Calvi-Mandelieu : 180 km au mental, "malgré les doutes, l’abandon était inenvisageable", Thierry Corbalan

Amputé des deux bras, il vient de terminer 180 km de traversée de la Méditerranée à la nage entre Calvi et Mandelieu. Un 14e et dernier défi rempli de symboles. Thierry Corbalan, 61 ans, surnommé le "dauphin corse", livre ses impressions sur son dernier challenge.

Quatorzième et dernier défi réussi pour Thierry Corbalan. Entre le 14 et le 20 septembre, le dauphin corse a effectué une traversée de la Méditerranée à la nage, entre Calvi (Haute-Corse) et Mandelieu-la-Napoule (Alpes-Maritimes)

Un dernier challenge, long de 180 km, dont les dates et les lieux étaient symboliques. C’est à Mandelieu, en 1988, lors d’une partie de pêche près d’une voie de chemin de fer, que la ligne de Thierry Corbalan s’enroule autour d’un caténaire. Un accident qui lui coûte ses deux bras. 

Le nageur handisport revient sur le plus long défi de sa carrière. 

  •  Quel était votre état d’esprit lorsque vous vous êtes jeté à l’eau à Calvi ? 
J’avais des doutes, je me disais : "J’espère que je vais y arriver". Parce qu’il fallait absolument que j’arrive le 20 septembre pour faire un cadeau d’anniversaire à Denis, l’ami qui m’a sauvé la vie. J’étais angoissé, parce qu’il fallait réussir. 
  • Lors de vos premiers jours de nage, les conditions météorologiques étaient défavorables, vous avez eu le mal de mer, à ce moment-là, vous avez pensé à abandonner ? 
L’abandon était inenvisageable. Mais, j’ai eu des moments de doutes. Lorsque j’ai eu le mal de mer, j’ai nagé une journée entière sans rien dans le ventre. J’ai stressé, parce que j’ai pris du retard et je pensais que je n’allais pas arriver le jour prévu. 

Les jours qui ont suivi, ça a été une véritable course contre la montre, je me suis mis dans le rouge, car j’ai tout le temps nagé à mon maximum. J’aurais été très déçu de ne pas arriver à la date d’anniversaire de mon ami.
  •  Avez-vous pensé à quelque chose ou à quelqu’un pour garder le cap ? 
J’ai pensé à ma femme, à ma famille, mes enfants. Je ne voulais pas les décevoir. 
  • Vous avez une relation très forte avec votre femme, quelle a été votre relation durant ces six jours de nage ? 
Habituellement, on s’appelle tous les soirs et c’est la première fois que nous étions séparés aussi longtemps. Là, j’étais trop fatigué, j’ai fait une hypoglycémie et une hypothermie, donc on ne pouvait pas s’appeler. J’étais très frustré. 

J’avais quand même des nouvelles via mon cousin ou mon skipper, ils me lisaient ses messages. Mais je ne les avais pas tout de suite.
  • Lorsque vous vous rapprochez de Mandelieu, c’est la libération ? 
Oui (rires). En fait à un kilomètre de l’arrivée, je suis monté sur un bateau et j’ai été rejoint par mes filles et des plongeurs. C’est là que j’ai réalisé, que l’émotion a pris le dessus. 

Puis je suis arrivé sur la plage, j’ai tout de suite pensé à Patricia (sa femme, ndlr.) et à Denis. 
  • Une fois réunis, qu’avez-vous dit à Denis ? ​​
Bon anniversaire (rires). Lui m’a répondu : "merci pour ce cadeau". J’étais très fier. 

Si Thierry Corbalan ne se lancera plus de défi personnel, il compte raconter son histoire autrement, notamment au travers de conférences. Mais pour le sexagénaire, dont la vie a été marquée par le sport, pas question de tout arrêter pour autant. 

Il assure qu'il participera à de petites compétitions ou répondra aux appels d'associations pour des challenges. En attendant, un défi d'une tout autre nature l'attend déjà : la sortie d'un livre prévue en octobre.
 
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