Depuis hier soir, les 41e Ghjurnate Internaziunale battent leur plein à Corte. Un rendez-vous d'importance pour Corsica Libera, qui entend bien faire entendre une voix dissonante au sein du milieu nationaliste, alors que le processus de discussions avec Paris peine à tenir ses promesses.
Sans surprise, c'est le processus de discussions entre Beauvau et les élus corses qui sera au cœur des débats des 41e Ghjurnate Internaziunale qui se déroulent ce week-end à Corte.
Un processus que Corsica Libera, dans son communiqué de presse, estime être "un processus à l'arrêt, maintenu artificiellement en vie".
Lignes rouges
Depuis des mois, le mouvement indépendantiste ne fait pas vraiment mystère de ses réserves quant à la démarche menée par Gilles Simeoni et les alliés d'hier.
Des réserves affichées plus clairement encore le mois dernier, à l'Assemblée de Corse, lors du vote sur le rapport "autonomia". "Par l'intermédiaire de notre élue Josepha Giacometti-Pieredda, rappelle Corsica Libera, nous nous sommes affirmés comme la seule force nationale à refuser de voter un texte qui continue d'avaliser le cadre imposé par Paris et ses "lignes rouges" qui, de facto, ferment la porte à toute reconnaissance du peuple corse et de ses droits nationaux, à une citoyenneté corse permettant l'accès à la terre, à l'emploi et aux listes électorales ou encore à la co-officialité de notre langue".
Jeter les bases d'une alternative
Corsica Libera semble décidé à jouer plus que jamais son rôle d'opposition nationaliste à la majorité nationaliste, et à "jeter les bases d'une alternative nationale ouverte à touts ceux qui partagent cette analyse de la situation et souhaitent poursuivre le combat pour la sauvegarde de sa terre d'un peuple actuellement menacé par les effets conjugués de la spéculation immobilière, de la colonisation de peuplement, de l'extinction linguistique et de la négation démocratique."
Et quel meilleur endroit pour cela que les Ghjurnate de Corte, caisse de résonance d'importance, en Corse et même au-delà ?
Dimanche, à 17 heures, un grand débat sera consacré au "volet social de la lutte de libération nationale", un sujet qui, selon Corsica Libera, est "le grand absent des politiques territoriales en Corse", et qui a été, "dans le cadre des discussions de Beauvau, totalement éludé à ce jour". Des acteurs du monde syndical corse, mais également basque ou guyanais, prendront part aux discussions.
Comme il est de tradition aux Ghjurnate, des intervenants venus d'ailleurs viendront, tout au long du week-end, partager leur expérience dans la lutte pour l'autonomie, l'indépendance, mais également en matière d'exercice du pouvoir. Ainsi, Laura Borràs, présidente du Parlement catalan en 2021 et 2022, reviendra sur le processus indépendantiste catalan.
Un grand débat international, dimanche matin, sera quant à lui consacré aux "limites de l'autonomie et opportunités de la pleine souveraineté", en présence de Laura Borràs, mais également de Tematai Le Gayic, venu de Polynésie, pour le Tavini, et du Kanaky Mickael Forrest pour le FLNKS, ou l'Ecossais Neale Hanvey.