Une paillote chasse l'autre. La paillote Mar a Beach, au centre de polémiques, doit disparaître. Le préfet de Haute-Corse se dit décidé à faire appliquer la décision de justice. Dans le même temps, il vient d'autoriser au même endroit l'occupation des lieux pour le festival Calvi On The Rocks...
Le 15 mai dernier, la décision de justice rendue par le tribunal de grande instance de Bastia semblait claire. Il ordonnait l'expulsion de Franck Maraninchi, le gérant de la paillote Mar a Beach, "avec au besoin le recours à la force publique".
La paillote est nichée au coeur de la presqu'île de la Revellata, plage de l'Alga, sur la commune deCalvi. Un endroit paradisiaque, certes, mais qui est sur le domaine publique maritime, et appartient au Conservatoire du littoral.
La fin d'un feuilleton de plus de 15 ans? Apparemment pas. Aujourd'hui, la paillote est toujours ouverte au public, affiche régulièrement complet, et Franck Maraninchi est fidèle au poste.
La préfecture de Haute-Corse, pourtant, avait affiché sa volonté de faire respecter la décision de justice le plus rapidement possible... Nous avons cherché à joindre le préfet de Haute-Corse et le sous-préfet de Calvi. En vain. Il nous a été répondu que les représentants de l'Etat ne souhaitaient pas s'exprimer sur la question...
Etonnant? Pas tant que ça.
Nous avons appris que les mêmes représentants de l'Etat avaient donné une autorisation temporaire d'occupation du domaine public maritime à l'organisateur du festival Calvi On The Rocks, pour faire comme les années précédentes, de la plage de l'Alga, l'un des "spots" les plus en vue du festival du 6 au 12 juillet.
D'autant plus surprenant que l'arrêté préfectoral est daté du 1er juin, soit 15 jours après le jugement du tribunal de grande instance de Bastia ordonnant l'expulsion du propriétaire de la paillote Mar a Beach et la restitution de la virginité des lieux. Pour prendre sa décision, le préfet s'appuie même sur "l'avis favorable de Monsieur le Maire de Calvi", en date du... 28 mai.
Une paillote, accueillant plusieurs milliers de fêtards, des DJ et une scène énorme, sur la Plage du Mar a Beach... De quoi faire un bien fou aux posidonies et à l'environnement naturel que les pouvoirs publics se disent décidés à défendre coûte que coûte...
Un nouvel épisode dans le feuilleton Mar a Beach, qui démontre combien le sujet reste plus que jamais une épingle dans le pied des protagonistes. La préfecture de Haute-Corse et celle de Calvi n'ont pas donné suite à nos demandes d'explications. Même son de cloche du côté de la mairie de Calvi.
Le conseil municipal de Calvi a demandé la rétrocession du terrain, pour que Franck Maraninchi puisse continuer à exercer son métier à la Revellata. Sans surprise, le Conservatoire du Littoral, que nous avons contacté, a juste répondu qu'il y avait eu une décision de justice et qu'il comptait s'y tenir.
Une chose est sûre, la polémique de la Revellata illustre, plus que tout autre, le dilemme entre le développement économique touristique et la préservation du patrimoine naturel de l'île.