cela comme une bénédiction. "Dès que les enfants ouvrent les yeux, c'est vrai, ils voient toutes sortes d'images, mais cela leur permet de faire des analyses des photos du niveau d'un étudiant des Beaux-Arts il y a vingt ans !"

Et quand on lui demande s'il ne s'inquiète pas de la rapidité avec laquelle ces images défilent, sans que personne n'ait plus le temps de les étudier, de s'en imprégner réellement, Rezha rajuste le couvre-chef de feutre brun qu'il ne quitte jamais, avant de balayer ces réticences d'un revers de main. 

"Rappelez-vous que l'on disait d'Einstein qu'il n'utilisait que 7 % des capacités de son cerveau. Et c'était bien plus que le commun des mortels. Je pense vraiment que cette accélération digitale, ce bombardement permanent, ne sont pas usants. Le cerveau humain évolue constamment, et il a largement de quoi faire une analyse de la couleur et du cadrage, et de tout assimiler". 

De quoi rassurer (un peu), les parents qui s'inquiètent de voir leur progéniture scotchée du matin au soir devant sa tablette...

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