Au Service incendie et secours de Haute Corse, 15 groupes spécialisés interviennent en renfort lorsque le sauvetage impose l’emploi de techniques et de savoir-faire particuliers. Exemple avec le GRIMP. Son credo : le milieu périlleux.

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C’est un petit camion rouge dont rêveraient tous les enfants : rempli à ras-bord, dans un ordre parfait, de multiples boîtes contenant elles-mêmes tout un tas d’outils : dévidoirs de cordes, casques, mousquetons, potences, talkie-walkies et même, savamment glissée sur le tout, dans un espace juste assez grand, une fine civière orange en polyéthylène, pour évacuer les victimes en toute sécurité. 

Ce camion, c’est le véhicule du GRIMP 2B. 

Ce mardi, il est stationné sur la corniche de Ville di Pietrabugno, magnifique panorama sur Bastia. Le groupe de reconnaissance et d’intervention en milieu périlleux (GRIMP) est venu réaliser un de ces exercices indispensables au maintien de son niveau de performances.

Le scénario s’inspire de ce que cette poignée d’hommes aguerris rencontre tous les jours ou presque. L’adjudant Laurent Manenti, chef d’unité, briefe l’équipe :  « un randonneur est tombé juste derrière ce piton rocheux. Il y a un pompier au contact avec lui au fond du ravin ... Il a une jambe cassée .... Il faut le transporter à l’horizontal». 

Un secours à la personne compliqué, technique, dans un milieu hostile : voilà le champ d’intervention de cette unité. Sa mission : « procéder aux reconnaissances, abordage, sauvetage, conditionnement, extraction et évacuation des victimes dans un environnement naturel, ou artificiel, technique et difficile d’accès », résume le commandant Pierre Ferrandini, chef des unités spécialisées du SIS de Haute Corse. 

Des interventions techniques

Dans le cas d’école étudié ce jour-là, une seule solution : installer une tyrolienne pour enjamber le précipice et amener la civière jusqu’au blessé. Pendant les préparatifs, seuls les clics des mousquetons qu’on positionne, et quelques mots, bribes de langage technique réservé aux initiés, trouent le silence.

Deux sapeurs-pompiers montent un genre de catapulte pour envoyer le câble de l’autre coté du ravin. Pas loin de 100 mètres de distance. Là, deux collègues ont percé la roche pour ancrer leur système. La corde est tendue grâce à un treuil thermique qui va tracter l’ensemble du dispositif; reste à y suspendre la civière pour la descendre près de la victime et remonter l’ensemble avec d’infinies précautions.

L’opération est longue et difficile, mélange de force et de subtilité technique. C’est souvent le cas avec le GRIMP. «Aujourd’hui, beaucoup d’interventions se font avec un hélicoptère, explique un des hommes de l’unité, parce que ça va plus vite et qu’il faut seulement deux hommes. Mais il arrive que l’hélico ne soit pas libre, que les conditions météo ou géographiques empêchent sa venue ». Il faut alors 5 pompiers spécialisés du GRIMP, lourdement équipés. «Depuis deux ans, nous avons vraiment beaucoup de matériel, très adapté, c’est important dans ce que nous faisons », poursuit l’adjudant Manenti. 

Crée voilà près de 20 ans, le GRIMP 2 B réunit aujourd’hui 14 personnels. Un groupe formé sur la disponibilité de ses membres, et une double technicité pour l’intervention et pour le secours à la personne. Il est constitué de pompiers pro ou volontaires qui assurent cette spécialité en plus de leur activité de pompiers. « Nous effectuons des centaines de sorties par an en VSAB (véhicule de secours et d’assistance aux victimes), comme tous les pompiers », souligne Laurent Manenti. En plus, deux hommes du GRIMP assurent des gardes une semaine sur deux, en alternance avec le groupe montagne.

La moitié des interventions en milieu urbain

Sur la centaine d’interventions à l’actif du GRIMP 2B  l’an dernier, la moitié s’est déroulée en milieu naturel, l’autre en milieu urbain. « Notre coeur de métier reste le secours à la personne, avec en plus, cette spécialité du milieu périlleux, précise encore le chef d’unité. On nous appelle par exemple  lorsque une victime doit être extraite par la fenêtre de son immeuble, si l’escalier est trop exigu ou que son état médical impose de la transporter à l’horizontal ». Là encore, poulies, cordes et précision sont de rigueur. « Pendant le confinement, nous avons eu beaucoup d’interventions de ce type. Des personnes en crise d’angoisse, avec des symptômes covid, ou d’AVC, qu’il fallait évacuer d’urgence de leur domicile sans que cela soit possible par les moyens classiques ».

Le GRIMP est l’une des 15 équipes spécialisées du SIS de Haute Corse; un nombre important justifié par les risques identifiés sur le territoire. « Ces groupes sont appelés à intervenir de plus en plus, estime Pierre Ferrandini le chef du service équipes spécialisées, car nos exigences en terme de sécurité et de confort pour les victimes augmentent et ces spécialistes, formés, entrainés, permettent de répondre à un niveau plus élevé d’exigences ».

 

 

 

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