L'entretien des berges du Tavignano, enjeu primordial pour l'agriculture et le tourisme

Le Tavignano en 2013, avant la crue.
Intervenants : Ange Fraticelli, maire d’Aléria ; Philippe Ponteri, agriculteur ; Bernard Cabot, exploitant d’un camping. ©France 3 Corse ViaStella

En décembre, les crues ont fortement touché la plaine orientale près d'Aléria. Les riverains du Tavignano, agriculteurs et acteurs touristiques, sont inquiets de voir leurs terres disparaître rapidement sous l'effet de l'érosion. Ils vont se réunir en une association pour sauver leurs berges.

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Le terrain à l’entrée sud d’Aléria a toujours vécu au rythme des crues. Nous sommes ici sur les terres d’Ange Fraticelli, le maire de la commune. Sa famille exploite la prairie inondable depuis des décennies.
 
Mais aujourd’hui, le premier édile constate, impuissant, une dégradation considérable des berges du Tavignano. Avec les dernières pluies, son terrain a reculé de près de cinq mètres. La rivière mange peu à peu les terres des agriculteurs.
 
« Depuis des décennies, c’est la première fois qu’on observe d’aussi gros dégâts. Par l’érosion des berges, par l’apport d’arbres et de sables, qui vont modifier le lit de la rivière. » En créant un méandre en contournant un banc de sable, le cours d’eau accentue l’érosion de la prairie.

L'apparition de couches de sable

 Trois mois après les inondations, les agriculteurs en enlèvent encore les stigmates : clôtures à relever, branchages à dégager… L’eau avait tout submergé. Le maire pointe le manque d’entretien des berges et paradoxalement, l’impossibilité, pour lui, d’agir.
 
« Le problème, c’est que pour entretenir, il faut une autorisation du service de l’eau. Et on ne peut pas faire ce que l’on veut : j’ai proposé d’implanter des cannes de Provence. On m’a fait comprendre que ce n’était pas une espèce endémique, et qu’il ne fallait pas en mettre. Alors que l’on constate qu’elles réduisent l’érosion. »
 

Face à la législation, les agriculteurs se déclarent pour l’instant incompétents. Philippe Ponteri est l’un des plus gros producteur de maïs et de fourrage de la région. Un phénomène nouveau a touché son exploitation : son terrain de cinq hectares est recouvert d’une couche de sable, épaisse de soixante centimètres par endroits.

Une association pour se faire entendre

Pour comprendre les causes de cet ensablement, une étude de la direction départementale des territoires et de la mer est en cours. Agriculteur et riverains ont été sollicités par les autorités. Une  association des riverains du bas-Tavignano sera créée pour faire entendre leur voix et comprendre les décisions et réglementations.
 
Mais pendant que certains se plaignent d’avoir trop de sable, d’autres, en aval, jugent ne pas en avoir assez. À cause des crues, des troncs d’arbres ont échoué sur la plage d’Aléria, là où Bernard Cabot tient un camping. « Quand un fleuve est bouché, il ne remplit plus son rôle de m’amener suffisamment de sable tous les ans pour que la mer puisse le dispatcher le long de la côte ».
 

Pour peser dans les débats, il devra adhérer à l’association est tenter de sauver son activité, tant que la nature lui permettra. Comme Bernard Cabot, les acteurs économiques du littoral esperent beaucoup de l’étude de l’État et de l’Europe et son fonds européen de développement régional. Une espérance partagée avec les agriculteurs.
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