"J’en veux aux politiques qui veulent monter les Français les uns contre les autres" : à quelques jours de l’entrée en vigueur de l’interdiction de circulation des véhicules Crit’Air 3 à Lyon et Paris et dans toute leur Zone à faibles émissions (ZFE), le porte-parole lyonnais de l’association "40 millions d’automobilistes" se range du côté des plus de 600 000 voitures qui ne pourront plus rouler en ville. Un homme dont toute la vie tourne autour des quatre roues.
"Je suis le représentant de l’association 40 millions d’automobilistes à Lyon et j’interviens chaque fois qu’on veut supprimer la voiture de la mobilité. Tout le monde ne peut pas circuler à pied ou à vélo. Des gens ont besoin de la bagnole et ne peuvent pas faire autrement", Yohann Berthe, 40 ans, plutôt pondéré au quotidien, retrouve de la gravité dès qu’on lui parle des restrictions de circulation dans sa ville. "Quand on voit que la plupart des diesels ne pourront plus circuler en janvier prochain, la méthode n’est pas bonne. Il faut que les gens comprennent qu’on n’a pas le choix : deux tiers des gens qui viennent travailler à Lyon le matin habitent à plus de cinq kilomètres et ont besoin de leur voiture".
C’est une bataille de classe, entre ceux qui ont les moyens d’habiter dans le centre ou de s’offrir un véhicule propre et ceux qui sont obligés d’habiter en périphérie et de faire une heure de trajet pour aller travailler
Yohann Berthe,porte-parole lyonnais de l'association 40 millions d'automobilistes
La voiture, c'est toute sa vie
Mais Yohann Berthe n’a pas que la Zone à faibles émissions (ZFE) dans sa ligne de mire. Les radars ? "À certains endroits, je ne peux pas les défendre. C’est un impôt, comme le loto. Et puis, en faisant de la répression, on touche au porte-monnaie, on touche à l’emploi des gens, car ils peuvent se faire retirer leur permis. Il y a d’autres moyens, notamment la prévention, qui ont fait leurs preuves".
▶️REPLAY Enquêtes de régions : La guerre du vélo
Le contrôle du stationnement payant par des véhicules à lecture automatisée des plaques d’immatriculation (LAPI) à Villeurbanne ou Lyon ?
Ce sont des sulfateuses à PV. Même nous, en écoles de conduite, on s’arrête, on prend une prune.
Yohann Berthe,porte-parole lyonnais de l'association 40 millions d'automobilistes
Le partage de l’espace public ? "Il y a un petit livre merveilleux qui s’appelle le Code de la route, qui est bien illustré et qui explique comment faire le partage. Des vélos peuvent avoir des tensions avec les voitures, par exemple quand un véhicule est garé sur une piste cyclable. Mais il faut comprendre aussi les voitures, quand on voit des vélos qui dépassent par la droite et qui risquent leur vie. Si la voiture roule sur le vélo, c’est l’automobiliste qui est en tort. Donc, on peut comprendre qu’il puisse s’énerver".
Les élus écologistes qui veulent réduire l’espace dévolu aux voitures ? "Il y a beaucoup d’écolos qui ne veulent rien entendre. Ils ont la vérité, seule et unique". Et il ajoute :
Les écolos ont vite fait de faire passer l’automobiliste pour un connard
Yohann Berthe,porte-parole lyonnais de l'association 40 millions d'automobilistes
Il faut dire que la voiture, c’est toute la vie de Yohann Berthe. Fils de gérants d’autoécole, il a vu toute sa famille réchapper à un accident grave lorsqu’il avait huit ans. "On a été percutés de plein fouet par un automobiliste, qui sortait d’un contrôle URSSAF et qui avait juste l’esprit ailleurs. Il a suffi d’un instant d’inattention pour que ma mère se retrouve avec le cervelet explosé et une triple fracture des vertèbres et mon père une clavicule cassée. C’est là que j’ai pris conscience de l’importance de la formation et du bon respect des petits gestes pour la sécurité".
40 millions d'automobilistes
C'est une association qui veut porter la parole des automobilistes et défendre leurs intérêts. Fondée en 2005 par l’Automobile club de l’ouest (ACO), elle s’est d’abord fait connaître par son opposition aux radars automatiques. Depuis, elle bataille contre les baisses de limitation de vitesse (les 80 km/h sur nationale ou les 30 km/h en ville), contre le prix des carburants (qu’elle voudrait plafonner à 1,50 € par litre), contre les péages autoroutiers ou les restrictions de circulation en ville (lors des pics de pollution ou via les ZFE).
Les élus écologistes sont particulièrement visés par l’association et son délégué général, Pierre Chasseray, qui n’a pas hésité à dire : "Le seul objectif des écologistes est d’emmerder les automobilistes" ou "L’écologie est forcément totalitaire, extrémiste et égoïste".
Enquêtes de régions "la guerre du vélo" dès maintenant sur france.tv et mercredi 4 décembre 2024 à 23h15 sur France 3 Auvergne-Rhône-Alpes. Une émission qui traite de la difficile cohabitation entre cyclistes et automobilistes à Lyon et qui fait le point sur l’économie du vélo en Auvergne-Rhône-Alpes où la filière des constructeurs et réparateurs de deux-roues est la plus importante de France. Elle montre aussi que le vélo fait une échappée belle en milieu rural, avec trois portraits insolites ou poétiques.