Plan France Relance : l'Etat peut mieux faire en Corse, selon Gilles Simeoni

Comme dans le reste du pays, Paris multiplie les dispositifs pour soutenir la relance tant attendue, après 18 mois de Covid. Olivier Dussopt, le ministre chargé des comptes publics, était en Corse pour en vanter les mérites. L'exécutif insulaire est plus mesuré et demande plus de concertation.

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Sur le campus de l'université de Corte, le tableau est inhabituel. A la place des habituels étudiants, encore en vacances, des ouvriers et des gendarmes. Les premiers travaillent sur les importants chantiers des résidences universitaires alentour. Les seconds sont là pour assurer la sécurité du ministre chargé des comptes publics. 

Olivier Dussopt, suivi de son équipe et de plusieurs élus insulaires, pénètre, casque sur la tête, dans le bâtiment Ettori. C'est Marc-Paul Luciani, le directeur général du CROUS de Corse, qui mène la visite. Le chantier n'en est encore qu'à ses débuts, mais il devrait être livré à la fin de l'année. Le coût de la rénovation des deux bâtiments s'élève à 3 millions d'euros.

"Le CROUS est une petite structure, on n'avait pas les moyens de réaliser ce genre de travaux en fonds propres, et pourtant, c'était un réel besoin", reconnaît Marc-Paul Luciani. Alors le volet rénovation énergétique des bâtiments de l'Etat compris dans le Plan France Relance est ce qu'on appelle une aubaine. 

Accompagner la reprise

Le ministre chargé des comptes publics est en Corse dans le cadre de ce très médiatique plan France Relance, censé "préparer l'avenir et accompagner la reprise". En clair, apporter un bol d'air à celles et ceux qui pâtissent économiquement de la crise sanitaire mondiale. 

Le plan France Relance, c'est plus de 160 millions d'euros, au bénéfice de tous les Corses.

Olivier Dussopt

Olivier Dussopt est en Corse, sur le terrain, pour montrer que le gouvernement reste mobilisé, même durant les vacances. Et rappeler ce qui a déjà été fait. Entre deux visites à l'Afpa et dans les locaux de la sécurité civile, qui vont aussi bénéficier du plan France Relance, il martèle que "l'Etat a beaucoup aidé les entreprises et l'ensemble des habitants à travers les aides d'urgence, l'activité partielle, le fond de solidarité et les exonérations". Et brandit le chiffre de 610 millions d'euros débloqués en dix-huit mois au bénéfice de la Corse. 

S'adapter aux réalités du territoire

Gilles Simeoni brille par son absence, durant une bonne partie de la matinée. Il n'apparaît qu'à la mi-journée, pour la réunion prévue avec élus insulaires et acteurs économiques. Manière, peut-être, de témoigner du peu d'emballement suscité à l'Assemblée de Corse par les aides gouvernementales. Dans son entourage, certains n'hésitent pas à qualifier le ministre de "VRP de luxe"...

Paris fait semblant de nous consulter.

Gilles Simeoni

Le président de l'exécutif ne cache pas ses inquiétudes : "On n'est pas aussi optimistes que lui. Malgré un été plutôt bon, on a des faiblesses structurelles qui subsistent, et se sont même aggravées". Le leader de la majorité nationaliste le reconnaît, "un effort massif a été fait par l'Etat. Il a contribué à atténuer l'impact de la crise. Et, à la collectivité, nous en avons pris plus que notre part, avec le plan Salvezza, par exemple. Olivier Dussopt en a convenu volontiers".

Mais, à l'en croire, le chemin est encore long. "Pour nous aider à dépasser cette crise, et à construire un modèle différent, on doit encore renforcer et améliorer les dispositifs, et les adapter aux spécificités de la Corse".

Peut mieux faire ? 

Gilles Simeoni en appelle à plus de "territorialisation". A demi-mots, c'est l'attitude de l'Etat envers l'Assemblée de Corse qui est une nouvelle fois pointée du doigt par l'élu. "Paris fait semblant de nous consulter mais il n'y a pas de dialogue opérationnel. Aujourd'hui on travaille en silo, mais il faut développer une stratégie commune. Et une nouvelle fois, notre interlocuteur n'a pu donner aucune réponse à nos demandes."

Il faut développer une stratégie commune.

Gilles Simeoni

Olivier Dussopt a, selon le président de l'exécutif, écouté les élus insulaires, mais il aurait affirmé que tout cela dépassait son champ de compétences.

Toutefois, il n'a pas manqué d'opposer quelques chiffres à ces réticences, au cours de son point presse. "Depuis l'apparition de la crise sanitaire, grâce au soutien de l'Etat, plus de 1.700 apprentis ont été recrutés, et plus de 1.000 jeunes de moins de 26 ans ont été embauchés. Et les prêts garantis, à l'échelle de toute la Corse, représentent 1 milliard d'euros, garantis à 90 % par l'Etat." 

Un bilan qui, apparemment, n'a pas suffi à convaincre Gilles Simeoni. 

 


 

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