Biguglia : la pharmacie Alfonsi bientôt contrainte de fermer ?

La pharmacie Alfonsi, à Biguglia, serait selon ses dirigeants menacée de fermeture. En cause, "un problème administratif", qui rendrait l'exploitation illégale. Une fermeture qui pourrait engendrer le licenciement de 28 salariés sur site, et ne plus permettre l'accès aux soins de 20.000 patients mensuels, déplore la direction.

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À quelques heures du rendez-vous, Paul Alfonsi, gérant du groupe des pharmacies Alfonsi, n'est pas optimiste : "Selon toute vraisemblance, le conseil régional de l'ordre des pharmaciens devrait radier notre pharmacie à Biguglia, ce qui nous imposerait de fermer."

Une rencontre qui sonne comme un nouveau point d'étape d'un feuilleton "ubuesque" et "alarmant" auquel la direction du groupe, qui détient quatre pharmacies à Biguglia, Bastia et Corte, se dit confrontrée depuis maintenant plusieurs mois.

Les prémices de l'affaire, détaille Paul Alfonsi, remontent à février 2021. La pharmacie Alfonsi Biguglia obtient alors un accord pour transférer ses locaux "150 mètres plus au nord, dans un nouvel ensemble commercial alors en construction." Un transfert qui a pour but "de pouvoir proposer une pharmacie plus spacieuse, aux normes handicapées, avec un plus grand parking", précise-t-il.

En avril 2021, huit mois avant la date d'ouverture prévue, "le bailleur des nouveaux locaux demande à la pharmacie de décaler son futur local de 15 mètres sur le côté gauche du bâtiment". Le nouveau local proposé reste donc situé à la même adresse, dans le même bâtiment, avec la même forme rectangulaire, insiste Paul Alfonsi, et se trouve être plus petit que le premier local prévu, et "210m² de surface sont communs avec le local initial, objet du transfert."

La pharmacie dépose une "déclaration des modifications des conditions d'installation" auprès de l'ARS de Corse en août 2021, et sans retour, ouvre les portes de ses nouveaux locaux en novembre de la même année.

Mauvais dossier, peu de réponses

Les soucis surviennent finalement 18 mois après son ouverture, en février 2023 : "Nous apprenons d'un coup que notre pharmacie est dans l'illégalité", soupire Paul Alfonsi. Dans un rapport d'inspection, un pharmacien inspecteur de l'ARS pointe ainsi que la pharmacie n'aurait pas dû déposer une "simple modification des conditions d’installation", mais un nouveau dossier de transfert, seul document à même de régulariser la situation.

"Nous avons alors cherché par tous les moyens de joindre l'ARS et d'obtenir un rendez-vous. On nous l'accorde finalement par visio le 27 avril. Et c'est là que nous apprenons qu'un arrêté du 24 avril - soit trois jours avant que cette rencontre se tienne - est publié et effectif, et impose la fermeture de notre pharmacie, jugée illégale car ouverte dans un autre local que celui de l'autorisation de transfert - à 15 mètres près."

"Et c'est là que nous apprenons qu'un arrêté est publié et effectif, et impose la fermeture de notre pharmacie, jugée illégale car ouverte dans un autre local que celui de l'autorisation de transfert"

La direction dépose un nouveau dossier de transfert, prenant en compte le changement de local. Celui-ci se voit refusé, du fait de l'arrêté du 24 avril. Le 2 juin, le groupe est reçu par les autorités préfectorales et l'Agence régionale de santé. "Il nous est alors conseillé par l'ARS de faire une demande de regroupement de licences, pour pouvoir continuer l'exploitation dans nos locaux de Biguglia."

Le groupe Alfonsi rachète dans ce sens les licences de deux pharmacies, une à Ajaccio et une à Nice, et ferme les deux boutiques. Des pharmacies "qui étaient surnuméraires dans les quartiers où elles se trouvaient, et appartenaient à des pharmaciens qui souhaitaient partir à la retraite et ne trouvaient pas de repreneur", précise Paul Alfonsi.

Un dossier de regroupement des licences est déposé auprès de l'ARS le 23 juin 2023. "Et depuis, nous n'avons eu aucune nouvelle. Le dossier a été réceptionné, mais pas enregistré. C'est comme si vous déposiez un permis de construire, et que le maire se le gardait sous le coude sans rien n'en faire", peste le pharmacien.

100 emplois seraient menacés

Résultat, la direction rencontre ce jeudi 6 juillet le conseil de l'ordre des pharmaciens PACA-Corse, à Marseille, "sans aucune preuve que notre affaire est en cours de régularisation, rien", lui laissant craindre la probable annonce d'une radiation de la pharmacie.

"Nous avons 20.000 patients mensuels, qui devront se débrouiller pour aller ailleurs"

"Dans ce cadre, à moins que l'appel de cette décision soit suspensif, nous serions contraints de fermer". Une fermeture qui mettrait les emplois de 28 salariés en question, dénonce Paul Alfonsi - 100 emplois seraient selon lui menacés sur l'ensemble du groupe -, et toute une patientèle sur le carreau. "Nous avons 20.000 patients mensuels, qui devront se débrouiller pour aller ailleurs, de manière peut-être moins pratique pour eux, pour des tarifs peut-être moins compétitifs."

Des "pressions" externes

Paul Alfonsi en est convaincu : le vrai motif de la fermeture de sa pharmacie n'est pas celui officiellement annoncé de changement de locaux, mais plutôt, celui, officieux, de "pressions" exercées sur l'ARS et l'ordre par des confrères pharmaciens.

"Ils veulent nous faire fermer parce que nous représentons une concurrence trop importante à leur goût, que nous pratiquons des prix trop bas pour eux"

"Ils veulent nous faire fermer parce que nous représentons une concurrence trop importante à leur goût, que nous pratiquons des prix trop bas pour eux. Nous nous pensons que les patients sont contents de payer leurs médicaments 20 à 30% de moins, mais certains de nos confrères ne veulent pas rogner sur leurs marges, et ça, ça ne leur convient pas."

Contactée au sujet de cet arrêté imposant la fermeture de la pharmacie Alfonsi de Biguglia, l'Agence régionale de santé n'a pas souhaité s'exprimer. "Deux procédures sont en cours : la première contentieuse et la seconde ordinale. De plus, un dossier est en cours d'instruction par les services de l'ARS. Dans ce contexte, l'Agence ne souhaite pas communiquer", nous a répondu l'ARS.

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