"En danse, en Corse, on explose les quotas de réussite des autres régions"

Une nouvelle fois, le très réputé Concours Régional de Danse a démontré que la Corse fourmille de talents dans le domaine. Près de 1.000 participants et 4.000 spectateurs se sont retrouvés à Borgo durant tout le week-end. Nous étions dans les gradins.

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Un parking complet, un ballet continu de voitures venues de toute la Corse dans les allées, des agents de sécurité postés aux quatre coins du complexe sportif, des files d'attente interminables pour accéder à la salle où se déroulent les épreuves, et une cohue indescriptible à la sortie, où les parents, souvent plus excités encore que leurs enfants, viennent fêter leur victoire, et parfois les consoler après une performance ratée. 

Au Spaziu Sportivu Paul Natali, à Borgo, c'est l'effervescence. Le concours régional de danse est le rendez-vous le plus important de l'année les amateurs de danse insulaires. Durant trois jours, près de mille danseurs et danseuses défilent sur la scène, venus de 32 clubs. Et plus de 4.000 personnes ont acheté leur ticket pour assister au concours. 

Rampe de lancement

Jean-Pierre Lamperti, le président de la Fédération corse de danse, a créé l'événement il y a 22 ans. Et, à l'époque, il n'imaginait pas une telle réussite. "On a commencé avec 150 passages, et aujourd'hui, on est à plus de 500... Mais c'est surtout le niveau moyen, qui a augmenté. Celles et ceux qui gagnaient des prix à l'époque ne seraient plus au palmarès aujourd'hui..."

Les prix les plus convoités, ce sont ceux qui ouvrent la porte de la compétition au niveau national, puis, en cas de nouveau succès, au niveau européen. Ca a été le cas pour l'école de danse Bell'Arte, à Corte. Elles sont plusieurs danseuses, en solo ou en groupe, a avoir décroché le sésame. Elles iront danser à Angers en mai prochain, et pourquoi pas à Barcelone, face aux meilleures danseuses du continent. 

Le stress, c'est avant ! Une fois que je suis en train de danser, je n'y pense plus

Laurina, Bell'Arte

Ce n'est pas la première fois. Certaines d'entre elles sont déjà parties concourir à Montpellier, l'année dernière. Et d'autres, pour cause de confinement, ont dû défendre leurs chances par visio, l'année précédente. Mais ces moments de compétition restent toujours de bons souvenirs. "C'est stressant, bien sûr, de danser devant autant de monde, avec un tel enjeu. Mais le stress, c'est avant ! Une fois que je suis en train de danser, je n'y pense plus", confie Laurina. 

Davia a dix ans. Elle a dansé dans la matinée, et elle aussi a remporté un prix qui la mènera à Angers. Et elle ne cache pas sa joie d'être là. "La danse, c'est trop bien ! C'est ma passion depuis trois ans, et j'adore !", nous dit-elle avec un grand sourire. 

Son grand-père, Toussaint, n'est pas très loin. Assis dans les gradins, il attend avec une patience bienveillante la prochaine session, qui sera consacrée au Jazz -Modern Jazz, en solo ou en duo, alors que la plupart du public est a rejoint les buvettes disséminées à l'extérieur. "Davia vit pour ça, elle préfère danser que regarder la télé... Et moi, je la suis tout le temps. Je ne manquerai ça pour rien au monde, regardez comme elle est heureuse !"

Le grand-père est admiratif de sa petite-fille, et de ses camarades : "c'est beaucoup de travail, elles dansent pendant des heures et des heures, elles sont très courageuses". 

Je suis très étonné du niveau général des danseuses en Corse

Bernard Baumgarten, directeur artistique luxembourgeois

Mais le travail, selon l'expression consacrée dans les studios de danse et les salles de sport, ça paie. "On est vraiment une région de danse. Et on a des résultats exceptionnels, au niveau national et même européen", précise Jean-Pierre Lamperti, pas peu fier. "On explose les quotas de réussite par rapport aux autres régions !"

Où sont les hommes ?

Le jury d'Inseme, le concours régional de Danse, est composé de personnalités venues d'ailleurs, et très respectées dans le monde de la danse. L'un d'eux, Bernard Baumgarten, a pris place derrière la table où les juges se succèdent au fil de la journée. Il jette un œil au carnet où il inscrit toutes ses impressions, avant de décerner les notes finales, et reconnaît qu'il est "très étonné de la qualité générale. C'est très agréable de découvrir ce très, très bon niveau"

Le chorégraphe luxembourgeois, directeur artistique du Centre de Création Chorégraphique Luxembourgeois, conquis par les danseuses insulaires, n'a qu'un petit bémol à émettre : "Où sont les garçons ? Depuis quelques années, la danse urbaine a amené plein de garçons à la danse, mais pas en Corse, apparemment... Je n'ai vu pratiquement que des filles depuis le début du concours. Bougez-vous les garçons, sortez de vos canapés et venez danser !". 

Apparemment, malgré le succès et l'engouement suscités par la discipline sur l'île, la danse corse a encore de belles perspectives de développement devant elle...

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