Ce mercredi 1ᵉʳ janvier, des aurores boréales ont illuminé le ciel de notre territoire et ont été observées également en Haute-Vienne, Creuse et Corrèze. Quelle est leur origine ? Pourquoi sont-elles visibles chez nous ? Comment expliquer leur couleur ? Peut-on prévoir leur apparition ? Le Club d'astronomie du Limousin a accepté de répondre à nos questions.
Nul besoin de s'envoler pour l'Islande ou la Norvège... le Limousin suffit. Pour débuter l'année 2025, des aurores boréales ont illuminé la nuit du mercredi 1ᵉʳ au jeudi 2 janvier. De la Haute-Vienne à la Creuse, en passant par la Corrèze, plusieurs internautes ont immortalisé ce moment et partagé leurs photographies sur les réseaux sociaux. Le phénomène a également été observé dans d'autres territoires français, comme la Corse ou le Jura. Quelle est son origine ? Pourquoi se manifeste-t-il sous nos latitudes, et pas uniquement au pôle Nord ? Comment expliquer les couleurs vertes ou rouges ? Peut-on le prévoir ? Christian Pantacchini, président du Club d'astronomie du Limousin basé à Beyssac, répond à nos questions.
Quelle est l'origine des aurores boréales ?
"Les aurores boréales proviennent de particules émises par le Soleil, explique Christian Pantacchini. C'est une étoile en perpétuelle activité qui éjecte des corps chauds dans toutes les directions. On appelle cela communément les vents solaires." La rencontre entre ces vents solaires et notre planète est justement ce que le grand public observe et finit par dénommer "aurores boréales". "Ce que voient les gens dans le ciel, c'est le fruit de cette rencontre, poursuit le passionné. Les particules qui pénètrent dans notre atmosphère vont entrer en collision avec les molécules de gaz qui entourent notre planète. Elles vont exciter ces molécules, ce qui va produire de la lumière." C'est cette lumière générée qui va former les immenses voiles bigarrés qui semblent flotter dans le ciel.
Pourquoi sont-elles observables en Limousin ?
Le plus souvent, les aurores boréales constituent un phénomène réservé aux pôles du globe, notamment aux territoires nordiques. Le champ magnétique de la Terre agit comme une sorte de bouclier qui rejette les vents solaires vers les cercles arctiques et antarctiques. "Ça, c'est quand l'activité solaire est normale, indique Christian Pantacchini. Mais là, on vit une phase très intense. Le Soleil émet énormément de particules. Quand il y en a davantage et qu'elles sont puissantes, elles ne sont pas toutes déplacées vers le nord ou le sud. Elles restent sous nos latitudes et on peut les contempler."
Mais alors, pourquoi notre étoile se met-elle à éjecter plus de particules que d'habitude ? "C'est une question de cycle. En gros, on considère généralement que le Soleil connaît des pics environ tous les onze ans. Sans être trop technique, on peut dire qu'il alterne entre des phases d'activité magnétique faible et des phases d'activité magnétique élevée. Là, on traverse une période de maximum solaire qui va continuer en 2025 et probablement se réduire ensuite."
Comment expliquer leurs différentes couleurs ?
Habituellement, les clichés capturés par les photographes de nature nous montrent des aurores boréales aux teintes vertes. Seulement, ce jeudi 2 janvier, les images partagées par les internautes français affichent un ciel plutôt orangé, voire rougeâtre. "C'est une question d'altitude, précise le président du Club d'astronomie du Limousin. Quand c'est vert, c'est que les particules en provenance du soleil ont rencontré des molécules d'azote, entre cent et deux cents kilomètres d'altitude. Quand la collision se fait plus haut, elles ne croisent que de l'oxygène : cela donne du rouge, comme chez nous."
Comment prévoir leur apparition ?
Si les aurores boréales s'avèrent difficilement prévisibles, certaines conditions atmosphériques peuvent se montrer favorables. "Il y a l'indice KP, qui permet d'estimer l'importance des vents solaires et leur vitesse, expose Christian Pantacchini. C'est une échelle qui va de 0 à 9. Pour que le phénomène soit observable chez nous, il faut vraiment qu'il soit au plus haut. Ensuite, l'autre paramètre indispensable à surveiller, c'est le champ magnétique de la Terre. Il faut qu'il dirige les particules solaires dans la « bonne direction ». Ça, c'est notamment l'indice BZ qui le détermine. Ces données sont disponibles sur le site de "Space Weather Live". Il nous indique les chances que nous avons de voir des aurores boréales, et dans quelles zones du globe. Tout le monde peut le consulter !"
Autre possibilité : l'application pour smartphone "My Aurora Forecast". Très populaire et facile d'accès, destinée aux profanes comme aux experts, elle liste les endroits les propices à l'observation des lueurs du ciel. De quoi occuper les soirées des Limousins dans les prochains mois.