Depuis des décennies, économistes, professionnels et élus tentent d’expliquer la différence de prix de l’essence entre la Corse et le continent. Actuellement, un collectif citoyen se crée pour protester contre ces prix inadaptés.
À l'heure de faire le plein de la voiture, tout le monde est d'accord. L'essence en Corse, « c'est trop cher ».
Partout, en France, le prix des carburants augmente. Et en Corse, la facture est particulièrement salée : plus 12 centimes que la moyenne nationale sur le sans-plomb, plus 11 centimes sur le Gazole.
En théorie, l'essence devrait être moins chère dans l'île. Elle bénéficie d'une TVA réduite 13 % au lieu de 20 %. Pour comprendre le phénomène, il faut se pencher sur le circuit de l'essence en Corse.
Première étape : l'approvisionnement en matière première, dans les raffineries de Fos-sur-Mer. Le carburant est ensuite acheminé par bateau vers les centres de stockages de Lucciana et Ajaccio. Dernière étape : le transport du produit vers les stations-services. Autant de coûts qui s’additionnent.
Au dépôt pétrolier de Lucciana, 193 000 tonnes de produit transitent par an, ce sont 103 000 tonnes à Ajaccio. Les deux dépôts appartiennent à la même société : les Dépôts Pétroliers de la Corse. Elle est gérée par le groupe Rubis depuis l’année dernière. Sa filiale Vito Corse, détient près de la moitié des stations-service de l’île : 64 sur 129.
Collectif citoyen
Pour protester contre le prix des carburants, un collectif citoyen s’est créé. Très actif sur les réseaux sociaux, il pointe du doigt ce quasi-monopole. « Cette augmentation avec le continent n’a de cesse de croître, à croire que la Corse devient de plus en plus île ou de plus en plus montagneuse. Cette augmentation augmente de plus en plus depuis l’arrivée d’un nouvel acteur qui est Rubis », soutient Frédéric Poletti, collectif Agissons contre la cherté des carburants en Corse.
La direction générale de Vito Corse conteste cette mise en cause. Elle invoque des contraintes économiques. « On est sur un territoire insulaire, il y a des spécificités. Il y a une rupture de charges qui est importante entre le surcoût maritime et les frais logistiques dédiés à ce territoire insulaire qui reste sur une petite consommation. Ca explique une majeure partie des surcoûts. Il y a un réseau de distribution traditionnel qui vit de la vente des carburants, ça explique aussi un certain nombre de différences par rapport au territoire continental. Et la Corse subit aussi les augmentations, très importantes, de taxes qui sont décidées par les autorités publiques », indique Vincent Perfettini, directeur général de Vito Corse.
Le collectif citoyen a lancé une page Facebook et une pétition en ligne. Objectif : sensibiliser et mobiliser la population pour pouvoir peser dans la balance.