La jeune démocratie brésilienne a basculé dans l'inconnu lundi avec son premier président d'extrême droite Jair Bolsonaro, plus de 30 ans après la fin de la dictature. Sa victoire aux élections présidentielles divise, jusqu'en Corse, où sont installés près de 800 Brésiliens.
Le président élu, qui prendra ses fonctions le 1er janvier 2019, a reçu dimanche un mandat clair avec plus de 55% des voix, devant le candidat de gauche Fernando Haddad (45%) à l'issue d'une campagne très polarisée dans le plus grand pays latino-américain.
Bolsonaro va succéder, pour quatre ans, au conservateur Michel Temer, qui se retire sur un taux d'impopularité historique et va lui laisser un pays miné par la violence, le chômage et la corruption, et en plein doute.
Cet ancien capitaine de l'armée déchaîne les passions. Ses partisans le célèbrent pour sa probité quand ses opposants dénoncent ses prises de position racistes, autoritaristes et homophobes
Sa victoire divise, jusqu'en Corse, où sont installés environ 800 Brésiliens. Jean-Dominique Valentini et sa famille vivent entre Aléria et Sao Paulo. Ils ont suivi les élections via Internet et ne cachent pas leur déception.
"Ce qui est lamentable, c'est qu'une personne qui est contre les droits humains, qui veut mettre un régime fascisant au Brésil, ait pu accéder au pouvoir, c'est dommage pour les Brésiliens et les droits de l'Homme dans le monde entier", explique Jean-Dominique Valentini.
Installé à Moriani depuis huit ans, la famille Souza soutient depuis la première heure l'ancien militaire. Les parents et leurs trois enfants ont suivi la soirée électorale devant la télévision.
"On attendait tous ensemble le résultat et voilà, c'est Bolsonaro, c'est ce que l'on attendait, on a toute la famille au Brésil et c'est ce que l'on attendait pour eux", indique André Da Silva Souza.
Fin connaisseur du Brésil où il réside plusieurs mois de l'année, l'ancien maire d'Aléria, Vincent Carlotti, explique ce résultat par trois raisons principales : le ras le bol de la gauche corrompue, l'insécurité et la peur du communisme.
"C'est un pays qui doit être la 10ème ou 12ème puissance industrielle mondiale. Le fait que l'extrême droite soit parvenue au pouvoir dans un pays comme celui-là, va incontestablement booster tout ce qui est populiste et d'extrême droite, y compris dans nos régions", estime-t-il.
Cette influence sera-t-elle aussi forte qu'annoncée ? Bolsonaro, qui n'a fait voter que deux lois en 27 ans de députation, arrive à la tête d'un pays de 209 millions d'habitants sans aucune expérience du pouvoir, comme ses futurs ministres.
Dans sa ligne de mire, pêle-mêle: les Noirs, les femmes, les membres de la communauté LGBT, mais aussi les militants de gauche, les Indiens, les membres du mouvement paysan des sans-terre (MST) et d'ONG, les défenseurs de l'environnement et les journalistes.
Jair Bolsonaro sera sous la surveillance de la communauté internationale. Il a déjà reçu lundi de l'Union européenne, qui lui a demandé de "consolider la démocratie", le signal qu'il serait sous le radar.