Filières professionnelles : "en Corse, une chose est sûre. Si vous faites une formation en alternance, il y aura toujours des débouchés"

Lors des premières Strade di l'Orientazione, qui se déroulent à Biguglia, nous avons rencontré les directeurs du CFA de Haute-Corse, et du CFA Amparà, en Corse-du-Sud. L'occasion de faire le point sur la situation des filières professionnelles.

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Ils sont 1.700 collégiens, de toute la Haute-Corse, à défiler, durant quatre jours, à Biguglia, pour découvrir tout l'éventail des filières et des formations professionnelles qui les attendent après la 3e, s'ils décident de ne pas rejoindre un lycée général
En 2023, c'est la Corse-du-Sud qui accueillera ces Strade di l'Orientazione. Une manière de mieux faire connaître, et de valoriser, des études qui souffrent encore d'un manque de considération. 
Philippe Désiré, directeur du CFA Amparà, et Lionel Pantanacce, directeur du CFA 2B, nous en disent plus. 

Quel regard vous portez sur cette initiative des Strade di l’Orientazione ?
Philippe Désiré : Un regard très positif. Jusque-là, les événements de ce genre étaient plutôt consacrés aux filières générales. Il faut valoriser la filière professionnelle. C’est une voie d’excellence, elle doit être considérée de la même manière que les filières générales. S’y engager, c’est aussi noble que de continuer à la fac.
Lionel Pantanacce : Il y a une méconnaissance de certains métiers, et du chemin à prendre pour y arriver. Et ce genre de salon permet de montrer, concrètement, durant quatre jours, ce qui peut être fait dans les établissements de Corse.

Pourquoi ça n’a pas été fait avant ?
Philippe Désiré : Une chose est sûre, la Collectivité de Corse, qui organise l’événement avec l’Education nationale, a été un élément fédérateur. Ils ont fait passer l’information, et forcément, l’ensemble des établissements de formation de la voie professionnelle ont vu l’intérêt de s’associer à la démarche. Une démarche qui fait qu’aujourd’hui, centres de formation, lycées professionnels, lycée maritime, lycée agricole, on travaille tous ensemble. Ce qui n’était pas le cas auparavant. Et peut-être que grâce à cette initiative, on se voit plus désormais comme des partenaires plutôt que comme des concurrents.   

Entre 1.300 et 1.400 apprentis dans les CFA de Corse

Quels sont les effectifs des centres de formation de Haute-Corse et de Corse-du-Sud ?
Lionel Pantanacce : La rentrée n’est pas encore terminée, mais on se situe aux alentours de 600 personnes au CFA 2B. On devrait, au final, tourner autour de 680 à 700 élèves.
Philippe Désiré : C’est à peu près équivalent dans le Sud.

Quelles sont les filières les plus demandées ?
Lionel Pantanacce : Les métiers du bâtiment, en général, sont très porteurs. Il y a des filières où c’est plus compliqué, comme la restauration. Ce sont des cycles, de manière générale. Et puis la période sanitaire a aussi des conséquences, qu’il est encore trop tôt pour mesurer.

 
Philippe Désiré : Si l’on se base sur les effectifs des années précédentes, en tout cas, on a moins de monde, c’est sûr. Il n’y a pas que la restauration. C’est également le cas pour la coiffure. On ne se l’explique pas.

On dit parfois que certains élèves sont faits pour les filières générales, d’autres pour les filières professionnelles. Vous y croyez ?
Philippe Désiré : Nous, on est là pour leur offrir un large éventail de possibilités. Quant à savoir si l’on est fait pour tel ou tel métier, on le sait quand, tous les matins, on se lève sans avoir la boule au ventre au moment d’aller bosser. Si, de notre côté, lors de la formation, on a réussi ça, on a déjà fait la moitié du chemin. La différence, ensuite, ce sont les apprentis qui la font.
Lionel Pantanacce : Et puis il est faux de croire que tout se décide à la sortie du collège. On peut avancer, avoir son bac, et s’apercevoir qu’on est finalement attiré par autre chose. Par un métier manuel, comme la menuiserie, la maçonnerie, l’hôtellerie… Il n’est pas dit que les élèves qui visitent aujourd’hui le salon Strade di l’Orientazione vont faire le choix des filières professionnelles. Mais ils en auront au moins une idée plus précise.

La plupart du temps, les parents veulent que leur fils ou leur fille aille dans la filière générale, et ce n’est pas forcément une réussite.

Philippe Désiré

On peut également avoir envie d’opter pour ce genre de formation, mais ne pas l’envisager pour autant…
Philippe Désiré : Quand on a 16 ans, on a un facteur qui est très influent, en ce qui concerne le choix de son métier futur. Ce sont les parents. Ils sont le reflet de la société, et quand l’image du métier est un peu écornée, ou dévalorisée, c’est moins attirant. La plupart du temps, les parents veulent que leur fils ou leur fille aille dans la filière générale, et ce n’est pas forcément une réussite. Quand on voit le nombre d’abandons après l’université, ou même parfois dès la première année d’université… Peut-être qu’une orientation réfléchie, et une vision concrète des métiers, pourrait être un échappatoire à cet échec post-bac.

Et puis ces métiers-là, pour la plupart, ne connaissent pas la crise.
Philippe Désiré : Pour cette rentrée, j’ai 140 contrats disponibles au CFA Amparà, et je n’ai pas suffisamment de jeunes à mettre en face. Une chose est sûre. Si vous faites une formation en alternance il y aura toujours des débouchés. Aujourd’hui, un emploi n’est pas corrélé aux diplômes. Il est corrélé avant tout à la compétence. Il y a des jeunes qui n’ont pas de diplômes, mais qui ont un métier en CDI, après leur formation. Justement parce qu’ils ont développé des compétences qui sont recherchées

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